Au moins 21 personnes ont été tuées et des dizaines blessées hier lorsqu'un kamikaze taliban portant une bombe a foncé en moto sur les bureaux d'un organisme gouvernemental à Mardan, dans le nord-ouest du Pakistan, ont indiqué des responsables. Cet attentat montre que les talibans pakistanais ont toujours la capacité de mener des attaques d'ampleur en dépit d'une offensive militaire majeure en cours contre leurs fiefs, qui a entamé leur capacité d'action selon les experts. Le kamikaze a foncé sur la grille de l'Autorité nationale de gestion des papiers d'identité (Nadra), organisme qui délivre la carte d'identité pakistanaise, a précisé Faisal Shahzad, officier de police en charge du district de Mardan. Selon lui, il visait la file d'attente comptant plus de 400 personnes au moment de l'attaque. Un médecin de l'hôpital public local, Ali Khan, a confirmé que 21 personnes avaient été tuées, précisant que 56 autres étaient blessées dont 20 très grièvement. La télévision a diffusé des images montrant un mur effondré et des débris métalliques éparpillés sur la route. Une branche du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement taliban pakistanais, a revendiqué l'attentat. "Jamaat-ul-Ahrar revendique l'attaque contre les locaux de la Nadra à Mardan", a indiqué dans un communiqué transmis par courrier électronique le porte-parole de cette faction dure du TTP, promettant de continuer à s'en prendre aux institutions de l'Etat pakistanais "qui participent directement ou indirectement à cette guerre". Le Pakistan mène actuellement une offensive contre les talibans et autres groupes armés dans le nord-ouest du pays, le long de sa frontière avec l'Afghanistan. Jamaat-ul-Ahrar a revendiqué des dizaines d'attaques au Pakistan, dont un double attentat suicide contre un meeting politique qui avait fait 16 morts en août, et un autre contre deux églises de Lahore en mars. L'armée pakistanaise fait face depuis plus d'une décennie à des islamistes armés, et plus de 27 000 civils et membres des forces de sécurité ont été tués par des attentats pendant cette période, selon l'observatoire South Asia Terrorism Portal. Mais le niveau des violences a baissé et 2015 pourrait être l'année la moins meurtrière depuis 2007, l'année où a émergé le mouvement taliban pakistanais. Des experts attribuent cette baisse aux opérations militaires menées depuis mi-2014 contre les talibans notamment au Waziristan du Nord et à Khyber, fiefs du mouvement dans les zones tribales semi-autonomes du nord-ouest, ainsi qu'à Karachi, principale ville du pays, dans le Sud. En réaction à un massacre perpétré par les talibans en décembre 2014 dans une école de Peshawar, les autorités ont intensifié leur offensive, s'efforçant également d'assécher les sources de financement des extrémistes armés, et arrêtant des centaines de personnes pour incitation à la haine. R. I./Agences