L'or a connu une semaine particulièrement volatile, alternant entre gains et pertes avant de finalement s'afficher en légère hausse sur sept jours, bénéficiant d'un sentiment général d'aversion pour le risque que le ton prudent de la Réserve fédérale américaine (Fed) est venu conforter. "L'aversion au risque (sur les marchés) combinée au déclin des prix des matières premières cette semaine pourraient avoir fourni une base aux investisseurs haussiers pour lancer un nouveau mouvement d'achats sur l'or", a relevé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. L'or a ainsi profité une fois de plus de son statut de valeur refuge dans un environnement économique incertain alors que les marchés actions ont nettement accusé le coup cette semaine et que les rendements obligataires ont également décliné. "La mise en place de taux d'intérêt négatifs par les banques centrales en Europe et au Japon a vu des titres de dettes souveraines valant des milliers de milliards passer à des rendements négatifs", a expliqué Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Or, selon l'analyste, un environnement de taux de rendement bas sur les obligations favorise traditionnellement les métaux précieux, dont l'or, qui deviennent dès lors des investissements plus attractifs. En outre, la publication mercredi du compte-rendu de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), dont le ton prudent a balayé les dernières attentes d'une hausse des taux d'intérêt américains en avril et témoigné des inquiétudes persistantes de l'institution concernant la santé de l'économie mondiale, a aussi fait les affaires de l'or. La Fed "attribue clairement plus de poids aux risques (économiques) mondiaux croissants qu'à une économie américaine qui s'est renforcée", ont souligné les analystes de Commerzbank, jugeant que cela rendait l'or attractif. En outre, une nouvelle hausse des taux d'intérêt de la Fed rendrait le dollar plus rémunérateur, aussi tout report d'une telle perspective tend-il à peser sur le billet vert, ce qui à l'inverse profite à l'or dont les achats sont libellés dans la monnaie américaine. "Les investisseurs devraient garder en tête que les attentes d'une hausse des taux d'intérêt (de la Fed), la force du dollar et l'appétit pour le risque sont les facteurs qui ont freiné la progression de l'or en 2015", a rappelé M. Otunuga, estimant que ces éléments n'étant plus d'actualité, la voie était ouverte pour une année 2016 positive sur le marché du métal jaune. L'argent, considéré en général comme une alternative bon marché à l'or, a suivi le même mouvement haussier que ce dernier, quoique sa progression a été plus marquée. Ceci pourrait notamment s'expliquer, selon les experts de Commerzbank, par un glissement de la demande physique pour les métaux précieux depuis l'or vers l'argent. D'une part, ont-ils fait remarquer, l'or a enregistré dernièrement d'importants flux sortants d'ETF (exchange-traded fund) alors qu'au contraire l'argent a accru ses flux entrants d'ETF. Par ailleurs, ce changement de tendance est aussi perceptible selon eux dans la demande pour les pièces, qui a baissé de 18% sur un an aux Etats-Unis en mars dans le cas de l'or mais a augmenté dans le même temps de 17% en ce qui concerne l'argent. Les ETF sont des fonds d'investissement adossés à des stocks physiques de métal qui permettent aux investisseurs de bénéficier de l'évolution de l'actif concerné sans pour autant le détenir. Les métaux platinoïdes, dont l'industrie automobile est l'un des importants débouchés, ont pour leur part souffert de chiffres de ventes de voitures plus faibles qu'attendu en mars aux Etats-Unis. Le platine est tout de même parvenu, dans le sillage de l'or et de l'argent, à se stabiliser sur la semaine après être tombé mardi à 936,60 dollars, au plus bas en un mois. De son côté le palladium, dont l'utilisation industrielle est plus prononcée et qui a de ce fait tendance à davantage s'aligner sur les métaux de base, a creusé ses pertes cette semaine, atteignant même jeudi 533,10 dollars, un minimum en un mois également. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 239,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 213,60 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 15,16 dollars, contre 15,38 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 957 dollars, comme sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 537 dollars, contre 559 dollars à la fin de la semaine précédente.
