Les cours du pétrole ont encore lourdement chuté vendredi dans un marché déprimé par le refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de baisser sa production afin de réduire les excédents. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a perdu 1,11 dollar à 39,97 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir oscillé autour du seuil des 40 dollars pendant la plus grande partie de la séance. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a perdu 84 cents à 43,00 sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché n'a pas très bien pris l'annonce de l'Opep, qui semble vraiment être en plein désarroi avec (la division parmi) ses membres, et a fait le choix le plus facile de ne rien faire et d'attendre de voir si les choses s'améliorent, a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé lors de sa réunion semestrielle à Vienne de maintenir inchangé son niveau actuel sa production de pétrole. Nous avons pris connaissance du niveau actuel de production, qui se situe au-dessus des 30 millions de barils qui ont été approuvés, et avons décidé que réduire ce niveau n'allait pas avoir beaucoup d'effet sur le marché, a argumenté le ministre nigérian du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu, qui préside l'Organisation cette année. De toute évidence, l'Opep ne va recevoir aucune aide des pays hors Opep pour réduire la production, et même à l'intérieur de l'Opep, certains membres veulent continuer à augmenter la production, et l'Iran compte sur les autres pays membres de faire de la place pour le retour de son pétrole sur le marché, a décrypté M. Lipow. James Williams, chez WTRG Economics, a souligné que les pays de l'Opep ne semblent pas compter sur un accord au printemps puisqu'ils ont programmé leur prochaine réunion pour le 2 juin 2016. A ce stade ils auront une meilleure évaluation de la production iranienne, des dégâts causés dans la production de pétrole de schiste (aux Etats- Unis) et du nombre de projets en mer ou dans les sables bitumineux qui auront été retardés ou annulés. Dans ce contexte, l'annonce d'une nouvelle nette baisse du nombre de puits en activité aux Etats-Unis est passée presque inaperçue. Selon la société de services pétroliers Baker Hughes, il n'y avait plus que 545 puits de pétrole en activité vendredi, soit 10 de moins qu'une semaine plus tôt et 66% de moins qu'en octobre 2014. PLANCHERS EN VUE Ce que l'Opep espère, c'est que le déclin du nombre de puits va finir par se ressentir sur la production nord-américaine et ramener l'offre et la demande mondiales dans une meilleure situation, a estimé M. Lipow. C'est la deuxième fois cette semaine que le baril de WTI finit sous les 40 dollars. Il avait dégringolé mercredi après l'annonce d'une nouvelle hausse des stocks et de la production aux Etats-Unis. Selon M. Lipow, il pourrait renouer dès la semaine prochaine avec le plancher de 38,24 dollars atteint en août, voire l'enfoncer et retrouver des niveaux qu'on n'avait plus vus depuis la crise de 2008-09. De leur côté, les analystes de Barclays ont souligné que l'inaction de l'Opep ne freinerait pas forcément le rééquilibrage du marché. Ce sont les cours qui vont continuer à catalyser la croissance de la demande et le repli de l'offre hors-Opep à court terme pour réduire les excédents, ont-ils fait valoir. Selon eux, l'Opep n'importe que quand le reste de l'offre (mondiale) est inélastique, mais (le pétrole de) schiste réagit déjà beaucoup au (niveau des) cours, ce qui fait que le cartel a un rôle moins important en tant que mécanisme de rééquilibrage des cours. Siham S.