A l'occasion du 1er Anniversaire de la cérémonie de signature de l'Accord de Paix et de Réconciliation au Mali issu du Processus d'Alger du 15 Mai 2015 à Bamako, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a salué hier à Alger, dans un entretien accordé à l'APS, les réformes politiques et institutionnelles réalisées par le Mali à la faveur de la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation dans ce pays. A cette occasion, le ministre s'est félicité de la mise en place des Agences de développement régional (ADR), prévues par l'Accord. Ces réformes ont également permis la nomination et l'installation des gouverneurs des deux régions nouvellement créées, Taoudénit et Ménaka, de même que l'adoption en cours par l'Assemblée nationale malienne des projets de textes relatifs aux autorités intérimaires, conformément aux dispositions y afférentes de l'Accord, a expliqué le ministre. Il a relevé dans le même sens que "la validation par la Cour constitutionnelle de la loi relative aux autorités intérimaires contribuera à faciliter la mise en place des autorités intérimaires et à favoriser l'avancement du processus de mise en œuvre de l'Accord". Pour le chef de la diplomatie algérienne, ces réformes se traduisent aussi par l'amorce de la révision constitutionnelle, à travers l'élaboration de projets de décrets destinés à prendre en charge les dispositions de l'Accord relatives à la création de la deuxième chambre du parlement. Dans le domaine de la défense et de la sécurité, M. Lamamra a mis en exergue la création du cadre institutionnel de la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) et la nomination d'un commissaire à la RSS, la création de la Commission nationale désarmement-démobilisation-réinsertion (CN-DDR) et de la Commission d'intégration (CI). Ces avancées se traduisent aussi par l'identification des 24 sites à viabiliser par la MINUSMA pour le cantonnement des combattants et début de réalisation de trois sites à Likrakar, Fafa et Inegar, ainsi que l'accord pour la construction de cinq autres sites et la réalisation de la première patrouille mixte (Forces Armées Maliennes, Plateforme et CMA), formule susceptible d'évoluer, selon le vœu des parties elles-mêmes, vers des "unités mixtes", a encore précisé le ministre. M. Lamamra a également relevé les "progrès appréciables" enregistrés dans le domaine du développement économique, social et culturel, notamment, a-t-il dit, la poursuite des actions de développement sur le terrain là où les conditions de sécurité le permettent, à travers des projets et programmes sectoriels. Il a cité en outre l'organisation de la Conférence de Paris, le 22 octobre 2015, pour la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre de l'Accord (des annonces de contribution ont été faites pour un montant de 3,2 milliards d'euros) ainsi que la réalisation de la Mission d'Evaluation Conjointe (MIEC) sur le Nord du Mali dont le rapport final vient d'être communiqué aux parties maliennes. Toujours dans le cadre des progrès enregistrés par l'Accord dans le domaine du développement économique, social et culturel, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué l'élaboration de la Stratégie Spécifique de Développement des Régions du Nord du Mali (SSD/NM), dont la première mouture est déjà prête, précisant que le gouvernement (malien) envisage d'organiser des missions de sa restitution sur le terrain. Dans le même sillage, il a rappelé la tenue d'une concertation (les 24 et 25 mars 2016) sur le financement des infrastructures pour le désenclavement des régions du Nord du Mali, soulignant que cinq projets routiers et 5 cinq autres projets aéroportuaires ont été soumis. Enclenchant sur le volet portant justice, réconciliation nationale et questions humanitaires, M. Lamamra a relevé plusieurs initiatives de nature à contribuer à une amélioration des conditions de vie des populations du Nord du Mali. Il a expliqué que la relance des services sociaux de base dans les régions du Nord a constitué l'une des "priorités majeures" de l'action du gouvernement du Mali, à travers, notamment, la réouverture des écoles dans certaines villes dont Kidal et la mise en œuvre d'une stratégie et d'un plan d'action en faveur du retour des réfugiés et des personnes déplacées. M. Lamamra a également relevé le démarrage effectif des travaux de la Commission Vérité-Justice et Réconciliation (CVJR) pour améliorer le caractère inclusif de cet organe et accroître la représentation des mouvements. Le ministre a en outre évoqué les préparatifs de la Conférence d'entente nationale, soulignant aussi que la mise en œuvre de cet Accord a permis d'engranger, la rencontre d'Anefis, suivie d'autres rencontres dans d'autres villes maliennes, entre les représentants du gouvernement malien et les plus hauts dirigeants politico-militaires des mouvements. "Ce canal de communication a joué un rôle-clé dans le règlement des contentieux inters et intra-communautaires et dans le respect du silence des armes dans les régions du Nord du Mali", a-t-il conclu.
