Les cours du pétrole ont nettement rebondi, avant-hier, à New York, et dans une moindre mesure à Londres, la fermeture d'oléoducs canadiens après la découverte d'une fuite de pétrole ce week-end suscitant des inquiétudes pour l'approvisionnement en Amérique du Nord. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août s'est adjugé 1,49 dollar, à 95,18 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, tiré par le WTI, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance, a fini en légère hausse (25 cents) à 101,16 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Il était passé sous la barre des 100 dollars vers 07H00 GMT, à 99,82 dollars, pour la première fois depuis le 3 juin. Les prix de l'or noir, qui ont débuté la séance en baisse, minés comme le reste des marchés financiers par des craintes pour l'économie chinoise et l'impact d'une réduction des mesures de soutien monétaire aux Etats-Unis, ont nettement repris du terrain en cours d'échanges new-yorkais. Les inquiétudes liées à la fermeture de trois oléoducs au Canada ont repris le dessus et ont apporté un net soutien au WTI, a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. En effet, la compagnie pétrolière canadienne a annoncé dimanche avoir fermé tous ses oléoducs, à la suite de la découverte d'une fuite de pétrole sur un oléoduc de 17 kilomètres de long en Alberta (ouest), survenue alors que des pluies torrentielles ont provoqué des glissements de terrain dans le secteur. L'équipement endommagé est relié au réseau d'oléoducs de l'Athabasca qui transporte le pétrole issu des sables bitumineux d'Alberta vers des raffineries du Canada et des Etats-Unis. Or, ce réseau transporte jusqu'à près d'un million de barils de brut par jour et ces fermetures interviennent peu avant le week-end prolongé du 4 juillet aux Etats-Unis, qui correspond traditionnellement à un pic des déplacements en voiture et de la demande en essence, a noté Phil Flynn, de Price Futures Group. Et si le marché espérait encore dans la matinée que ces oléoducs soient remis en marche prochainement, le groupe canadien n'a pas donné d'indications sur le calendrier de la reprise d'activité et cela a rendu les opérateurs nerveux, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, le WTI s'est nettement apprécié, alors que le baril londonien de Brent s'est glissé en cours d'échanges sous le seuil de 100 dollars, réduisant nettement la différence de prix entre ces deux contrats de référence. L'écart entre les prix du WTI et du Brent n'a jamais été aussi faible depuis deux ans en cours de séance, ce qui a accentué mécaniquement la hausse des prix du pétrole texan coté à New York, a précisé Phil Flynn. Des deux côtés de l'Atlantique, les vents contraires auxquels faisaient face les prix du pétrole restaient tout aussi fort, selon les analystes. Un billet vert plus fort, des taux d'intérêt en hausse sur la marché obligataire américain, et des marchés d'actions en chute en Asie continuent à exercer une forte pression sur les cours pétroliers, ont noté les analystes de Commerzbank. Attentifs au moindre signe de fragilité de la deuxième économie mondiale et du deuxième consommateur de brut de la planète, les opérateurs avaient cédé dans la matinée aux craintes suscitées par la récente envolée du taux auquel les banques se prêtent entres elles en Chine, signe de difficultés de refinancement dans le pays. En Asie, le pétrole poursuivait sa baisse dans les échanges matinaux, dans un marché toujours soucieux du ralentissement éventuel du programme de soutien de la réserve fédérale américaine à l'économie des Etats-Unis, premier consommateur de brut au monde. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août cédait 9 cents à 93,60 dollars US et le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août également, perdait 24 cents à 100,67 dollars. "Après les pertes de la semaine dernière, le pétrole a continué de se replier en Asie, notamment à cause du renforcement du dollar américain", a déclaré Jason Hughes, vendeur chez de CMC Markets à Singapour.