Les syndicats CGT et CFE-CGC du pôle énergie d'Alstom ont dénoncé mercredi un plan de licenciements boursiers après l'annonce par General Electric de milliers de suppressions de postes dans le monde, moins de trois mois après le rachat de ces activités par le groupe américain. Selon deux responsables syndicaux, le groupe prévoit au total 10 000 suppressions de postes dans le monde, dont environ 6.500 en Europe (830 en France). Le groupe, qui ne confirme pas les 10 000 suppressions à l'échelle mondiale, a de son côté indiqué que les suppressions se feraient essentiellement par départs volontaires et concernaient 765 personnes en France. On a vraiment l'impression que c'est un plan de licenciements boursiers, qu'il faut trouver trois milliards de dollars d'économies et que du coup ça se décline en 10 000 suppressions de postes à faire d'ici à fin 2017, a déclaré Arnaud Séjourné (CFE-CGC). Pour Laurent Santoire (CGT), ce plan de licenciements boursiers ne vise qu'à augmenter la valeur de l'action General Electric. Il marque la première étape du démantèlement des activités Alstom énergie en France et en Europe, affirme le syndicaliste, persuadé qu'il s'agit de toiletter la mariée avant de revendre les activités qui n'atteindront pas une rentabilité de 16%. Cela nous pendait au nez, a réagi Pascal Gentelet (CFDT), évoquant un gâchis. Le gouvernement français n'a pas verrouillé le devenir d'Alstom et donc le devenir de la filière énergétique, accuse la CGT. Est-ce qu'il est pertinent qu'un groupe aussi riche qui dit s'engager dans l'industrie, ait comme seul acte un plan de restructuration ? Où est le plan d'investissement' demande M. Santoire. La promesse de créer 1 000 emplois nets en France sur trois ans, réaffirmée mercredi par GE, n'est a priori pas impactée, selon M. Séjourné (CFE-CGC). La CGT doute, elle, que l'engagement sera tenu et fustige un habillage de créations via de l'internalisation de sous-traitance et du rapatriement d'activités d'autres pays européens. Parmi les implantations touchées figure le site de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où 418 postes seront supprimés, notamment dans les activités nucléaires et le management, a précisé Dominique Jeannenot (CFE-CGC). Quant au site industriel d'Alstom Boiler à Massy (Essonne) - 113 salariés - , il va fermer pour être transféré en Angleterre, a-t-il ajouté. Grid (solutions de transmission d'électricité) n'est pas impacté aujourd'hui, a observé Pascal Gentelet (CFDT), qui craint' qu'il puisse l'être à l'avenir. Selon la CGT, les organisations syndicales réunies mardi en Comité de groupe européen ont saisi collectivement le syndicat européen Industriall.
Alstom confirme ses objectifs pour 2015/2016 Le groupe français Alstom, recentré sur les transports depuis le rachat de ses activités énergie par General Electrics, a confirmé ses objectifs pour 2015/2016, et annoncé un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros au troisième trimestre, en hausse de 7%. Sur les neuf premiers mois de cet exercice décalé, le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 8%, et de 3% à périmètre et taux de change constants, à 4,9 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires des neufs mois est en baisse de 5,5% en Europe (3,08 milliards d'euros), mais en croissance de 32,4% sur le continent américain (723 millions d'euros), de 67,3% en Asie/Pacifique (507 millions d'euros) et de 36,1% en Afrique/Moyen-Orient (599 millions). La croissance devrait se poursuivre à un même rythme sur cette fin d'exercice, a déclaré le P-DG d'Alstom, Patrick Kron, dans un communiqué de presse publié. Pour le moyen terme, le chiffre d'affaires est attendu en croissance de plus de 5% par an à périmètre et taux de change constants, et la marge opérationnelle devrait s'améliorer graduellement dans la fourchette de 5 à 7%, détaille le groupe. La finalisation de l'acquisition du pôle énergie d'Alstom par GE pour un montant de 9,7 milliards d'euros, signant le recentrage du groupe français sur les transports, a été signée le 2 novembre. Alstom a utilisé une partie du produit de cession pour acquérir les activités de signalisation ferroviaire de General Electric et investir avec l'américain dans trois co-entreprises dans les réseaux électriques, les énergies renouvelables et les turbines nucléaires dans le monde et à vapeur en France. Environ 3,2 milliards d'euros sous forme de rachat d'actions doivent être distribués aux actionnaires, conformément à une décision approuvée à une majorité de 99,93% lors de l'assemblée générale du 18 décembre. Le P-DG d'Alstom, Patrick Kron, doit démissionner après la finalisation de cette offre de rachat, pour confier la responsabilité du nouvel Alstom à Henri Poupart-Lafarge, actuel patron d'Alstom Transport. Fin décembre, Alstom avait annoncé débourser 54 millions d'euros pour monter à 33% sa participation dans Transmacholding (TMH), numéro un russe de la construction ferroviaire, dont il détenait 25% jusqu'ici. De son côté, General Electric a annoncé mercredi un plan de restructuration des activités énergétiques qu'il vient de racheter au français Alstom, qui pourrait concerner 6 500 emplois sur 35 000 en Europe, où le secteur est déprimé, et notamment en France où il s'est pourtant engagé à créer 1 000 emplois nets.
GE déménage son siège à Boston Le conglomérat industriel américain General Electric (GE) a annoncé avoir décidé de déplacer son siège à Boston, dans le Massachusetts (nord-est des Etats-Unis). GE aspire à être l'entreprise la plus concurrentielle au monde et nous voulons être au centre d'un écosystème qui partage nos aspirations, fait valoir le P-DG du groupe, Jeff Immelt, cité dans le communiqué. Le grand Boston abrite 55 institutions universitaires. Le Massachusetts dépense plus en recherche-développement que n'importe quelle autre région du monde, et Boston attire une main-d'oeuvre qui s'y connaît en technologies et centrée sur la résolution des problèmes du monde, énumère-t-il. Les médias américains évoquent aussi des raisons fiscales, et notamment une hausse des taxes sur les sociétés décidée en milieu d'année dernière par l'Etat voisin du Connecticut, où GE avait son siège à Fairfield depuis plus de 40 ans. GE précise dans son communiqué réfléchir à la localisation de son siège depuis plus de trois ans, et avoir lancé en juin 2015 un examen formel dans le cadre duquel il a regardé 40 endroits potentiels. Boston a été choisi après une évaluation attentive de l'écosystème pour les affaires, des talents, des coûts à long terme, de la qualité de vie pour les salariés, des connexions avec le monde et de la proximité avec d'autres activités importantes de l'entreprise, ajoute-t-il. Il rappelle employer déjà près de 5.000 personnes dans le Massachusetts, en particulier dans ses branches d'aviation et d'énergie. GE assure que le coût du déménagement n'aura pas d'impact financier important pour lui. Il évoque notamment des aides de la ville de Boston et de l'Etat du Massachusetts, et sa décision de vendre ses bureaux à Fairfield et à New York. Environ 800 personnes seront basées au siège de Boston. Le déménagement se fera par étapes: les salariés commenceront à être relocalisés vers des bureaux provisoires à Boston à partir de cet été, et le déménagement dans les nouveaux locaux dans le Seaport District sera terminé d'ici à 2018.