L'or a brièvement grimpé à la suite des attentats de Bruxelles en début de semaine, avant de repartir nettement à la baisse en raison du renforcement du dollar. Le métal précieux a bénéficié de son statut de valeur refuge immédiatement après les attaques terroristes, revendiquées par l'organisation Etat islamique, qui ont semé la panique mardi matin à l'aéroport de Bruxelles puis dans la station de métro Maelbeek, en plein quartier européen. "Il y a eu un mouvement des investisseurs en direction des produits d'investissements conservateurs - les obligations d'Etat et l'or", a observé Francesca Peck, économiste chez IHS Global Insight. Mais cette réaction initiale a été de courte durée et, comme sur l'ensemble des marchés, le retour à la normale a été rapide dans une semaine écourtée en raison du long week-end de Pâques. "La triste réalité, c'est que plus ces événements deviennent fréquents, plus les marchés sont immunisés et moins la réponse dans les cours devient dramatique", a commenté Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Les cours de l'or ont ensuite essentiellement souffert de la nette appréciation du dollar face aux autres grandes monnaies, le billet vert étant aidé par la perspective de hausses de taux directeurs aux Etats-Unis à un rythme potentiellement plus rapide que ce qui avait été annoncé la semaine dernière par la Réserve fédérale américaine (Fed). Plusieurs responsables de la banque centrale américaine ont en effet adopté dernièrement un ton plutôt volontariste sur la normalisation de leur politique monétaire, contrebalançant le communiqué de la Fed publié à l'issue de sa réunion de politique monétaire les 15 et 16 mars derniers. Le métal jaune étant libellé en dollars sur les marchés, toute appréciation de cette monnaie le rend relativement plus cher pour les investisseurs disposant d'autres devises. Après un fort décrochage mercredi, l'once d'or est même tombée jeudi jusqu'à 1 211,90 dollars, au plus bas depuis près d'un mois. Pour l'avenir, les cours semblent se diriger vers le seuil des 1 200 dollars l'once, même si certains analystes anticipent un rebond. "Nous n'envisageons pas que l'or continue de chuter pendant encore longtemps car à son cours actuel, il va sans aucun doute représenter un achat attractif", ont ainsi observé les experts de Commerzbank. "Même si les attentes croissantes entourant la possibilité que la Fed augmente ses taux a été un facteur tirant les cours de l'or à la baisse, les craintes générales concernant la ralentissement de la croissance mondiale et les infortunes actuelles de la Chine, pourront finalement fournir une base aux investisseurs pariant sur la hausse des cours", a abondé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. De son côté l'argent - un métal considéré en général comme une option alternative bon marché à l'or - a suivi le même mouvement de déclin que l'or à compter de mercredi. L'once de métal gris a même atteint jeudi 15,15 dollars, un minimum en trois semaines. De même, le platine et le palladium sont repartis à la baisse en deuxième partie de semaine, dans le sillage de la nette appréciation du dollar. Malgré cet accès de faiblesse, les analystes de Commerzbank ont estimé que les deux métaux platinoïdes, utilisés notamment dans l'industrie automobile, devraient continuer à bénéficier des ventes toujours robustes de voitures dans les régions et pays clés de ce secteur. "De plus, ils ont récemment bénéficié d'un bon coup de pouce grâce aux flux entrants d'ETF (exchange-traded fund): depuis le début du mois [de mars], les avoirs d'ETF ont augmenté de 38 300 onces dans le cas du palladium et de 42 500 onces dans le cas du platine", ont-ils ajouté. Les ETF sont des fonds d'investissement adossés à des stocks physiques de métal qui permettent aux investisseurs de bénéficier de l'évolution de l'actif concerné sans pour autant le détenir. L'once de palladium a ainsi atteint mardi 607,40 dollars, au plus haut depuis début novembre. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 221 dollars jeudi au fixing du soir, contre 1 252,10 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 15,28 dollars, contre 15,94 dollars il y a six jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 957 dollars, contre 972 dollars six jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 577 dollars, contre 593 dollars vendredi dernier.
