De violents combats, accompagnés de fortes explosions, ont opposé lundi matin dans la capitale sud-soudanaise Juba les forces loyales au président Salva Kiir aux ex-rebelles du vice-président Riek Machar, ont rapporté plusieurs témoins et sources diplomatiques. Une source diplomatique occidentale a confirmé de violents combats dans la matinée vers l'aéroport et le quartier de Tomping, impliquant de l'artillerie lourde. L'ambassade des Etats-Unis à Juba a pour sa part fait état de combats sérieux entre le gouvernement et les forces d'opposition à Juba, pour la deuxième journée consécutive. Un travailleur humanitaire installé à Juba et qui a requis l'anonymat a parlé de combats très, très lourds, ajoutant que ses collègues et lui-même étaient barricadés chez eux. Plusieurs de ces sources ont fait état d'hélicoptères de combats de l'armée gouvernementale dans le ciel, sans toutefois être en mesure de dire s'ils étaient entrés en action. Des travailleurs humanitaires ont par ailleurs rapporté sur leur compte Twitter d'intenses combats aux abords de la principale base des Nations unies à Juba. Selon les sources, les affrontements de lundi matin sont régulièrement entrecoupés de périodes de courte accalmie. La source diplomatique occidentale a par ailleurs indiqué que les civils ne sont pas directement menacés dès lors qu'ils ne sont pas à proximité immédiate des zones de combats ou qu'ils ne circulent pas.
Les USA réclament la fin immédiate des combats Les Etats-Unis ont réclamé la fin immédiate des combats au Soudan du Sud et ont ordonné le retrait de ce pays de tout le personnel de leur ambassade jugé non-essentiel. Les Etats-Unis condamnent fermement les nouveaux combats qui ont eu lieu à Juba aujourd'hui (dimanche) entre les forces fidèles au président du Soudan du Sud Salva Kiir et les forces du vice-président Riek Machar, y compris les possibles attaques contre des sites civils qui nous ont été rapportées, a annoncé le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby dans un communiqué. En réponse aux violences actuelles, le département d'Etat a ordonné aujourd'hui le retrait du personnel non-essentiel de l'ambassade américaine à Juba, a-t-il dit. Il a pressé les expatriés américains de prendre leurs précautions. La capacité de l'ambassade de procurer des services d'urgence aux citoyens américains à Juba est extrêmement limitée, a-t-il prévenu. Les combats entre les soldats fidèles au président du Soudan du Sud Salva Kiir et les forces du vice-président Riek Machar ont fait en fin de semaine au moins 270 morts, selon des médias locaux. Des milliers d'habitants fuyaient dimanche la capitale Juba devant les combats intenses qui se poursuivaient. Washington demande aux deux dirigeants et à leurs alliés politiques et militaires de retenir leurs soldats, de les ramener dans leurs casernes et d'empêcher de nouvelles violences et effusions de sang, a déclaré M. Kirby. Les Etats-Unis sont déterminés à garantir que des mesures appropriées soient prises pour que les responsables de la poursuite des combats et des violations du droit humanitaire international rendent des comptes, a-t-il poursuivi. Dans le cadre d'un fragile accord de paix et de partage du pouvoir signé en août 2015, M. Machar est revenu, avec un fort contingent d'hommes armés, en avril à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d'union nationale. M. Kirby a déclaré que les Etats-Unis étaient en relation à propos de cette crise avec des responsables de l'Union africaine et des dirigeants de la région.
Début des consultations au Conseil de sécurité Les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont entamé avant-hier des consultations à huis clos à la suite des violents combats à Juba, capitale du Soudan du Sud. A son entrée au Conseil l'ambassadeur adjoint britannique Peter Wilson a fixé comme priorités premièrement de protéger les civils et de s'assurer que la violence cesse. Le Conseil doit aussi travailler étroitemnt avec les pays de la région pour parvenir à ce but, a-t-il souligné devant des journalistes. Il a rappelé que Londres était favorable à un embargo sur les armes au Soudan du Sud et il a estimé que le Conseil devrait envisager toutes les mesures nécessaires pour faire cesser la violence. Pour l'ambassadeur français François Delattre, le maitre mot est la pression sur les protagonistes du conflit. Il faut, a-t-il souligné, que les parties prennent leurs responsabilités et que le président Salva Kir et le vice-président Riek Machar contrôlent leurs forces et fassent preuve de volonté politique de faire la paix. Les ambassadeurs doivent étre informés des derniers dévéloppements de la situation à Juba par le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous. Des milliers d'habitants de Juba fuyaient dimanche les combats intenses opposant les forces régulières et les ex-rebelles, les deux camps s'accusant mutuellement d'être responsables de ces nouvelles violences.
Des casques bleus chinois et rwandais tués ou blessés dans des attaques Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé dimanche que des casques bleus chinois et rwandais avaient été tués ou blessés dans des attaques à la suite de l'intensification des combats dans la capitale sud-soudanaise Juba. Dans un communiqué publié à l'issue d'une session d'urgence, le Conseil de sécurité a "condamné dans les termes les plus forts l'escalade des combats à Juba, au Soudan du Sud", et a fait part de sa sympathie et de ses condoléances aux familles des casques bleus chinois et rwandais qui ont été tués ou blessés dans ces attaques. Il a également prévenu que toute attaque visant le personnel de l'ONU et les sites de protection des civils pourrait constituer un "crime de guerre", et que les assaillants seront tenus responsables et seront sujets à des sanctions internationales. Le Conseil a ainsi demandé une fin immédiate des combats, exhortant le président Salva Kiir et le premier vice-président Riek Machar à faire tout leur possible pour contrôler leurs forces respectives et mettre en œuvre l'accord de paix. Le Conseil a également encouragé les pays régionaux, le Conseil de sécurité de l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale sur le développement à continuer d'échanger avec les dirigeants sud-soudanais pour gérer cette crise. Les combats ont débuté le 7 juillet entre des soldats fidèles au président et d'autres fidèles au premier vice-président, et ont jusqu'ici fait au moins 271 morts. Le Soudan du Sud a déclaré son indépendance le 9 juillet 2011 après plus de deux décennies de guerre. Le 13 décembre 2013, M. Kiir a accusé son adjoint (M. Machar) de préparer un coup d'Etat, ce qu'il a fermement réfuté, mais qui a provoqué un cycle infernal de meurtres et de représailles. En août 2015, les deux leaders ont signé un accord de paix qui a ouvert la voie à la formation d'un gouvernement de transition et d'unité nationale.