Les métaux de base accusent le coup Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont dans l'ensemble accusé le coup cette semaine, dans un marché sans grande actualité et souffrant de prises de bénéfices après une forte progression au premier trimestre. S'ils avaient pu bénéficier en fin de semaine dernière de chiffres sur l'activité manufacturière meilleurs qu'attendu tant en Chine qu'aux Etats-Unis, respectivement les premier et deuxième consommateurs de métaux au monde, les métaux industriels ont eu moins de grain à moudre cette semaine sur le front des indicateurs. "En l'absence de toute donnée spécifique aux métaux, les prix cette semaine seront probablement orientés d'abord et avant tout par les données macroéconomiques", avaient prévenu dès lundi les analystes de Commerzbank. Ainsi, la publication mercredi du compte-rendu de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), dont le ton prudent a balayé les dernières attentes d'une hausse des taux d'intérêt américains en avril et témoigné des inquiétudes persistantes de l'institution concernant la santé de l'économie mondiale, a largement contribué à peser sur les métaux de base en fin de semaine. En outre, de nombreux analystes ont estimé qu'après la forte hausse enregistrée par les cours depuis la mi-janvier, et grandement encouragée par des achats spéculatifs, un phénomène de correction était inévitable. "Les prix des métaux ont connu un premier trimestre agité. Après que nombre d'entre eux sont tombés à des plus bas multi-annuels en janvier, un mouvement de reprise a débuté, qui a vu les métaux atteindre des plus hauts en plusieurs mois. En raison de prises de bénéfices, ils ont toutefois été incapables de se maintenir à ces niveaux", ont souligné les experts de Commerzbank. "Nous ne serions pas surpris de voir (ce) déclin se poursuivre ou un mouvement de consolidation dominer pendant un moment désormais", ont jugé pour leur part les analystes d'Unicredit, rappelant que la hausse des prix au cours du premier trimestre avait été largement soutenue par un dollar plus faible, et qu'une appréciation de ce dernier risquait donc de peser à nouveau sur les prix. Les analystes de Commerzbank restaient néanmoins optimistes quant à un potentiel de reprise durable des prix des métaux industriels d'ici la fin de l'année 2016, estimant que les réductions de production annoncées par plusieurs géants miniers devraient à terme porter leurs fruits. "Il est possible que les prix souffrent de revers à court terme, mais nous restons cependant convaincus que les prix des métaux vont augmenter sur le moyen à long terme étant donné que l'offre devrait se contracter sur de nombreux marchés et que la demande devrait progresser", ont-ils expliqué.
Le cuivre toujours lesté par les excédents Les cours du cuivre se sont enfoncés cette semaine, subissant même un net décrochage jeudi dans le sillage des Bourses mondiales qui ont accusé le coup après la publication du dernier compte-rendu de la Fed, avant de se reprendre vendredi, confortés par la reprise des prix du pétrole. Le prix du métal rouge est même tombé jeudi jusqu'à 4 631 dollars la tonne, au plus bas depuis un mois et demi. "Au second trimestre, nous voyons le cuivre continuer à s'affaiblir car la légère hausse saisonnière dans l'activité économique chinoise (exprimée notamment par les chiffres sur l'activité manufacturière en Chine publiés vendredi dernier, ndlr) ne suffit pas à compenser les niveaux élevés des stocks", ont souligné les experts de Barclays.
L'aluminium peine à résorber la surabondance d'offre Après avoir signé lundi un plus haut en trois semaines à 1 548 dollars la tonne, les cours de l'aluminium sont repartis à la baisse cette semaine, rattrapés par un niveau d'offre excédentaire compromettant le rééquilibrage du marché. "Alors que l'offre devrait se resserrer sur la plupart des marchés, la situation sur le marché mondial de l'aluminium reste extrêmement confortable", ont commenté les analystes de Commerzbank. Ces derniers ont notamment rappelé qu'en dehors de la Chine, la production quotidienne mondiale d'aluminium a atteint en février un plus haut en cinq ans. Ils se sont montrés par ailleurs sceptiques sur la capacité de la Chine à maintenir les taux de production moindres observés dernièrement. "Cela est dû au fait que les producteurs d'aluminium là-bas ont renoué avec les bénéfices ces dernières semaines, selon le cabinet d'analyses chinois SMM, ce qui devrait les encourager à augmenter leur production", ont poursuivi les experts de Commerzbank. De son côté, la tonne de nickel est tombée lundi jusqu'à 8 245 dollars, au plus bas depuis la mi-février, tandis que le plomb et le zinc ont atteint vendredi respectivement 1 690 dollars et 1 745,50 dollars la tonne, des minima en un mois et demi et plus de trois semaines. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4 633,50 dollars vendredi, contre 4 825 dollars le vendredi précédent. L'aluminium valait 1.504,50 dollars la tonne, contre 1 533 dollars. Le plomb valait 1 695 dollars la tonne, contre 1 720 dollars. L'étain valait 16 725 dollars la tonne, contre 16 655 dollars. Le nickel valait 8 465 dollars la tonne, contre 8 400 dollars. Le zinc valait 1 747 dollars la tonne, contre 1 836 dollars.