Les cours du pétrole se sont envolés vendredi à New York, toujours portés par l'optimisme revenu à la Bourse, ainsi que par un regain d'intérêt pour le fioul de chauffage dû à une vague de froid en Europe et en Amérique du Nord. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars a gagné 2,66 dollars à 32,19 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit une progression de 9,01% pour la journée et 13,54% en deux séances. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a gagné 2,93 dollars à 32,18 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), soit des progressions de respectivement 10,02% et 15,42% sur un et deux jours. Nous assistons à une remontée importante des cours, due aux commentaires (du président de la banque centrale européenne Mario) Draghi (jeudi) et à l'attente de nouvelles mesures de relance économique, censées pousser la demande, a expliqué Andy Lipow, chez Lipow Oil Associates. Il se peut qu'on ne soit pas totalement sortis d'affaire mais je crois que nous voyons un retour de la confiance, s'est réjoui Phil Flynn, chez Price Futures Group. Je ne crois pas que la chute de 30% (des cours du pétrole) qu'on a vue au début de l'année était vraiment justifiée par les données fondamentales du marché, car la plupart des arguments baissiers auraient dû déjà être pris en compte dans les prix, a-t-il dit, qu'il s'agisse du ralentissement économique chinois ou du retour sur le marché de l'Iran. En plus de ces facteurs macroéconomiques, qui encourageaient les investisseurs spéculatifs à rééquilibrer les paris pris sur la baisse des cours, s'ajoutait aussi un élément plus circonstanciel, et à double tranchant, à savoir la vague de froid. Mais nous considérons que cet élément-là est très provisoire, a souligné Tim Evans, chez Citi. D'autant qu'aux Etats-Unis, une grande tempête de neige sur la côte est a fait annuler des vols, ce qui va réduire la consommation de kérosène. La neige va aussi limiter la consommation d'essence, a noté M. Evans. Des données météorologiques qui vont donc peser sur la demande alors que l'offre est toujours très excédentaire. Au total, le premier trimestre va rester très difficile pour le marché du pétrole, a souligné M. Lipow: il reste encore à voir le début des exportations de pétrole brut iranien, après la levée des sanctions occidentales annoncées il y a une semaine, et cela, combiné avec les opérations de maintenance des raffineries aux Etats-Unis et en Europe, va conduire à une augmentation des stocks de brut dans les deux mois qui viennent. Pour bien comprendre le marché pétrolier, il y a deux éléments qui jouent sur le long terme: les rapports de force entre les pays exportateurs et les fondamentaux en termes de production. Ces deux aspects n'ont pas changé donc, de mon point de vue, rien ne permet de corroborer l'hypothèse d'un niveau plancher, a aussi estimé Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. En Asie, les cours du pétrole étaient orientés à la hausse vendredi après des déclarations encourageantes du président de la Banque centrale européenne, mais l'excès d'offre continue de peser sur les prix. Le baril de light sweet crude (WTI) progressait de cinq cents à 29,58 dollars dans les échanges électroniques en Asie tandis que le Brent, référence européenne du brut, gagnait 13 cents à 29,38 dollars. Les analystes ne sont cependant pas sûrs que le rebond observé vendredi sera pérenne, compte tenu de la surabondance de l'offre qui fait dégringoler les cours depuis juin 2014, quand le baril s'échangeait à 100 dollars. Si le pétrole se renforce à cause des espoirs d'aide de la BCE, alors le rebond ne durera pas car la situation de surabondance de l'offre se fera de nouveau sentir, plutôt tôt que tard, a déclaré Bernard Aw, analyste chez IG Markets à Singapour. Il a mis en garde contre l'idée qui consisterait à considérer que les prix de l'or noir ont touché leur plancher. C'est la fin de la semaine. Et depuis trois semaines, les marchés démentent les analystes qui prédisent un rebond. Les cours ont plongé en raison d'une offre largement excédentaire que n'arrive plus à absorber une demande moribonde, en raison du ralentissement économique mondial, et notamment de la Chine. Plus récemment, la levée de la plupart des sanctions imposées à Téhéran et la perspective d'un retour du brut iranien sur le marché ont également contribué à faire baisser les prix.