Le Premier ministre irlandais Enda Kenny a échoué jeudi à se faire reconduire dans ses fonctions et a présenté sa démission, lors de la première réunion du parlement issu des élections législatives de fin février qui n'ont pas dégagé de majorité claire. M. Kenny, chef du parti de centre droit Fine Gael, a obtenu le soutien de 57 députés tandis que 94 ont voté contre sa candidature et 5 se sont abstenus. M. Kenny a ensuite présenté démission au président irlandais Michael Higgins mais restera en fonction le temps qu'il arrive à constituer une coalition ou qu'un autre responsable politique y parvienne, ce qui pourrait prendre des semaines. En accord avec la Constitution, le gouvernement et le Taoiseach (Premier ministre) continueront leurs travaux jusqu'à ce que des successeurs soient nommés, a confirmé le gouvernement dans un communiqué. Micheal Martin, le chef du Fianna Fail, l'autre grand parti du pays également de centre-droit, a aussi échoué à se faire désigner Premier ministre jeudi, tout comme le chef du parti de gauche nationaliste Sinn Fein Gerry Adams. Selon les analystes, la solution évidente serait une alliance entre le Fine Gael et le Fianna Fail, dont les programmes sont proches. Mais le rapprochement pourrait s'avérer lent et douloureux pour les deux partis, qui dirigent l'Irlande alternativement depuis 1932, en raison de leur histoire. Ils sont en effet l'émanation de deux camps opposés de la guerre civile irlandaise (1922-23). M. Kenny a cependant déclaré la semaine dernière qu'il était prêt à discuter y compris avec le Fianna Fail. Lors du scrutin du 26 février, marqué par le ras-le-bol de l'austérité exprimé par les Irlandais, son parti a obtenu 50 des 158 sièges du Parlement, contre 76 lors du précédent scrutin, en 2011. Son partenaire de coalition depuis cinq ans, le Parti travailliste, a davantage souffert encore, s'effondrant de 37 députés à 7. Le Fianna Fail est arrivé en deuxième position avec 44 sièges. Le Sinn Fein, ex-vitrine politique de l'IRA (Armée républicaine irlandaise), est devenue la troisième force au Parlement avec 23 sièges. Les candidats indépendants ont obtenu 17 sièges.