COP21, des progressions ont été réalisées à Paris Une étape clé a été franchie samedi à la conférence de Paris sur le climat avec l'adoption par les représentants de 195 pays d'une ébauche de l'accord mondial attendu pour lutter contre l'emballement du réchauffement planétaire. Le texte de 48 pages qui a été transmis par les négociateurs contient encore de très nombreuses options entre crochets que les ministres des différents pays devront trancher à partir de lundi pour aboutir à l'adoption d'un pacte universel d'ici au 11 décembre. «Nous disposons d'une nouvelle base de négociations acceptée par tous (...) Il s'agit d'écrire la suite», a déclaré la négociatrice française Laurence Tubiana, devant les délégations réunies au Bourget, près de Paris. «Le travail n'est pas fini, des questions politiques majeures restent à trancher, il nous faudra toute notre énergie, intelligence, capacité de compromis, capacité de voir loin pour pouvoir arriver à notre résultat», a-t-elle souligné. «Nous sommes prêts à négocier aussi vite que possible sur la base de ce texte», a assuré l'ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko au nom du groupe G77 + Chine, qui regroupe 134 pays en développement et émergents. «Comme disait Nelson Mandela, ça a toujours l'air impossible jusqu'à ce que ça soit fait», a commenté a présidente de ce groupe qui joue un rôle clé dans les négociations. Aucun sujet de fond n'est tranché par le nouveau texte qui laisse encore ouvertes de nombreuses options, par exemple sur l'objectif à long terme de limitation du réchauffement - 1,5 degré, que réclament les petits Etats insulaires, ou 2 degrés. A la «mi-temps», les négociations «avancent clairement même si c'est difficile», avait estimé hier matin la Fondation Nicolas Hulot. Lors de la conférence de Copenhague, le grand rendez-vous climat manqué de 2009, «après la première semaine, on savait déjà que les choses étaient quasiment bloquées», avait ajouté le porte-parole de la Fondation, Matthieu Orphelin. Le financement de l'aide climatique aux pays du Sud, et la répartition des efforts pour lutter contre le changement climatique entre pays développés, émergents et en développement sont les points d'achoppement les plus durs et restent à régler par les ministres. Les pays du Sud veulent qu'il soit dit clairement que les 100 milliards de dollars par an promis d'ici 2020 pour les aider à s'adapter au réchauffement climatique ne soient qu'un point de départ. Pour leur part, les pays du Nord ne veulent plus être les seuls à mettre la main au porte-monnaie, ce qui suscite une levée de bouclier des pays en développement qui demandent d'abord aux pays riches de remplir leurs engagements. La quasi-totalité des pays présents à la COP21 ont présenté les mesures qu'ils entendent prendre contre le changement climatique. Or, même à un rythme moins soutenu, les émissions de gaz à effet de serre vont continuer de progresser, plaçant le monde sur une trajectoire d'un réchauffement de +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle, quand l'objectif est de le limiter à 2°C. Au-delà, les scientifiques promettent des impacts irréversibles: sécheresses, inondations accrues, baisse des rendements agricoles, érosion des côtes...Un des objectifs de l'accord de Paris est donc de bâtir un mécanisme de révision de ces engagements - très probablement tout les cinq ans - pour bloquer la hausse du mercure au niveau souhaité. «La science nous dit que nous avons seulement une petite fenêtre d'action», a averti hier la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres. D'après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Humanité ne peut plus émettre que 1000 gigatonnes de CO2 pour rester à +2°C: c'est son «budget carbone». Avec les engagements actuels des pays, 72 à 75% de ce «budget» auront été consommés en 2030.