La centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne controversée du parc nucléaire français, sera bien fermée en 2016, a affirmé dimanche la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, alors que François Hollande avait lui-même repoussé en septembre dernier ce délai. Le calendrier (de la fermeture de Fessenheim), c'est celui que m'a répété à plusieurs reprises le président de la République, c'est 2016, a déclaré la ministre lors d'un entretien au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Le président de la République s'est engagé à fermer Fessenheim d'ici la fin 2016. C'est ça, la date, a insisté Mme Cosse. Le processus est assez simple pour arrêter un réacteur, a ajouté l'ancienne chef de file d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Le ministère de l'Ecologie n'a pas souhaité commenter dans l'immédiat les propos de Mme Cosse. La ministre de l'Ecologie et de l'Energie Ségolène Royal a demandé en octobre à EDF d'entamer la procédure de fermeture de Fessenheim d'ici à la fin juin 2016, en vue d'une fermeture effective en 2018. Car pour fermer deux réacteurs comme ceux de Fessenheim, il ne suffit pas de tourner un bouton, avait expliqué Mme Royal auparavant. En septembre dernier, François Hollande avait déclaré que Fessenheim, en service depuis 1977, ne fermerait pas en 2016 comme initialement prévu, et contrairement à l'une de ses promesses électorales de 2012, en raison du retard pris par le chantier de construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche). Située à proximité de la frontière avec l'Allemagne et la Suisse, sur une faille sismique et en contrebas du Rhin, cette centrale suscite l'inquiétude des écologistes français, allemands et suisses depuis des années. Vendredi, Berlin a réaffirmé son souhait de voir fermer Fessenheim le plus vite possible, invoquant un risque sécuritaire posé par son grand âge. Des médias allemands ont notamment affirmé qu'un incident survenu le 9 avril 2014 à Fessenheim aurait été plus important qu'annoncé par EDF et les autorités françaises. Du point de vue de la sûreté nucléaire, il n'y a pas de raison de fermer la centrale de Fessenheim actuellement, a répliqué vendredi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), jugeant le niveau de sécurité globalement satisfaisant. Invoquant un besoin de travaux complémentaires, le ministère de l'Environnement a repoussé sine die cette semaine une réunion prévue mardi prochain pour tracer les grands axes d'évolution des sources d'énergie d'ici à 2023, dans le cadre de l'application de la loi sur la transition énergétique. Fin février, sous réserve d'un avis de l'ASN, Ségolène Royal s'est dit prête à allonger de dix ans la durée de vie des centrales françaises, hormis Fessenheim. Cette décision serait compatible selon elle avec la réduction de la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production d'électricité en France d'ici 2025. Outre Fessenheim, d'autres centrales françaises inquiètent à l'étranger. Les Verts allemands ont récemment dénoncé des failles dans la sécurité de la centrale de Cattenom (Moselle), voisine de l'Allemagne et du Luxembourg, qu'ils ont comparée à une voiture dont les freins ne fonctionneraient pas et dont ils réclament la fermeture immédiate. En Suisse, le canton et la ville de Genève ont annoncé cette semaine avoir porté plainte contre X pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui et pollution des eaux à propos de la centrale du Bugey, dans l'Ain.