Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov a averti que l'année 2016 s'annonçait difficile pour l'économie russe, déjà en récession, vu l'ampleur prise récemment par la chute des cours du pétrole, forçant Moscou à des mesures d'économie et de privatisations. Un an après avoir subi sa pire chute en 15 ans, le rouble a de nouveau connu un mois de décembre noir, tombant mercredi, dernier jour de cotation de l'année, à son plus bas niveau de l'année face au dollar, reflétant la fragilité de la situation. "L'année prochaine ne sera pas simple", a reconnu M. Silouanov à la télévision publique russe. "Les dernières prévisions montrent que les prix de nos principales exportations pourraient être plus bas que prévu", a-t-il expliqué. La Russie tire plus de la moitié de ses revenus budgétaires de ses exportations des hydrocarbures. Ses prévisions économiques pour 2016 ont été bâties sur un baril à 50 dollars, contre autour de 37 dollars mercredi à Londres. M. Silouanov a estimé que le baril pourrait rester autour de 40 dollars en moyenne l'année prochaine et que des mesures de "consolidation des dépenses" et "privatisations" étaient prêtes à être intégrées au budget début 2016. L'objectif fixé par le président Vladimir Poutine est de maintenir le déficit à 3% du PIB l'an prochain contre 2,8% à 2,9% cette année, selon M. Silouanov. L'effondrement du marché pétrolier, ajouté aux sanctions liées à la crise ukrainienne, a plongé la Russie dans une profonde récession. Face à la crise, le gouvernement a procédé à d'importantes réductions d'effectifs dans l'administration ou le secteur de la santé pour consacrer ses efforts sur le soutien des secteurs en difficulté (banques, construction, automobile...). Le gouvernement prévoit pour l'instant un rebond de 0,7% du PIB l'année prochaine après une chute estimée à 3,7% cette année. Mais la banque centrale estime que si les cours du pétrole restent à 40 dollars toute l'année prochaine, le PIB chutera de plus de 2% et le président Vladimir Poutine a prévenu qu'il fallait se préparer à "tous les scénarios".
L'inflation annuelle grimpe à 12,9% L'inflation annuelle en Russie a atteint 12,9% en 2015, dépassant les objectifs du gouvernement, selon des statistiques publiées jeudi, alors qu'un embargo russe sur certains produits ukrainiens et turcs, entré en vigueur vendredi, risque de pousser encore les prix vers le haut. Le taux annuel d'inflation a grimpé à 12,9% en 2015 contre 11,4% l'année dernière, a indiqué le service fédéral des statistiques Rosstat. Le gouvernement avait fixé comme objectif une inflation à 12,2% en 2015. Sur le mois de décembre, les prix à la consommation ont augmenté de 0,8%, comme en novembre. L'inflation s'est envolée fin 2014 et a continué de progresser en 2015 en raison de la chute de la monnaie russe, plombée par la baisse des cours du pétrole et les sanctions occidentales contre Moscou liées à la crise ukrainienne. Les prix ont également pâti de l'embargo alimentaire imposé par Moscou sur certains produits des pays occidentaux et devraient continuer à augmenter avec l'entrée en vigueur vendredi de deux nouveaux embargos russes, cette fois contre des produits alimentaires d'Ukraine et de Turquie. La monnaie rouble restait orientée à la baisse jeudi, l'euro se maintenant au-delà du seuil symbolique des 80 roubles et le dollar s'affichant à 72,9 roubles, son plus haut niveau depuis un an. Plongée dans une profonde récession, la Russie voit ses espoirs d'une reprise économique rapide mis en péril par la rechute actuelle du baril de pétrole. Le gouvernement prévoit pour l'instant un rebond de 0,7% du PIB en 2016, après une chute estimée à 3,7% cette année, mais la banque centrale estime que si les cours du pétrole restent à 40 dollars toute l'année prochaine, le PIB chutera de plus de 2%.