L'ex-président cubain Fidel Castro a affirmé lundi que malgré la récente visite historique de Barack Obama, Cuba n'oublierait pas ses confrontations passées avec les Etats-Unis. Selon lui, l'île n'a "pas besoin de cadeau" de ce pays. "Nous sommes capables de produire des aliments et les richesses matérielles dont nous avons besoin grâce aux efforts et à l'intelligence de notre peuple. Nous n'avons pas besoin que l'empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit", a écrit le père de la révolution cubaine, 89 ans, dans un texte publié une semaine après la visite du président américain à Cuba. Sa longue lettre porte le titre "Le frère Obama". L'ex-président cubain, qui s'est retiré du pouvoir depuis 2006, ironise sur "les paroles sirupeuses" prononcées par M. Obama lors de son discours de La Havane la semaine dernière. "On était censés courir le risque d'un infarctus en écoutant ces paroles du président américain", poursuit dans la même veine l'ex-Lider Maximo. Puis il rappelle une liste de contentieux passés et persistants entre les deux pays, malgré le rapprochement spectaculaire entamé fin 2014 entre M. Obama et Raul Castro.
"Modeste suggestion" Lors d'un discours transmis par les médias cubains, le président américain avait appelé La Havane "à enterrer le dernier vestige de la guerre froide". Il s'était ensuite lancé dans un plaidoyer en faveur des libertés publiques et de la démocratie sur l'île, tout en se défendant de vouloir "imposer des changements à Cuba". "Ma modeste suggestion est qu'il réfléchisse et qu'il n'essaie pas d'élaborer les théories sur la politique cubaine", a répondu Fidel Castro. Il a rappelé la jeunesse de Barack Obama, né en 1961, soit au plus fort des tensions entre La Havane et Washington.
Méfiance durable "Que personne ne se fasse d'illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle acquise par le développement de l'éducation, la science et la culture", a encore prévenu l'ex-président dans cette lettre publiée par le quotidien d'Etat Granma. Fidel Castro, qui aura 90 ans le 13 août, n'a plus fait d'apparition publique depuis juillet 2015. Les médias officiels publient toutefois régulièrement des photos de l'ex-chef d'Etat recevant à son domicile personnalités et chefs d'Etat amis. L'ex-président ne s'est jamais ouvertement opposé au rapprochement avec l'ancien ennemi conduit par son frère Raul. Après l'annonce du rapprochement fin 2014, il avait attendu un mois et demi pour approuver mollement cette initiative, tout en réaffirmant sa méfiance à l'égard de son vieil ennemi de la guerre froide.