C'est dès aujourd'hui que les choses très sérieuses commencent dans le cadre de la Conférence de l'ONU sur le climat. Ainsi donc les ministres des quelque 195 pays participant aux négociations ont rendez-vous ce matin au Bourget pour plancher sur le texte de 48 pages élaboré depuis mardi dernier par les négociateurs. Les ministres devront donc trancher sur le fond parmi les nombreuses options encore présentes dans ce texte touffu. Il est important de signaler que les négociateurs ont abouti vendredi dernier à un accord universel d'une ambition inédite permettant de contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Ce projet donc évoque aussi bien l'objectif de 2°C que la question de la répartition des efforts entre les pays, les moyens à mettre en œuvre pour s'adapter au changement climatique ou la cruciale question des financements. Ainsi et lors de cette première étape franchie, dans le cadre du sommet mondial sur le climat, les délégués des 195 pays de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se sont finalement entendus sur une mouture d'une vingtaine de pages qui constitue la base du futur accord de Paris, censé limiter le réchauffement climatique. Le draft, adopté samedi matin, au cours de la clôture de la Journée de l'Action, présidée par François Hollande et le secrétaire des Nations unies, Ban Ki-moon, en présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, est un texte plus court et mieux structuré. Il avait été volumineux au départ (90 pages), englobant des compromis mais contient aussi des questions clés qui n'ont pas été tranchées, laissée au soin des autorités politiques, les ministres. La mouture présentée contient plus de 900 "crochets", c'est-à-dire autant de phrases ou d'expressions sur lesquelles les négociateurs n'ont pas trouvé de compromis. En clôturant la Journée de l'Action, le président François Hollande a lancé un appel pour "dépasser les intérêts des régions, des pays, les intérêts" qui sont, a-t-il expliqué, "ceux de nos niveaux de développement pour que nous puissions être à la hauteur de la planète dans son ensemble". "Je demande à ceux qui voudraient viser trop haut de faire attention de ne pas avoir raison tout seuls", a-t-il déclaré en direction des parties qui campent sur leurs positions, avertissant "ceux qui voudraient se contenter du minimum", de risquer "d'avoir le maximum de catastrophes".
Des efforts bien utiles Quant au ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, il a souligné à la presse que tous efforts déployés avant et pendant la conférence ont été "très utiles", parce qu'ils permettront, a-t-il expliqué, de "rapprocher les points de vue" afin d'aboutir à un accord "ambitieux" et "équitable". M. Lamamra précisé, en outre qu'il faudra, dès ce week-end, "envisager des compromis et des passerelles" pour arriver à un accord comme il est souhaité par l'ensemble des Parties contractantes. Aujourd'hui débute donc la deuxième phase des discussions, après une première semaine marquée par la présence de plus de 150 chefs d'Etats et de gouvernement en ouverture. Le plus dur commence. En dépit du fait que l'ébauche d'accord actuellement sur la table constitue un "progrès", il reste, tout de même, à approfondir et concrétiser. "Les positions des Etats sont encore très éloignées sur des points essentiels. Mais nous n'avons plus le temps pour un jeu de poker menteur. Dès leur arrivée à Paris les ministres vont devoir abattre leurs cartes", estime Célia Gautier du collectif d'ONG Réseau action climat. D'ailleurs, le financement de l'aide climatique aux pays du Sud par ceux du Nord et la question de la répartition des efforts entre pays développés, émergents et en développement ne sont pas les seuls points épineux. La question des "pertes et dommages", portant sur les aides qui pourraient être apportées à certains pays pour faire face aux impacts irréversibles du réchauffement, ou l'instauration de rendez-vous pour revoir les engagements sont également des sujets de tensions. La quasi-totalité des pays participant aux discussions ont publié leurs engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais ces engagements n'empêcheront pas le thermomètre mondial de grimper de quelque 3°C par rapport à l'époque pré-industrielle, selon différentes estimations. Or, les scientifiques redoutent qu'au-delà de 2°C l'adaptation soit impossible dans de nombreuses régions en raison de sécheresses, inondations accrues, baisse des rendements agricoles, érosion des côtes...
De la coordination de la délégation algérienne A noter que le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a présidé samedi dernier au Bourget à Paris une réunion de coordination des membres de la délégation algérienne à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21). Il a été question dans cette réunion d'une "façon approfondie", de tout ce qui s'est passé au cours des négociations au niveau des experts et hauts fonctionnaires, avec en projection en termes de position de l'Algérie et les positions des groupes de solidarité auxquels nous appartenons par rapport aux points clés de la négociation en attendant la semaine qui s'ouvre. M. Lamamra est arrivé samedi à Paris pour prendre part ce lundi aux travaux de la réunion de haut niveau des ministres des 195 pays qui devront examiner le rapport remis par les délégués des 195 pays, après une semaine de pourparlers.