Les réserves de devises étrangères de la Chine ont continué de fondre en février, mais de façon moins spectaculaire que les mois précédents, selon des chiffres dévoilés lundi par la banque centrale chinoise (PBOC), confrontée à de massives fuites de capitaux hors du pays. Les colossales réserves de change chinoises, les plus importantes du monde, ont reculé de 28,6 milliards de dollars le mois dernier, pour tomber à 3 200 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau depuis fin 2011, selon la PBOC. Ce reflux s'avère bien moins prononcé que les baisses enregistrées en décembre (108 milliards de dollars, un recul record) ou en janvier (99,5 milliards de dollars), et reste en-deçà de ce qu'anticipaient en moyenne les économistes sondés par l'agence Bloomberg. Ces multiples déclins des réserves de change de la deuxième économie mondiale s'expliquent avant tout par la volonté de la banque centrale de contrer à tout prix l'hémorragie des capitaux hors du pays. La forte dépréciation du yuan depuis l'été dernier et le vif assombrissement de l'économie chinoise poussent des investisseurs à se séparer de leurs yuans pour acheter des dollars, tandis que des entreprises rapatrient leurs dettes contractées en dollars: les flux de capitaux hors de Chine ont atteint selon certaines études 1 000 milliards de dollars l'an dernier. Pour enrayer cette tendance et maintenir le cours de sa monnaie face au dollar, la Chine puise donc abondamment dans ses réserves de change pour racheter massivement des yuans. Et inlassablement, le gouverneur de la PBOC Zhou Xiaochuan a répété ces dernières semaines -y compris en marge de la récente réunion du G20 à Shanghai- qu'il ne voyait "aucun fondement à une dépréciation continue du yuan". Une clarification très attendue, alors que la décision de la banque centrale d'abaisser sur huit séances consécutives le taux de référence du yuan avaient jeté le trouble début janvier sur les marchés. Les autorités s'emploient par ailleurs à durcir encore davantage leurs contrôles sur les flux de capitaux, les restrictions en place étant jugées trop aisément contournables. "La bonne nouvelle (au vu des chiffres de la PBOC), c'est que les efforts de la PBOC pour rassurer et mieux communiquer (sur sa politique de change), combinés à des contrôles renforcés sur les mouvements de capitaux, semblent porter leurs fruits", a estimé lundi Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics. La perspective de voir le yuan s'enfoncer encore davantage face au dollar semble dans l'immédiat moins certaine, et les investisseurs "se font à l'idée que la PBOC dispose encore d'amples munitions pour défendre le cours du renminbi (autre nom du yuan)", a-t-il expliqué dans une note.