Les cours de l'or noir ont débuté la semaine asiatique à la hausse, hier, toujours portés par les signes d'une baisse de la production américaine et les espoirs d'une réponse des producteurs le 17 avril à l'offre toujours excédentaire. Les cours ont perdu 60% depuis juin 2014, quand le baril se négociait 100 dollars, la faute à une offre de brut bien trop élevée que n'arrivent plus à engloutir des économies en plein ralentissement. Dans ce contexte, l'annonce d'une nouvelle baisse du nombre de puits en activité aux Etats-Unis (-8 unités) annoncée par Baker Hughes et la perspective d'un possible gel de la production qui pourrait être décidé lors de la réunion de Doha dimanche sont de nature à rasséréner les investisseurs. D'autant que la semaine dernière, des chiffres officiels américains ont montré une baisse des réserves américaines de brut. Vers 04h00 GMT, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai prenait 13 cents à 39,85 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juin, s'appréciait de 12 cents à 42,06 dollars. Vendredi, les cours avaient bondi dans un marché semblant avoir basculé dans l'optimisme. Le WTI avait gagné 2,46 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour une progression de plus de 11% en quatre séances. A Londres, le Brent de la mer du Nord avait gagné 2,51 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Néanmoins, les marchés retiennent leur souffle. "Mercredi sera capital car nous verrons si cette baisse des réserves est exceptionnelle ou marque une tendance", a déclaré Margaret Yang, analyste chez CMC Markets à Singapour. "Une nouvelle baisse des réserves soutiendrait la hausse des prix"
L'Iran vendra le brut moins cher que l'Arabie saoudite Sur fond d'appels à geler la production pétrolière, l'Iran a annoncé sa décision de l'augmenter. Téhéran envisage de porter sa production de pétrole brut à 4 millions de barils par jour (mbj) et de vendre cet hydrocarbure moins cher que ses concurrents régionaux, y compris l'Arabie saoudite. En mai 2016, la société publique iranienne National Iranian Oil Co. (NIOC) vendra le pétrole Forozan Blend aux consommateurs asiatiques 2,43 dollars moins cher le baril que le prix moyen du pétrole provenant d'Oman et des Emirats arabes unis, rapporte l'agence Bloomberg, citant un représentant de NIOC qui a souhaité garder l'anonymat. Le baril d'Iranian Light coûtera aux consommateurs asiatiques 60 cents de moins que le pétrole similaire produit au Proche-Orient". Un rabais encore plus important est prévu pour le pétrole lourd. Ainsi, le baril d'Iranian Heavy coûtera 2,60 dollars moins cher que le baril de brut omanais ou dubaïote. Quant au baril de Soroosh, il se vendra 5,65 dollars moins cher que celui d'Iranian Heavy. John Driscoll, directeur de la stratégie à JTD Energy Services, a déclaré à Bloomberg que la principale concurrence entre l'Iran et les pays du Proche-Orient s'exercerait en Asie. Il a dans le même temps souligné que la Méditerranée et l'Europe du Nord-Ouest ne resteraient pas non plus à l'abri des rivalités. Selon les analystes de Bloomberg, cette année, l'Iran entrera également en concurrence avec la Russie. Non seulement Téhéran envisage de vendre le pétrole moins cher que ses concurrents, mais il veut également en augmenter la production. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, a déclaré à l'agence Shana que d'ici mars 2017, Téhéran produirait 4 millions de barils par jour, soit autant qu'en 2008. Les plans de l'Iran remettent en question l'idée de la tenue de négociations le 17 avril à Doha. Les pays membres de l'OPEP et d'autres producteurs de pétrole, dont la Russie, envisagent de se réunir dans la capitale qatarie pour étudier la possibilité de geler la production pétrolière au niveau de janvier 2016. Début avril, le prince saoudien Mohammad ben Salmane a déclaré à Bloomberg que Riyad ne gèlerait sa production que si les autres producteurs, y compris l'Iran, en faisaient autant. Le prince a dans le même temps ajouté que si un pays décidait d'accroître la production, "l'Arabie saoudite ne négligerait pas les possibilités qui s'offriraient à elle dans ce domaine". Riyad voit toujours d'un œil négatif l'expansion de l'Iran sur les marchés pétroliers. Selon le Financial Times, les autorités saoudiennes ont fermé les ports du pays aux pétroliers transportant du brut iranien afin de limiter les exportations en provenance de la République islamique.
Plein de promesses A Doha ! La production pétrolière va-t-elle être gelée au niveau de février 2016? C'est la question que tout le monde se pose à l'approche d'une réunion des ministres du Pétrole du Qatar, de la Russie, de l'Arabie saoudite et du Venezuela le 17 avril à Doha. Malgré les attentes, cette rencontre pourrait se solder uniquement par des promesses. Les ministres du Pétrole des quatre pays s'étaient réunis pour la première fois à Doha le 16 février. Ils avaient alors convenu de bloquer la production pétrolière au niveau de janvier 2016. Mais les nombreuses réserves et conditions - notamment celle de l'adhésion de tous les pays producteurs de pétrole à l'accord - avaient cantonné le texte au rang de simple formalité. Néanmoins, les investisseurs, fatigués de la chute incessante des prix pétroliers depuis un an et demi, attendaient impatiemment une information positive: ils se sont accrochés à l'annonce d'un accord et les prix du pétrole sont immédiatement montés en flèche - et ce pendant pratiquement tout le mois de mars, dépassant même la barre des 40 dollars le baril. Aujourd'hui, tout le monde attend la prochaine réunion de Doha le 17 avril. A dix jours de cette rencontre, les points flous et contradictoires sont nombreux. D'un côté, deux mois après la première réunion, pratiquement tous les membres de l'Opep et plusieurs pays producteurs de pétrole extérieurs au cartel se sont dit prêts à bloquer la production pétrolière pour diminuer les réserves et faire monter les prix. De l'autre, l'Iran, qui est loin d'être le dernier membre de l'Opep en termes de production pétrolière, déclare qu'il soutient l'idée de ce blocage mais qu'il ne l'acceptera qu'après avoir fait passer sa production, de 3,1 millions de barils aujourd'hui, à 4 millions. La Libye refuse également de signer l'accord - sa production pétrolière représente aujourd'hui seulement un tiers de ce qu'elle était avant la période prérévolutionnaire. Si la réunion de Doha se tiendra dans une situation complexe et confuse, la conclusion d'un accord sur le gel de la production pétrolière reste tout à fait plausible.