A l'issue d'une semaine marquée par de nombreuses hésitations, mais sans mouvement hebdomadaire affirmé, les cours du pétrole se sont contenté d'une petite hausse vendredi, faute d'actualité cruciale pour l'or noir. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en août a gagné 27 cents à 45,95 dollars sur le New York Mercantile Exchange, signant ainsi une légère hausse hebdomadaire. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a avancé de 24 cents à 47,61 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), s'inscrivant lui aussi en petite progression sur la semaine. Il n'y a pas eu beaucoup d'actualité liée au pétrole, a reconnu Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Le marché continue d'évoluer entre les mêmes niveaux. D'un côté, il est sous la pression d'une surabondance persistante. De l'autre, il profite de problèmes de production. Les cours avaient beaucoup hésité en milieu de semaine, gagnant deux dollars le baril, pour les reperdre la séance suivante, sans que le marché trouve assez de visibilité dans les rapports mensuels du département américain de l'Energie (DoE), de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Parmi les nouvelles vendredi sur une limitation de l'offre, la major ExxonMobil a déclaré une situation de force majeure sur son terminal de Qua Iboe au Nigeria, a rapporté M. Lipow. C'est un nouveau problème qui affecte la production du pays. Le Nigeria, premier exportateur africain d'or noir, a été frappé au printemps par une accélération des sabotages dans la région pétrolière du delta du Niger, ce qui avait considérablement réduit sa production, même si elle s'est depuis largement remise. Ce dernier cas de force majeure, c'est largement de la routine, a relativisé dans une note Tim Evans, de Citi. On peut toujours s'attendre à ce que la production nigériane dépasse en juillet les 1,53 million de barils de juin.
Reprise des puits aux USA Néanmoins, M. Evans reconnaissait que le marché évoluait dans un optimisme prudent qu'il attribuait plutôt à des signes jugés favorables sur la demande. Il a cité un produit intérieur brut (PIB) meilleur que prévu en Chine pour le second trimestre, ainsi que des ventes de détail supérieur aux attentes en juin aux Etats-Unis. Toujours sur la Chine, Phil Flynn, de Price Futures Group évoquait des chiffres encourageants sur la demande chez le deuxième consommateur mondial d'or noir, dont les raffineries fonctionnent à un rythme élevé alors que la production de brut baisse, ce qui laisse espérer une accélération des importations. Sur un autre plan, M. Flynn remarquait que l'attentat de Nice, où plus de 80 personnes ont été tuées par un camion jeudi soir, n'avait que brièvement pesé sur le marché, alors qu'un tel événement est susceptible de faire baisser la demande européenne et, plus largement, d'accroître l'aversion au risque. Dans un premier temps, les cours ont baissé, a-t-il reconnu. Mais l'impact économique va probablement être limité. C'est triste à dire (...) mais je crois que les marchés ont intégré le risque terroriste et n'y réagissent plus comme on pourrait s'y attendre. Enfin le marché n'a guère semblé réagir à l'annonce d'une petite hausse hebdomadaire du nombre de puits de pétrole aux Etats-Unis, même si certains analystes craignent que le récent rebond de ce décompte, établi par le groupe parapétrolier Baker Hughes, annonce une reprise de la production américaine.
Baisse en Asie Les cours du pétrole repartaient à la baisse en Asie, à contre-courant des marchés d'actions, les inquiétudes sur un excès d'offre reprenant le dessus. Les cours sont volatils depuis plusieurs séances et le pétrole avait fini en hausse jeudi. Vers 03h10 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août cédait 18 cents, à 45,40 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en septembre, perdait 16 cents, à 47,21 dollars. "Les cours sont sous la pression du regain des inquiétudes quant à un excès d'offre", a déclaré Bernard Aw, analyste chez IG Markets. "Nous avons vu la production de l'Opep atteindre un plus haut de son histoire récente, portée par la production du Nigeria et celle de producteurs du Golfe", a-t-il dit. De plus, "des analystes ont prédit une baisse du baril à 40 dollars, ce qui a pesé sur les marchés". Selon le cabinet spécialisé S&P Global Platts, la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a grimpé à 300 000 barils par jour en juin, proche d'un plus haut de huit ans de 32,73 millions de barils par jour. Cette hausse est portée par la reprise de la production au Nigeria et en Libye et une augmentation "régulière" de la contribution de l'Arabie saoudite et de l'Iran, explique le cabinet. Les marchés s'inquiètent aussi de la baisse de la demande d'or noir en provenance de Chine, évaluée par S&P Global Platts à 2,7% en mai, par rapport à la même période l'année précédente. Depuis le vote britannique pour sortir de l'Union européenne le 23 juin, les cours sont particulièrement erratiques. Après des plus bas de 13 ans en février, en deçà du seuil de 30 dollars, les prix ont fluctué entre 44 et 52 dollars au cours du mois écoulé.