Les frères ennemis mobilisés pour la cause de la paix Lors de la réunion consultative de haut niveau tenue à Alger en Janvier 2016, à l'initiative de l'Algérie, les parties maliennes, précise le ministre, ont clairement reconnu l'apport de la mise en œuvre de l'Accord au retour de la paix, à travers, notamment, l'instauration d'un meilleur climat de coopération entre la Plateforme et la CMA, d'une part, et entre ces deux regroupements et le gouvernement, d'autre part. Aujourd'hui, la CMA et la Plateforme travaillent ensemble et conjuguent leurs efforts en faveur de la mise en œuvre de l'Accord, chose tout à fait inimaginable avant le 15 mai 2015. En effet, les frères ennemis d'hier, qu'il était même difficile d'imaginer assis à la même table de négociations, sont, aujourd'hui, mobilisés pour la cause de la paix et du développement qu'ils s'emploient ensemble à faire avancer. Les parties ont foi en l'Accord, revendiquent sa mise en œuvre rapide, et y œuvrent résolument car elles considèrent qu'il n'y a pas d'alternative à cet instrument pour la paix, la sécurité et le développement au Mali. Cet accord a selon le ministre apporté des réalisations sur plusieurs plans, politique et de défense et sécurité, ainsi que le volet " essentiel " selon lui, qui porte Justice-réconciliation nationale-questions humanitaires Concernant les obstacles auxquels est confronté cet accord, M. Lamamra a cité l'indisponibilité de tout le financement nécessaire à la réalisation des projets et programmes prévus à l'annexe 3 de l'Accord, la persistance de l'insécurité ambiante qui freine la relance des actions de développement, en particulier, au Nord du Mali, les menaces liées à la persistance du terrorisme et du narcotrafic, la complexité des procédures de décaissement du financement déjà acquis et, d'une manière générale, certaines lenteurs dans le processus décisionnel pour la concrétisation des mesures stipulées dans l'Accord. En ce qui concerne l'Algérie, le ministre a affirmé qu'elle continue de veiller scrupuleusement à un rapprochement toujours plus grand et à une collaboration toujours plus confiante entre les parties maliennes, gage majeur du succès de la mise en œuvre de l'Accord, comme le montrent son intérêt et son engagement pour la paix, la sécurité et le développement au Mali qui ne se sont jamais démentis. Dans cet esprit, les mécanismes bilatéraux de coopération algéro-maliens tiennent régulièrement leurs réunions et évaluent donc périodiquement tous les ajustements auxquels il peut être nécessaire de procéder en vue de maximiser les résultats de la coopération bilatérale dans tous les secteurs. Ainsi, de nouvelles rencontres sont d'ores et déjà programmées pour l'ensemble de ces mécanismes dans les semaines qui viennent. L'Algérie, dont le rôle positif est souhaité et célébré par toutes les forces et formations politiques maliennes ainsi que par les organisations régionales et internationales, investit son autorité dans l'avenir du Mali en tant qu'acteur important de la paix et de la stabilité dans tout l'espace sahélo-saharien.
L'Algérie assume pleinement ses responsabilités M. Lamamra a déclaré que l'Algérie assume pleinement ses responsabilités de partie-prenante au destin de cet espace géostratégique particulièrement sensible. Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui a une connaissance personnelle des réalités maliennes, accorde la plus haute importance aux dynamiques qui concernent cet espace en termes de sécurité et de développement, ces deux sphères étant indissociablement liées, ajout-t-il. Dans ce contexte, l'Algérie ne ménagera aucun effort pour que l'intérêt de la communauté internationale pour le Mali et pour la région sahélo-saharienne s'exprime par des actions substantielles portées par une vision lucide des enjeux. En somme, l'Accord d'Alger a bien défini toutes les voies que la complexité de la crise impose d'emprunter. Il importe que la communauté internationale aide toutes les parties maliennes à réaliser concrètement les chemins de l'avenir. La plus-value de la contribution de l'Algérie réside sans doute dans l'imbrication des deux pays par la géographie et l'histoire. Cette plus-value réside aussi et surtout dans la confiance que le peuple malien et son Président font à l'Algérie et à son Président. Elle réside enfin dans la volonté de l'Algérie d'honorer, au Mali et à travers tout le continent, son engagement en faveur de solutions africaines, justes et pacifiques, aux problèmes de l'Afrique.