Un important syndicat nigérian a appelé à la grève nationale mercredi pour protester contre la hausse du prix du carburant à la pompe, malgré une décision judiciaire prise mardi lui interdisant de lancer un mouvement. Le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC) avaient appelé samedi à une grève nationale illimitée à compter de mercredi, jusqu'à ce que le prix de l'essence à la pompe, 145 nairas (0,64 euro) le litre, soit abaissé à 86,50 nairas (0,38 euro). Mais la Cour industrielle nationale leur a interdit temporairement mardi de mettre leur menace à exécution, ajournant l'affaire au 24 mai, date à laquelle le jugement doit être rendu. La décision de notre comité exécutif national, c'est que la grève continue demain, a déclaré mardi à la presse le président du NLC, Ayuba Wabba, en affirmant que son organisation n'avait pas eu connaissance d'une décision de justice. En revanche, le TUC a choisi de ne pas aller à l'encontre de l'injonction judiciaire. Nous suspendons l'action industrielle prévue, qui devait se dérouler aujourd'hui (mercredi). Nous exhortons nos membres à se présenter à leur postes de travail et à remplir leurs obligations professionnelles habituelles, a déclaré Bobboi Kaigama, président du TUC. Le ministre de la Justice Abubakar Malami avait déposé plainte auprès de la cour contre les deux organisations de travailleurs, estimant qu'une grève causerait des souffrances innombrables et des problèmes de sécurité inimaginables à travers le pays et que les syndicats n'avaient pas respecté la procédure, n'ayant pas fourni de préavis de grève. Le Nigeria, première puissance économique du continent, traverse une grave crise économique et financière causée par la chute mondiale des cours de pétrole, principale source de revenus de l'Etat et de réserves en devises. Le sous-secrétaire d'Etat au Pétrole, Emmanuel Kachikwu, a déclaré lundi que la production de brut avait encore baissé à 1,4 million de barils par jour, notamment en raison des récentes attaques contre des installations pétrolières dans le delta du Niger. Or, le budget 2016 est basé sur une production de 2,2 millions de barils par jour. Bien que premier producteur de pétrole du continent africain, le Nigeria est contraint d'importer des produits pétroliers, ses quatre raffineries ne suffisant pas à sa consommation. Le pays maintenait jusqu'ici un prix bas à la pompe en subventionnant les importateurs de carburant. M. Kachikwu a estimé que la hausse du prix de l'essence est absolument essentielle pour relancer la croissance, améliorer la confiance des investisseurs et même pour la survie du Nigeria.