Bank of America et Morgan Stanley ont préservé leur rentabilité en 2015, grâce à une cure d'austérité leur ayant permis de contenir le ralentissement mondial et les turbulences sur les marchés affectant particulièrement le courtage. Suppressions d'emplois, baisse des bonus et réorganisation des activités de spéculatives: les deux banques ont adopté quasiment les mêmes recettes dans un environnement économique volatil et de plongeon des prix du pétrole. Deuxième banque américaine en termes d'actifs, Bank of America (BofA) semble avoir définitivement tourné la douloureuse page de la crise financière, en enregistrant un bénéfice annuel de 14,41 milliards de dollars, un plus haut depuis près d'une décennie, a tenu à souligner le P-DG Brian Moynihan. Le chiffre d'affaires a reculé de 2,07% à 82,51 milliards de dollars, reflétant la difficulté actuelle des grandes banques à faire croître leur activité. Au quatrième trimestre, la banque de Charlotte (Caroline du nord) a dépassé les attentes, avec un bénéfice net de 3,07 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 19,53 milliards (+4,3%). M. Moynihan a souligné que 2015 avait été marquée par la bonne tenue de la consommation aux Etats-Unis: croissance des crédits accordés aux particuliers, une hausse des dépôts et une maîtrise des coûts. BofA, qui allège son réseau d'agences et réduit la taille de ses activités de marché, a supprimé 5% de ses effectifs au quatrième trimestre, en licenciant des traders. La facture juridique a fondu alors qu'elle avait été colossale en 2014, en raison d'une amende record de près de 17 milliards de dollars pour des crédits immobiliers toxiques (subprime) dont l'effondrement avait ruiné des ménages et causé des pertes abyssales à des investisseurs.
Interrogations sur le courtage Morgan Stanley s'est appliquée une cure d'amaigrissement tout aussi stricte. Elle a complètement restructuré ses activités de courtage en supprimant 1.200 emplois dont un quart des courtiers en obligations, bons du Trésor, taux de devises et matières premières (FICC). En dépit des indemnités de licenciement d'un montant total de 150 millions de dollars, la banque d'affaires new-yorkaise a réussi à réduire ses coûts de 10% sur l'ensemble de l'année. L'enveloppe des rémunérations n'a finalement représenté que 46% de son chiffre d'affaires (35,16 milliards de dollars, +2,6%) contre 52% en 2014. Le bénéfice net annuel s'est élevé à 6,13 milliards de dollars, en hausse de 77% sur un an. Mais la bonne surprise est venue du quatrième trimestre au cours duquel Morgan Stanley est repassée dans le vert, en gagnant 908 millions de dollars, contre une perte de 1,63 milliard de dollars à la même période un an plus tôt. Les revenus trimestriels se sont stabilisés à 7,74 milliards de dollars. Autres bonnes nouvelles: les commissions générées par le conseil financier aux entreprises, une des forces de Morgan Stanley, ont bondi et la gestion de fortune, priorité du P-DG James Gorman, est solide. Le courtage demeure toutefois un casse-tête et les choses ne vont pas beaucoup s'arranger au vu des turbulences ayant secoué les marchés financiers depuis le début de l'année, a prévenu mardi Morgan Stanley. Au quatrième trimestre, les revenus issus du FICC (revenus fixes) ont baissé de 8%, tombant à 550 millions de dollars, un des plus bas niveaux depuis la crise de 2008. Le FICC pâtit d'une stricte régulation et de la chute des taux longs et des produits dérivés de crédits. A l'inverse, le courtage des émissions et titres de participations a enregistré une hausse de 12,5% de ses revenus à 1,8 milliard de dollars. Pour 2016, Morgan Stanley comme BofA ont promis des réductions de coûts supplémentaires. La première s'est notamment engagée à économiser un milliard de dollars en plus. BofA, qui se repose beaucoup sur les ménages américains, espère profiter de la hausse du taux directeur de la banque centrale (Fed) qui devrait rendre attractif le loyer de l'argent qu'elle prête, a affirmé le directeur financier Paul Donofrio, qui a par ailleurs minimisé l'exposition de BofA au secteur énergétique. Celle-ci est à ce jour de 21,3 milliards de dollars, soit 2% du portefeuille total de prêts de la banque, a-t-il affirmé à des journalistes mardi. A Wall Street, BofA gagnait 0,21% à 144,48 dollars et Morgan Stanley 1,85% à 26,45 dollars dans les premiers échanges.