L'Agence de sûreté nucléaire (ASN) en France considère qu'"il n'y a pas de raisons de fermer" la centrale de Fessenheim, a déclaré vendredi Sophie Letournel, une responsable de l'ASN à Strasbourg. Une opinion contraire à celle de Berlin. Un porte-parole de la ministre allemande de l'Environnement Barbara Hendricks a estimé vendredi que cette centrale, proche de la frontière avec l'Allemagne et la Suisse, mise en service en 1977, était "trop vieille" et "devrait être fermée le plus vite possible". "Pour nous à l'ASN, aujourd'hui, du point de vue de la sûreté nucléaire, il n'y a pas de raison de fermer la centrale de Fessenheim", a indiqué Mme Letournel." Après, il y a des décisions de politique énergétique qui relèvent du gouvernement et qui peuvent conduire à des choix différents", a-t-elle ajouté. "Fessenheim est tout à fait dans la moyenne de l'appréciation que l'ASN porte sur les centrales nucléaires françaises - c'est-à-dire que c'est globalement satisfaisant", a-t-elle poursuivi, en précisant que l'Autorité avait "toujours des points à redire, c'est notre rôle de gendarme".
Incident en 2014 Mme Hendricks, membre du parti social-démocrate (SPD), a déjà par le passé exprimé cette position sur Fessenheim, la plus vieille centrale du parc nucléaire français, revenue dans l'actualité en Allemagne à propos d'un incident survenu en 2014. Deux médias allemands revenaient vendredi sur un incident survenu en 2014 à Fessenheim, qui aurait été plus grave qu'annoncé. Néanmoins aux yeux du ministère allemand de l'Environnement, en charge de la sécurité nucléaire, la France ne s'est rendue coupable d'aucun manquement dans ce cas particulier. La classification par les autorités françaises de l'incident en niveau 1 - sur une échelle qui en compte 8 de gravité des incidents nucléaires - "était justifiée" selon l'Allemagne.
Interpellations des antinucléaires Les antinucléaires alsaciens avaient pour leur part écrit en février à François Hollande, à Angela Merkel et au président du Parlement européen Martin Schulz, leur demandant de "fermer" la centrale de Fessenheim et plusieurs sites en Europe, à la veille de leur rencontre à Strasbourg. Les associations rappelaient à M. Hollande sa promesse de campagne de fermer Fessenheim "avant les élections du printemps 2017". Elles dénonçaient "l'immobilisme" sur ce sujet, qui "montre une fois encore que le lobby nucléaire est un poids et un frein énormes pour notre pays". Alors ministre française de l'énergie Ségolène Royal s'était pour sa part déclarée prête à donner son feu vert à la prolongation de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises.
Fermeture de Fessenheim Le patron d'EDF, Jean-Bernard Levy, avait lui affirmé mi-février que "l'Etat a donné son accord pour que nous modernisions le parc actuel de façon à ce que la durée de vie qui a été conçue pour 40 ans, nous la montions à 50 et 60 ans, sous réserve que la sécurité nucléaire soit garantie". La loi de transition énergétique prévoit de réduire à 50% la part de l'atome dans la production électrique de la France à horizon 2025 et plafonne à son niveau actuel la production nucléaire du pays. Cette dernière disposition contraindra EDF à fermer deux réacteurs pour compenser la mise en service du réacteur EPR de Flamanville, reportée à fin 2018. Il s'agit normalement ceux de la centrale alsacienne de Fessenheim, aux portes de la Suisse. Selon M. Levy, "il n'y a pas d'autre fermeture de prévue dans les dix ans à venir". Côté suisse, le canton du Jura et les deux Bâle demandent également sa fermeture, depuis 2011.