La Bourse de New York, très influencée ces derniers jours par le marché du pétrole, risque de le rester la semaine prochaine, même si les investisseurs auront d'autres sujets de préoccupations, des chiffres de l'emploi à la présidentielle américaine. Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 1,51% à 16 639,97 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,91% à 4 590,47 points. Jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a avancé de 1,58% à 1 948,05 points. "C'était une séance plutôt tranquille pendant laquelle ce sont surtout les chiffres du produit intérieur brut (PIB) qui ont retenu l'attention", a résumé Alan Skrainka, de Cornerstone Wealth Management. "Il est difficile de trouver une explication [à cette progression] dans les bénéfices d'entreprises, ou dans les statistiques économiques, [pour lesquelles] il est difficile de se réjouir. Le seul facteur, c'est le pétrole", a souligné Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors. "La reprise des cours [de l'or noir] cette semaine, cela a été une bouffée d'air frais, venue atténuer un peu les craintes de récession", a-t-il ajouté. La crise du secteur "a un impact très mauvais sur une série de pays", y compris des partenaires majeurs des Etats-Unis comme le Canada et le Mexique, ainsi que certains Etats américains et "cela se répercute dans les chiffres des investissements", vu que toutes les entreprises du secteur sont en train de réduire leurs dépenses, ainsi que leurs effectifs, a noté M. Johnson. "Est-ce que [la crise du secteur] va contaminer le reste de l'économie?", s'inquiète-t-il. "Si le pétrole rebondit, ça soulage les valeurs financières", essentielles pour la santé du marché, a noté pour sa part Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. En effet, "tout le monde se demandait pourquoi il y avait une telle corrélation [entre la Bourse et le pétrole], et cette semaine on a eu sous les yeux la réponse quand (la banque) JPMorgan Chase a annoncé une provision pour défauts de paiement, qui contredit totalement le discours qu'elle tenait il y a encore un mois", a dit M. Volokhine. JPMorgan a en effet annoncé mardi avoir mis de côté 600 millions de dollars supplémentaires pour couvrir de possibles pertes liées à ses prêts dans le secteur minier et pétrolier, qui pourrait être portée à 2,8 milliards de dollars en cas de scénario noir d'un baril de pétrole à 25 dollars pendant 18 mois. Durant les dernières séances, l'évolution du secteur financier du S&P500 a eu l'allure d'un décalque presque parfait de l'évolution des cours de l'or noir. EN ATTENDANT L'ORACLE D'OMAHA Toutefois les hésitations de Wall Street vendredi ont semblé indiquer un recentrage de l'attention des investisseurs sur les donn ées économiques américaines, avec une révision en hausse de la croissance de l'automne 2015. Mais ces chiffres que certains ont jugé en trompe l'oeil ont laissé Wall Street sans direction, et la semaine prochaine, après deux semaines consécutives de hausse, "il ne serait pas surprenant qu'on assiste à une stabilisation ou un tassement du marché", selon Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management. Une série d'indicateurs suivis de près, comme les indice ISM sur l'industrie et les services, mardi et vendredi, et surtout les chiffres mensuels sur l'emploi, vendredi, en passant par les ventes mensuelles des constructeurs automobiles mardi, pourrait doucher l'enthousiasme des investisseurs, estime M. Cahill. "Si les chiffres sont solides, cela poussera probablement à vendre", car les investisseurs y verront un encouragement pour que la Réserve fédérale continue à relever les taux d'intérêt cette année, craint M. Cahill. M. Volokhine en revanche estimait que les indicateurs seraient moins éclairants que le discours que devrait délivrer samedi l'investisseur Warren Buffett en annonçant les résultats annuels de sa holding Berkshire Hathaway. "Il donne toujours son avis sans langue de bois" et est très écouté, a-t-il noté. En outre la série d'élections primaires pré- vue mardi en vue de l'élection présidentielle pourrait trouver un écho à la Bourse: "avec l'élan pris par Donald Trump cela va être intéressant de voir qui vient en tête et peut-être que les marchés commenceront à s'intéresser à la politique", a dit M. Volokhine. La Bourse, qui rebondit depuis deux semaines après un très mauvais début d'année, est restée perplexe "dans un contexte d'incertitudes accrues concernant les hausses de taux de la Réserve fédérale (Fed)", ont jugé les experts de la maison de courtage Charles Schwab. Les investisseurs se demandent à quel rythme la banque centrale américaine, qui a relevé en décembre ses taux pour la première fois depuis 2006, va poursuivre cette année le retrait de son soutien à l'économie et de bons indicateurs semblent de nature à l'encourager en ce sens. BAIDU BONDIT Parmi les valeurs, le groupe agroalimentaire Kraft Heinz a pris 3,84% à 77,84 dollars après avoir annoncé qu'il avait quadrupl é son bénéfice net et plus que doublé ses ventes au dernier trimestre par rapport à la même époque de l'an dernier. Weight Watchers, connu pour son programme destiné à la perte de poids, s'est écroulé de 29,20% à 11,01 dollars après avoir fait état de comptes dans le rouge pour le dernier trimestre face à une nette baisse des abonnements. Le groupe internet chinois Baidu, qui a fait état de résultats trimestriels meilleurs que prévu grâce à ses activités mobiles, a bondi de 9,85% à 173,80 dollars sur sa cotation new-yorkaise. Comme toute la semaine, les résultats de la distribution ont animé Wall Street. La chaîne de magasins de vêtements J.C. Penney a ainsi avancé de 14,71% à 9,59 dollars en surprenant très agréablement les analystes après être parvenu à maintenir - sur un an - le niveau de ses ventes au dernier trimestre, même si elle a creusé sa perte nette. A l'inverse, dans le même secteur, Gap a cédé 1,34% à 27,23 dollars après avoir fait état d'une baisse trimestrielle de son chiffre d'affaires et de ses bénéfices, et déçu par ses prévisions pour 2016. Spécialisé dans les chaussures de sports, Foot Locker a perdu 4,31% à 64,14 dollars, sans convaincre par une progression de ses ventes et bénéfices au dernier trimestre.