Tranquille cette semaine, Wall Street se demande dans quelle mesure elle pourra échapper lors des prochaines séances aux fortes fluctuations qui agitent les autres marchés, que ce soit la dette, les changes ou les matières premières. En cinq séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 0,90% à 17 849,46 points, et le Nasdaq, à dominante technologique est presque resté stable, perdant 0,03% à 5 068,46 points. L'indice élargi Standard and Poor's 500, jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, a reculé de 0,69% à 2 092,83 points. La semaine a été riche d'éléments auxquels Wall Street aurait pu fortement réagir, que ce soit les atermoiements entre la Grèce et ses créanciers, une nouvelle chute des marchés de la dette aux Etats-Unis et surtout en Europe, ainsi qu'un bon chiffre sur l'emploi américain en fin de semaine. Pourtant, les indices américains ont enregistré peu de gros mouvements, à part une baisse de près de 1% du Dow Jones jeudi, qui reste elle-même limitée par rapport aux zigzags du dollar ou du baril de pétrole. A Wall Street, "la plupart des mouvements sont désormais techniques" a reconnu Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. "On peut toujours les analyser sur la base des données macroéconomiques, mais au jour le jour, les marchés ne nous disent pas grand-chose. On n'a plus l'habitude qu'ils bougent, alors qu'ils sont là pour cela." Pour certains investisseurs, cette apparente léthargie cache le fait que Wall Street est de plus en plus exposée, d'autant que ses principales incertitudes demeurent d'une semaine à l'autre, comme le niveau élevé des valorisations ou le calendrier prévu par la Réserve fédérale (Fed) pour relever ses taux, actuellement presque nuls, et retirer ainsi un important soutien à l'économie. "La Bourse américaine a connu moins d'instabilité que les matières premières, les changes ou les obligations, et on peut craindre un retour de bâton qui se manifesterait par un déclin notable à Wall Street", a prévenu Tom Cahill, de Ventura Wealth Management. "Ce qui m'inquiète, c'est que les records les plus récents du S&P 500 ne se sont pas traduits parmi les petites et moyennes capitalisations. J'ai peur que l'instabilité pointe le bout de son nez." Pour Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management, "on s'approche d'un point d'inflexion, à partir duquel le marché va déterminer si la crise financière est vraiment derrière nous, auquel cas la Bourse pourrait se maintenir, ou si tout cela n'était qu'une bulle gonflée par la Fed". "Ce n'est pas cette semaine qu'on le saura", a-t-il conclu.
Attention à la consommation La semaine prochaine risque d'offrir peu de nouvelles réponses au marché, qui attend surtout le 17 juin la prochaine décision monétaire de la Fed. Même si les analystes sont peu nombreux à s'attendre à une hausse des taux avant septembre, ils comptent sur la banque centrale pour donner des indices sur sa politique des mois à venir. En attendant, "le plus important pour moi, ce sera le chiffre sur les ventes de détail" jeudi, a déclaré M. Cahill. "Le consommateur américain se retient pour le moment, il économise et il se concentre sur de gros achats comme les voitures. Il faut qu'il en fasse un peu plus pour que l'économie enregistre une croissance de 2,5% au second trimestre, comme ce qui est généralement attendu." "Le vrai point d'interrogation, il est là", a renchéri Gregori Volokhine. "Est ce que le consommateur va être plus optimiste et puiser dans son épargne ? Des entreprises comme Intel et Altera parient sur l'avenir en dépensant beaucoup d'argent, ce que ne fait toujours pas le consommateur." Le géant des puces informatiques Intel a annoncé en début de semaine qu'il débourserait 16,7 milliards de dollars pour racheter son compatriote Altera et accélérer la consolidation d'un secteur en pleine mutation. Enfin, également sur le front des entreprises, "il y a une chose qu'il ne faut pas oublier aux Etats-Unis, c'est qu'Apple tient sa conférence pour les développeurs" de lundi à vendredi, a noté M. Volokhine. "Cela devrait remettre sur le devant de la scène le secteur le plus florissant de l'économie américaine, celui lié aux réseaux sociaux et à internet."