La SNCF a enregistré une perte nette comptable de 12,2 milliards d'euros en 2015, conséquence d'une importante dépréciation de ses actifs annoncée lundi, mais affiche un bénéfice net avant dépréciations de 377 millions d'euros, selon ses résultats annuels publiés vendredi. "Le résultat net traduit l'effet d'un recalage technique de la valeur de nos actifs, dans un contexte de nouvelles mobilités en pleine évolution et de création du groupe SNCF unifié", a déclaré Guillaume Pepy, président du directoire de SNCF, dans un communiqué. "Ce re-calcul comptable n'a aucun impact sur la trésorerie ni sur notre développement au service de nos clients et de la collectivité", a-t-il ajouté. Les dépréciations, c'est-à-dire la révision à la baisse de la valeur comptable des actifs de la SNCF, ont été effectuées sur la base d'une simulation de ce que les trains, réseaux et gares vaudront dans 15 ans. Ces "tests de valeur" ont été menés par les commissaires aux comptes du groupe public. Elles s'élèvent à plus de 12 milliards d'euros au total: 9,6 milliards pour SNCF Réseau (infrastructures ferroviaires), 2,2 milliards pour SNCF Mobilités (trains) et 450 millions pour les gares. Cette énorme charge a fait basculer les comptes de l'entreprise dans le rouge, alors qu'en 2014, elle avait dégagé un bénéfice net part du groupe de 261 millions d'euros. "C'est une opération purement comptable, une opération comptable n'a pas beaucoup de portée réelle", a déclaré lors d'une conférence de presse Jacques Rapoport, le président démissionnaire de SNCF Réseau. "Les enjeux du réseau ferré c'est d'abord le service rendu à la nation", a-t-il ajouté. De son côté, Guillaume Pepy a souligné que les résultats globaux sont "plutôt encourageants hors l'impact des très importants tests de valeur", rappelant qu'il s'agissait d'une année "de consolidation". Ainsi, hors dépréciations, le groupe affiche un bénéfice net annuel de 377 millions d'euros, contre 135 millions en 2014. C'est la première fois depuis l'entrée en vigueur de la réforme ferroviaire le 1er juillet 2015 que le groupe publie des résultats annuels. Cette réforme a réunifié la SNCF et le gestionnaire d'infrastructures Réseau ferré de France (RFF), devenu SNCF Réseau. Le chiffre d'affaires s'est établi à 31,4 milliards d'euros, en progression de 0,9% à périmètre et change constant. Il est porté par les trafics voyageurs et fret eux-mêmes en augmentation, respectivement de 0,4% pour le TGV et de 3% pour le fret SNCF. SNCF Réseau enregistre une perte nette de 395 millions d'euros avant dépréciation et Mobilités un bénéfice net avant dépréciation de 276 millions. La marge opérationnelle, indicateur privilégié par la direction pour mesurer ses performances financières, s'établit à 4,4 milliards, en légère baisse de 4,3%, dont 2,4 milliards pour Mobilités. La SNCF fait par ailleurs état d'investissements "massifs" de 8,2 milliards d'euros et de gains de productivité de 653 millions d'euros grâce aux plans de performance. "L'environnement va continuer en 2016 à être très difficile, la concurrence s'intensifie, la croissance reste modeste en Europe et le risque terroriste fait que la France rencontre toujours des difficultés en ce début d'année", a reconnu Guillaume Pepy. Côté perspectives, le groupe vise cette année une croissance du chiffre d'affaires de près de 2% à périmètre et change constants. Il prévoit également de conserver une marge opérationnelle stable et de dégager 750 millions de gains de productivité.