Au moins 26 personnes ont été tuées et des dizaines blessées mardi lorsqu'un kamikaze taliban portant une bombe a foncé en moto sur les bureaux d'un organisme gouvernemental à Mardan, dans le nord-ouest du Pakistan, ont indiqué des responsables. Cet attentat montre que les talibans pakistanais ont toujours la capacité de mener des attaques d'ampleur en dépit d'une offensive militaire majeure en cours contre leurs fiefs, qui a entamé leur capacité d'action selon les experts. Le kamikaze a foncé sur la grille de l'Autorité nationale de gestion des papiers d'identité (Nadra), organisme qui délivre la carte d'identité pakistanaise, a précisé Faisal Shahzad, officier de police en charge du district de Mardan. Selon lui, il visait la file d'attente comptant plus de 400 personnes au moment de l'attaque. Au moins 26 personnes ont été tuées et plus de 50 ont été blessées, a indiqué un responsable provincial, Mushtaq Ghani, ajoutant que l'état de 11 d'entre eux est critique. Certains ont été évacués vers un hôpital de Peshawar pour y être soignés. La télévision a diffusé des images montrant un mur effondré et des débris métalliques éparpillés sur la route. J'étais en train de faire la queue pour renouveler ma carte d'identité lorsque j'ai entendu quelqu'un hurler Allah Akbar (Dieu est grand), puis j'ai été projeté par terre, décrit Nasir Khan, un ouvrier de 29 ans. Quand la poussière est retombée et que je me suis levé, c'était comme si quelqu'un avait massacré tous les gens dans la queue, à la place des personnes qui patientaient il y avait du sang et de la chair, décrit l'homme, lui-même blessé à la jambe droite. Une branche du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement taliban pakistanais, a revendiqué l'attentat. Jamaat-ul-Ahrar revendique l'attaque contre les locaux de la Nadra à Mardan, a indiqué dans un communiqué transmis par email le porte-parole de cette faction dure du TTP, promettant de continuer à s'en prendre aux institutions de l'Etat pakistanais qui participent directement ou indirectement à cette guerre. Le Pakistan mène actuellement une offensive contre les talibans et autres groupes armés dans le nord-ouest du pays, le long de sa frontière avec l'Afghanistan. Jamaat-ul-Ahrar a revendiqué des dizaines d'attaques au Pakistan, dont un double attentat suicide contre un meeting politique qui avait fait 16 morts en août, et un autre contre deux églises de Lahore en mars. L'armée pakistanaise fait face depuis plus d'une décennie à des islamistes armés, et plus de 27 000 civils et membres des forces de sécurité ont été tués par des attentats pendant cette période, selon l'observatoire South Asia Terrorism Portal. Mais le niveau des violences a baissé et 2015 pourrait être l'année la moins meurtrière depuis 2007, l'année où a émergé le mouvement taliban pakistanais. Des experts attribuent cette baisse aux opérations militaires menées depuis mi-2014 contre les talibans notamment au Waziristan du Nord et à Khyber, fiefs du mouvement dans les zones tribales semi-autonomes du nord-ouest, ainsi qu'à Karachi, principale ville du pays, dans le sud. En réaction à un massacre perpétré par les talibans en décembre 2014 dans une école de Peshawar, les autorités ont intensifié leur offensive, s'efforçant également d'assécher les sources de financement des extrémistes armés, et arrêtant des centaines de personnes pour incitation à la haine. Par ailleurs, dans la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays, un camion-citerne appartenant à des militaires a sauté sur une mine mardi, faisant un mort et deux blessés parmi les soldats, selon un porte-parole de l'armée. Toujours au Baloutchistan, un soldat a également été tué et un autre blessé dans l'explosion d'un engin artisanal au passage de leur véhicule dans la ville de Turbat, selon la même source.