Les métaux de base souffrent de l'appréciation du dollar Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) se sont stabilisés en début de semaine, dans un marché sans grande activité préférant consolider ses gains à l'approche du long week-end de Pâques, avant pour la plupart de nettement décrocher dans le sillage du renforcement du dollar. Après un léger rebond en début de semaine, les cours des métaux industriels ont évolué dans de faibles marges, faute de nouveaux indicateurs à même d'orienter leur direction, avant de fortement décliner dans l'ensemble à compter de mercredi en raison de l'appréciation du dollar, qui a pesé sur l'ensemble des matières premières. "Un appétit accru pour le risque parmi les investisseurs, comme en témoignait aussi dans une certaine mesure la forte hausse des marchés boursiers, a aidé les métaux de base à réaliser d'importants gains" lundi, qu'ils ont par la suite tenter de consolider, ont relevé les analystes de Commerzbank. "L'intérêt pour les marchés de matières premières a considérablement décliné cette semaine avec des volumes d'échanges exceptionnellement bas", a noté pour sa part Dee Perera, analyste chez le courtier Marex Spectron. Selon ce dernier, le renforcement du dollar, à la faveur notamment des discours plutôt volontaristes de plusieurs responsables de la Réserve fédérale (Fed) américaine, qui n'ont pas exclu une hausse de taux de la banque centrale américaine plus tôt que prévu cette année, a particulièrement pesé sur les prix des métaux de base à compter de mercredi. L'appréciation du dollar rend en effet leurs achats, libellés en billets verts, plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises, ce qui plombé les cours. Alors que le rebond des métaux de base en fin de semaine dernière était essentiellement dû à un accès de faiblesse du dollar consécutif à la décision prudente rendue par la Fed mercredi 16 mars, "une période de consolidation est (désormais) nécessaire après ce mouvement de hausse", ont souligné les analystes d'UniCredit.
Le cuivre bientôt rattrapé par ses fondamentaux ? Les cours du cuivre, évoluant en début de semaine dans de très faibles marges en raison d'un nombre limité d'échanges, ont plongé dans le rouge à compter de mercredi, souffrant du renforcement du dollar. "La bonne nouvelle pour le marché du cuivre, c'est qu'un dollar plus faible devrait permettre d'atteindre un prix d'équilibre plus élevé, toutes choses égales par ailleurs", soulignaient les analystes de Barclays, alors que de nombreux analystes considéraient que l'appréciation récente du billet vert devrait être de courte durée. "La mauvaise, c'est que le dollar seul ne suffit pas pour donner une direction aux prix. En d'autres termes, les fondamentaux ont encore de l'importance", or ceux-ci ne sont guère encourageants, jugeaient-ils. D'après les analystes de Barclays en effet, le fait que les réserves de cuivre entreposées en Chine se soient accrues considérablement ces dernières semaines, jusqu'à atteindre des niveaux records, pointe vers une surabondance d'offre persistante et a sans doute empêché le cuivre cette semaine de poursuivre sur la lancée haussière amorcée à la faveur d'un dollar faible.
L'aluminium lesté par les excédents Les cours de l'aluminium ont pour leur part fortement décroché cette semaine, plombés par une production globale toujours excédentaire. La tonne d'aluminium a même atteint jeudi 1 475 dollars, au plus bas depuis près de deux mois. "Comme l'a rapporté l'Institut international de l'aluminium, la production mondiale d'aluminium en dehors de Chine a grimpé en février à un plus haut en cinq ans sur une base quotidienne", ont expliqué les analystes de Commerzbank. Or, selon ces derniers, même si la production chinoise d'aluminium en février, dont les chiffres officiels ne sont pas encore disponibles, ressort en baisse, ce déclin sera majoritairement imputable aux distorsions créées par les festivités du Nouvel An et ne devrait pas perdurer. "Les producteurs d'aluminium en Chine ont fait des bénéfices à nouveau, en moyenne, ces dernières semaines, selon le cabinet d'analyses chinois SMM, ce qui devrait les encourager à augmenter leur production", ont-ils poursuivi. L'institut gouvernemental chinois Antaike "estime que la production chinoise d'aluminium va croître de 7,1% sur un an à 33,1 millions de tonnes en 2016, donc le marché mondial de l'aluminium va rester clairement saturé", ont conclu les experts de Commerzbank. La tonne de plomb a pour sa part signé jeudi un plus bas en plus de trois semaines à 1 748 dollars tandis que l'étain, évoluant à contre-courant des autres métaux de base, est monté jeudi jusqu'à 17 525 dollars la tonne, un sommet en un an, bénéficiant de signes de plus en plus évidents d'un déficit d'offre en 2016. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4 918,50 dollars jeudi, contre 5 058 dollars le vendredi précédent. L'aluminium valait 1 479,50 dollars la tonne, contre 1 521,50 dollars. Le plomb valait 1 760,50 dollars la tonne, contre 1 817,50 dollars. L'étain valait 17 500 dollars la tonne, contre 16 995 dollars. Le nickel valait 8 610 dollars la tonne, contre 8 875 dollars. Le zinc valait 1 782,50 dollars la tonne, contre 1 846,50 dollars.