Le secteur de l'agriculture en Algérie a enregistré une croissance de 5 % en 2006 avec une valeur nationale qui dépasse les 9 milliards de dollars. L'annonce a été faite, hier, par le premier responsable du secteur en l'occurrence. M. Said Barkat, lors de la rencontre d'évaluation du Plan national de développement agricole et rural (PNDAR), qui a rassemblé l'ensemble des cadres au siège du ministère de l'Agriculture et du Développement rural à Alger. Dans son intervention, le ministre de l'Agriculture s'est dit satisfait des résultats obtenus, compte tenu des moyens financiers "réduits" dont dispose son département. En effet, seuls 2 % du budget national sont consacrés au secteur agricole. Et ce n'est qu'après le lancement du PNDA en 2000 que le budget du secteur de l'agriculture a été relativement rehaussé. Ce qui nous amène simplement à se poser la question suivante : comment peut-on parler de l'Algérie de l'après pétrole, de l'agriculture comme unique alternative de demain, si aujourd'hui on ne lui accorde pas et l'importance et les moyens nécessaires à son développement ? Le soutien de l'Etat au secteur ne devrait nullement se confiner dans les subventions conjoncturelles dictées par les fluctuations du marché mondial qui ne profitent pas, à vrai dire, aux agriculteurs, éleveurs et gens de la terre en général, comme c'est le cas pour la poudre de lait. En effet, en matière d'agriculture et d'alimentation, dans un pays en développement comme l'Algérie, l'intervention de l'Etat devrait permettre d'assurer la sécurité alimentaire du pays de façon permanente, certes quitte à recourir à l'importation bien entendu, mais aussi et surtout de favoriser l'accroissement de la productivité de toutes les terres disponibles (terres labourables, parcours et forêts) et de préserver à long terme la fertilité de ces terres à travers la lutte contre l'érosion et la désertification.Il s'agit là de missions de service public que tout Etat digne de ce nom se doit d'assumer. D'autre part, le financement du secteur par les établissements bancaires notamment est plus que jamais d'actualité. Les banques sont toujours frileuses quand il s'agit de financer l'investissement agricole. Et pourtant, des milliers d'exploitations agricoles bancables et solvables se voient refuser des crédits. Aujourd'hui, il est plus que regrettable de refuser un crédit à un exploitant qui possède plus de 160 vaches laitières. A ce propos, le ministre de l'Agriculture a précisé que plus de 200 000 exploitations agricoles n'ont plus besoins du soutien de l'Etat et devraient recourir aux banques. Et si es dernières ne jouent pas pleinement leur rôle, que deviendraient ces exploitations ? Certes, aucun système bancaire, qu'il soit public, coopératif ou privé n'a été capable d'assurer un développement équilibré et sans désordre de l'ensemble des exploitations agricoles d'un pays donné, ni même de la majorité d'entre elles, mais il n'en demeure pas moins que des banques spécialisées dédiées à l'agriculture ont été créées dans beaucoup de pays. Leur efficacité a même dépassé les frontières de leurs pays respectifs. Chez nous, hormis la CNMA, aucune banque n'est destinée à l'agriculture, déplore d'ailleurs Said Barkat. Pour revenir au PNDAR, le coût global alloué à ce programme, à ce jour, est de l'ordre de 340 milliards de dinars, a indiqué Said Barkat, soit l'équivalent de 50 milliards de dinars environ par an. Rappelant que le financement pour le quinquennat 2005-2009 est de 360 milliards de dinars, y compris pour les régions du Sud et celles des Hauts-Plateaux. Said Barkat a, cependant, reconnu que beaucoup reste à faire pour arriver à s'auto-suffir sur le plan alimentaire, surtout que certaines filières ont toujours du mal à franchir le cap, comme c'est le cas de la production des légumes secs qui "n'a pas eu tellement d'effet sur le terrain", malgré le soutien apporté par le ministère de l'Agriculture. Le même constat a été établi pour la production de la pomme de terre, qui devrait s'améliorer cette année grâce aux "dispositions qui ont été prises". Sur un autre registre, il a affirmé que la problématique du lait est "toujours posée", en raison de la hausse des prix de la poudre du lait à l'étranger. "Nous continuerons à soutenir la production laitière" dira Barkat. En revanche, le ministre de l'Agriculture ne semble pas être d'accord avec la démarche actuelle qui consiste à subventionner l'importation de la poudre de lait. Selon lui, le soutien de l'Etat devrait aller vers la production nationale. Mais, il dira qu'il s'agit d'une conjoncture exceptionnelle. "A longs termes, nous allons reconduire le programme d'importation de vaches laitières", a t-il soutenu.