Le président zimbabwéen Robert Mugabe traite par le mépris la création d'un nouveau parti par une de ses anciennes alliées. Celle-ci a osé défier le vieux dirigeant qui entend rester au pouvoir jusqu'à ses 100 ans. "Ils vont vivre dans la brousse, où sont voués à vivre les petites fourmis et autres insectes qui piquent", a dit le président. Il s'est expimé pour la première fois au sujet de la création, mardi, du parti Le peuple du Zimbabwe d'abord, par l'ex vice-présidente Joice Mujuru. "Certains pensent que nous avons peur. Non, nous n'avons pas peur", a-t-il dit, jeudi soir, lors d'une interview de deux heures à la télévision. Robert Mugabe, 92 ans et plus vieux chef d'Etat en exercice dans le monde, a d'ores et déjà été désigné par son parti, la toute puissante Zanu-PF, comme son candidat pour la présidentielle de 2018. Mais sa santé visiblement fragile alimente les spéculations sur sa succession. C'est dans ce contexte que Joice Mujuru fut un temps pressentie comme une possible dauphine. Elle est tombée en disgrâce en 2014 car soupçonnée de comploter contre le régime. Elle a alors créé son parti. Jouissant d'une forte popularité, elle va toutefois avoir, à 60 ans, la délicate tâche de s'imposer dans un paysage politique dominé par la Zanu-PF. Fauteurs de troubles Le président a d'ailleurs clairement averti qu'il n'hésiterait pas à en expulser les membres déloyaux. "Le parti comprendra toujours des éléments négatifs. Les fauteurs de troubles, nous les bazardons", a-t-il dit lors de l'interview qu'il a donnée, comme chaque année pour son anniversaire, à la chaîne nationale ZBC. "Je veux atteindre les cent ans, je n'ai plus que huit enjambées à faire", a-t-il poursuivi, confirmant son ambition de gouverner jusqu'à ses cent ans. "Je ne me suis pas présenté à l'élection de 2013 pour que mon mandat qui se termine en 2019 soit achevé par quelqu'un d'autre", a-t-il ajouté. Le vieux président a plaisanté sur les rumeurs qui l'ont une fois de plus donné pour mort pendant ses vacances annuelles en Asie. "Je fais de l'exercice pour rester en vie, pour ressusciter quand on me dit mort. Tous les ans en janvier je dois me préparer à faire de l'exercice pour ressusciter", a-t-il dit. M. Mugabe a aussi minimisé le rôle de sa femme, Grace, âgée de 50 ans, parfois pressentie comme sa favorite pour lui succéder. "Où a-t-on vu qu'une épouse prend la succession. Je n'ai aucune autorité pour désigner quiconque à ma succession", a-t-il assuré.