L'administration américaine devait publier hier les chiffres officiels de l'emploi pour décembre qui devraient rester vigoureux et peut-être même dépasser les attentes des analystes. Le rapport sur l'emploi publié hier devait annoncer que l'économie américaine a créé 200 000 nouveaux emplois en décembre, tout en laissant le taux de chômage inchangé à 5%, son plus bas niveau en sept ans, selon la prévision médiane des analystes. En novembre, les créations d'emplois avaient atteint 211 000 dépassant les projections et ouvrant la porte à une hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale, la première en presque dix ans. Si l'on en croit la performance du secteur privé qui a embauché plus que prévu en décembre, les chiffres officiels de créations d'emplois pourraient même être plus robustes que prévu. Selon l'étude ADP publiée mercredi, qui recense les créations d'emplois dans le seul secteur privé, les entreprises américaines ont créé 257 000 nouveaux postes le mois dernier, le plus haut niveau depuis un an. Fait notable, la production de biens est revenue dans le vert, le seul secteur à détruire des emplois n'étant plus que celui de l'énergie. Le secteur du bâtiment, aidé par un temps clément dans l'est du pays, a fortement contribué au redressement des embauches dans le secteur de la production de biens, tandis que le secteur des services, toujours leader, s'est montré très dynamique avec 234 000 nouveaux postes, au plus haut en 13 mois.
Avec l'aide du climat "Les conditions météorologiques ont été plus chaudes qu'à l'ordinaire ces derniers mois, dopant probablement l'activité économique", soulignaient les experts de Nomura dans une note. Dans l'ensemble, la moyenne de la croissance mensuelle des emplois dans le secteur privé l'année dernière se situe juste en dessous de 200 000 contre 240 000 pour 2014. Certains analystes tempèrent toutefois l'optimisme de l'étude ADP, estimant comme Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics, que ses chiffres ne sont généralement "pas un indicateur avancé fiable des données officielles". Pour Mark Zandi, chef économiste de Moody's Analytics qui compile les données du spécialiste des fiches de paie ADP, "la vive croissance des emplois ne montre pas de signe d'affaiblissement". "Si ce rythme de créations d'emplois se maintient, ce qui est probable, l'économie atteindra le plein-emploi au milieu de l'année", assure-t-il. La Réserve fédérale (Fed) prévoit qu'en 2016, le taux de chômage descendra à 4,7%. Mais cette mesure du chômage ne rend pas compte du nombre record d'emplois précaires et à temps partiel dans l'économie américaine (6,1 millions), ni du fait que le taux d'activité de la population est au plus bas depuis trois décennies. Cet affaiblissement du nombre de ceux qui travaillent ou cherchent activement un emploi reflète à la fois un vieillissement de la population, mais aussi, selon les experts, un manque de formation, voire un découragement des demandeurs d'emplois. De solides embauches en décembre pourraient en tout cas confirmer les projections de la banque centrale qui mise sur de nouvelles hausses modestes des taux d'intérêt au cours de l'année, au rythme de trois ou quatre. "On n'en sait pas assez aujourd'hui pour dire combien il y en aura", a affirmé mercredi le numéro de la Fed, Stanley Fischer tout en admettant que le chiffre de trois ou quatre hausses "était dans la fourchette". Il a assuré que la politique monétaire de la Fed resterait accommodante tant que l'inflation resterait sous les 2%. La hausse des prix est pour l'instant de 0,4% sur un an, selon l'indice PCE, baromètre favori de la Fed, mais sans les prix du pétrole et de l'alimentation, elle atteint 1,3%. Quant aux inquiétudes des marchés sur le ralentissement chinois, elles ne semblent pas ébranler les responsables de la Fed pour l'instant. Pour Loretta Mester, présidente de l'antenne régionale de la Fed de Cleveland et membre votant du Comité monétaire cette année, la volatilité des marchés boursiers n'est "pas inquiétante". L'expansion américaine "est sur des bases solides", a assuré Mme Mester qui mise sur une croissance d'au moins 2,5% en 2016 après 2,1% en 2015, selon une estimation provisoire.