Convié, hier, à l'émission L'Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, M. Lotfi Benbahmed, président du Conseil de l'Ordre des pharmaciens, a alerté que des réseaux "mafieux", versés dans l'importation frauduleuse' de médicaments, n'ayant généralement "aucune utilité thérapeutique", agissent actuellement en Algérie. L'invité a indiqué que des produits pharmaceutiques, "illégalement importés", sont vendus sans vignette par certaines pharmaciens, rappelant que les sanctions "sévères" sont prévues par la réglementation pour les auteurs de ce genre d'infractions. Tout en soulignant que cette activité informelle, pouvant avoir de "graves conséquences" sur la santé des malades, est entretenue avec la complicité de pharmaciens indélicats. Des produits pharmaceutiques "sont illégalement importés par des réseaux et sont distribués dans des pharmacies à travers le territoire", a déclaré M. Benbahmed à la radio nationale, estimant que "c'est très grave" d'en arriver à ce degré dans les pratiques frauduleuses qui "menacent la santé publique". Des inspections "commencent à être diligentées sur le terrain" pour faire le constat des infractions et des sanctions très lourdes seront prises à l'égard des contrevenants", a-t-il souligné, rappelant que la législation en vigueur prévoit des sanctions allant de 2 à 5 ans de prison et des amendes oscillant de 5 à 10 millions de dinars. Le responsable, qui a relevé qu'une quinzaine à une vingtaine de médicaments, qui peuvent être contrefais, sont importés de manière frauduleuse, a invité les citoyens à "signaler tout médicament ne portant pas une vignette". S'exprimant à propos du marché du médicament dans le pays, qu'il estime à 2,8 milliards de dollars/an, l'intervenant signale que 45% de la production est réalisée localement, relevant, toutefois, que certain industriels ont tendance à fabriquer les mêmes traitements. Pour le Dr Benbahmed, il devient impératif de donner corps à un Plan national de production du médicament, intégrant les divers aspects de formation, d'élaboration des traitements et leur fabrication, pouvant servir de levier de croissance économique. Assurant que la nomenclature des médicaments répond présentement aux besoins thérapeutiques exprimés, l'invité contredit, d'autre part, la présence de pénurie, assurant qu'il s'agit en réalité de plus de ruptures momentanées. Le même responsable a relevé aussi la "prolifération" des herboristes qui se sont transformés, a-t-il ajouté, en "véritables officines de pharmacie pour vendre des produits dangereux pour la santé publique". Ces herboristes créent des formules de médicaments "qui peuvent s'avérer dangereuses" pour la santé des patients, a-t-il indiqué, appelant à mettre fin à l'anarchie de cette activité. S'agissant de la production nationale du médicament, il a déclaré que celle-ci couvre 45% des besoins, plaidant, dans ce sens, pour "un véritable plan national du médicament conçu dans une logique d'intersectorialité", tout en se félicitant de la baisse de la facture d'importation du médicament.