Les Libyens achèvent l'année 2015 avec la signature d'un accord politique sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, fruit d'un long processus de dialogue sous l'égide des Nations unies, devant mettre fin à la crise politique et sécuritaire dans laquelle sombre le pays depuis 2011. L'accord politique pour une issue pacifique à la crise en Libye a été signé le 17 décembre dernier sous l'égide des Nations Unies par les parties au dialogue inter libyen amorcé en mars 2015, à Alger. L'accord prévoit la mise en place d'un gouvernement d'union nationale et d'un conseil présidentiel, au début d'une période de transition de deux ans qui devra s'achever par des élections législatives. Le document a été signé par l'ensemble des parties libyennes dont le parlement reconnu par la communauté internationale, basé à Tobrouk dans l'est de la Libye, et le Conseil national général (CNG) à Tripoli, des indépendants, des représentants de partis politiques ainsi que par des représentants de la société civile et des communes. Afin de surmonter la rivalité entre les deux Parlements rivaux en désaccord depuis l'été 2014, l'ONU propose de répartir le législatif entre les deux. Celui de Tobrouk deviendrait une Chambre des représentants, celui de Tripoli un Conseil d'Etat. L'exécutif serait confié à un conseil présidentiel de neuf ministres et toutes ces institutions devraient siéger dans la capitale Tripoli. La signature de l'accord intervient quelques semaines après l'arrivée de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, l'Allemand Martin Kobler, qui poursuit les efforts de son prédécesseur l'Espagnol Bernardino Leon pour l'aboutissement du dialogue politique inter-libyen. Exprimée à plusieurs occasions depuis la dégradation de la situation politique et sécuritaire en Libye, la position de l'Algérie renforcée à travers sa coopération avec les Nations unies, se résume à amener les acteurs politiques libyens à ouvrir des discussions politiques. "UN PAS FONDAMENTAL" Le rendez-vous d'Alger en mars dernier avait constitué "un pas fondamental" dans la construction de la paix en Libye. En effet, c'était la première fois que les représentants de différentes tendances se mettent autour d'une table afin de travailler ensemble pour approfondir et échanger des idées. En effet, le dialogue amorcé à Alger avait permis l'intensification des efforts diplomatiques dans le cadre de la médiation onusienne pour amener les parties libyennes à se regrouper autour de la table des négociations. La position constante de l'Algérie a pesé de tout son poids dans l'aboutissement d'un tel accord. Elle a de tout temps appelé au règlement de cette crise à travers la solution politique, fondée sur "le respect des principes de la souveraineté , de la non ingérence, de l'intégrité territoriale, de l'unité nationale de la Libye et de la cohésion de son peuple, devant conduire à l'urgence de la mise en place du gouvernement d'union nationale, basé à Tripoli pour combler le vide institutionnel en Libye". Exprimée à plusieurs occasions depuis la dégradation de la situation politique et sécuritaire en Libye, la position de l'Algérie a été saluée par les parties libyennes. Depuis la chute de l'ancien régime de Maamar El Gueddafi fin 2011, la Libye est plongée dans le chaos. Deux autorités politiques se disputent le pouvoir, l'une basée à Tripoli et l'autre, la seule reconnue par la communauté internationale, basée à Tobrouk dans l'est du pays. Les autorités qui ont succ édé à l'ancien régime peinent à désarmer les milices qui lui étaient opposées. D'année en année, enhardies par la faiblesse des autorités, ces milices sont devenues puissantes, se battant entre elles pour le contrôle de territoires. Des zones du pays sont en outre contrôlées par des milices liées à des clans. Ces affrontements dans plusieurs régions du pays ont eu pour effet l'apparition de groupes extrémistes, dont le groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) qui a pris en juin le contrôle de Syrte (450 km à l'est de la capitale) et veut désormais s'étendre vers l'est, une région riche en gisements d'hydrocarbures et où sont situés les principaux terminaux pétroliers. A ces divisions politiques et violences, viennent se greffer des difficulités économiques. La Libye qui dispose des réserves pétrolières les plus importantes d'Afrique, estimées à 48 milliards de barils, a vu ses exportations, estimées à 1,2 million b/j en 2011, chuter à 400.000 b/j. Dans ce contexte, plus de 2 millions de personnes dont 435.000 réfugiés ont besoin d'une aide humanitaire urgente en Libye, selon un plan d'action humanitaire des Nations unies pour la Libye.