L'attentisme de la Réserve fédérale (Fed) et l'optimisme mesuré des entreprises semblent suffire à Wall Street pour se maintenir proche de ses records, en attendant désormais le rendez-vous mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis. Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 0,75% à 18 432,24 points, alors que le Nasdaq a gagné 1,22% à 5 162,13 points. L'indice élargi S&P 500 a reculé de 0,07% à 2 173,60 points. "C'est assez parlant de voir que la Bourse est suffisamment résistante pour se maintenir à ces niveaux", a résumé Michael James, de Wedbush Securities, mettant notamment cette performance au regard d'un franc accès de faiblesse du marché pétrolier. Le Dow Jones et le S&P 500, souvent jugé l'indice le plus représentatif, ne se sont guère éloignés de leurs records des deux précédentes semaines, tandis que le Nasdaq, à la traîne depuis le début de l'année, s'est encore rapproché de ses plus hauts niveaux historiques. La semaine était pourtant chargée en risques, entre une décision de la Réserve fédérale (Fed) et de nombreux résultats d'entreprises au titre du second trimestre. Sur le premier plan, la banque centrale américaine, qui s'est une nouvelle fois abstenue de réduire son soutien à l'économie, n'a guère bouleversé les investisseurs par une décision sans surprise, si ce n'est un optimisme plus marqué qu'attendu sur l'économie. Quant aux résultats, "on a presque une idée de la situation pour l'ensemble du S&P, et, même si les bénéfices sont en baisse, les prévisions sont bonnes", a expliqué Chris Low, de FTN Financial. "Bien que les résultats soient médiocres en eux-mêmes, il n'y a pas eu beaucoup de mauvaises surprises et la Bourse le prend plutôt bien." Certains secteurs se sont même révélés franchement encourageants, comme la technologie, au sein de laquelle le Nasdaq a profité d'excellents résultats du réseau social Facebook, d'Alphabet, maison mère de Google, et du groupe de commerce en ligne Amazon. "Les résultats vont rester au centre de l'attention" la semaine prochaine, a annoncé M. James. "S'ils continuent à ce rythme, avec plus de bonnes surprises que de déceptions, la Bourse va continuer à gagner un peu de terrain."
Croissance décevante Pour autant, malgré des publications de grands noms du Dow Jones comme le laboratoire pharmaceutique Pfizer et le groupe de grande consommation Procter&Gamble (chacun mardi), la macro-économie va refaire son chemin dans l'esprit des investisseurs avec, vendredi, des chiffres mensuels toujours très attendus sur l'emploi américain. "C'est vraiment l'emploi qui sera important et particulièrement ce mois-ci", a prévenu M. Low. "En juin, il avait été excellent, mais auparavant il était sur la pente descendante depuis la fin de l'an dernier. La question, c'est: +Est-ce qu'il est resté solide ou est-ce qu'il a été repris de faiblesse ?+" La situation est d'autant plus complexe que de très bons chiffres risqueraient d'encourager la Fed à monter ses taux, décourageant ainsi les investisseurs, et que le gouvernement américain a récemment eu tendance à beaucoup réviser ses chiffres des précédents mois. Cette inconstance explique peut-être en partie pourquoi Wall Street ne s'est pas laissé abattre ce vendredi par une première estimation très décevante de la croissance américaine au dernier trimestre, à seulement 1,2% du produit intérieur brut (PIB). Les conséquences pour la politique de la Fed restent difficiles à discerner. "Dans un environnement de statistiques très changeantes et de révisions majeures, se servir des indicateurs comme base à la politique monétaire, c'est comme conduire avec un pare-brise en miettes", a prévenu dans une note Joel Naroff, économiste indépendant. "On risque de finir dans le fossé." D'autres observateurs, comme Michael James ne s'inquiètent pas pour autant, quand bien même le gouvernement américain a également révisé en baisse la croissance déjà médiocre du premier trimestre, à moins de 1% du PIB. "Dans une certaine mesure, le PIB, c'est un indicateur qui appartient au passé", a-t-il conclu. "Même si l'économie n'enregistre pas dans l'ensemble une performance extraordinaire, l'important c'est que des entreprises continuent individuellement à réussir à signer des résultats et des prévisions supérieures aux attentes", juge-t-il. Par ailleurs, les indices étaient sensibles aux résultats de poids lourds de la cote, les bonnes surprises réservées par les valeurs internet Google et Amazon s'équilibrant presque avec les contre-performances des majors pétrolières ExxonMobil et Chevron. Globalement, "nous sommes en phase de consolidation", a commenté David Levy, de Republic Wealth Advisors, estimant qu'aux niveaux très élevés actuels, "cela devient difficile de franchir de nouveaux sommets".
Internet porteur Alphabet, la maison-mère de Google, a gagné 3,33% à 791,34 dollars, après un bond de 43% de son bénéfice net du deuxième trimestre grâce à sa position de force dans la publicité en ligne, notamment sur mobile et en vidéo. Amazon a progressé plus modestement de 0,82% à 758,81 dollars, nouveau record de clôture, après avoir multiplié son bénéfice par neuf, avec une hausse de 31% de son chiffre d'affaires et des prévisions meilleures que prévu. Les autres résultats étaient plutôt moins bien accueillis, même si le laboratoire pharmaceutique Merck réussissait à avancer de 0,39% à 58,66 dollars. Le bénéfice net et le chiffre d'affaires ont dépassé les attentes, et le groupe a vanté le lancement de traitements phares pour rehausser un peu ses prévisions. La major pétrolière Chevron a réussi à progresser de 0,68% à 102,48 dollars, bien qu'elle soit tombée dans le rouge en raison de dépréciations d'actifs. En revanche ExxonMobil, membre du Dow Jones, a perdu 1,39% à 88,95 dollars. Le groupe a invoqué ses faibles marges dans le raffinage pour expliquer la baisse de ses résultats. La messagerie UPS a cédé 0,58% à 108,10 dollars. Son bénéfice a progressé comme prévu, mais son chiffre d'affaires a déçu, pénalisé par les échanges entre professionnels. Le voyagiste en ligne Expedia a perdu 2,20% à 116,65 dollars : son bénéfice net a fondu de 93%, et le bond de 32% du chiffre d'affaires n'a pas suffi à combler les attentes. La direction a convenu que la multiplication d'attentats en Europe risquait d'entraver le tourisme. Le groupe internet chinois Baidu a chuté de 3,64% à 159,60 dollars sur sa cotation américaine. Il a dévoilé un bénéfice en forte baisse et des prévisions décevantes, après un scandale en Chine visant les publicités sur son moteur de recherche.
Tokyo, déçue par la BOJ La Bourse de Tokyo, qui avait chuté en séance après l'annonce par la Banque du Japon (BoJ) d'ajustements mineurs à sa politique monétaire, a finalement terminé en hausse grâce aux valeurs financières soulagées du maintien à l'identique des taux négatifs. A l'issue des échanges, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a gagné 0,56% (+92,43 points) à 16 569,27 points. Sur l'ensemble de la semaine, il a cependant fléchi de 0,35%. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part progressé de 1,20% (+15,74 points) à 1 322,74 points. La séance a été extrêmement active avec plus de 3 milliards de titres échangés sur le premier marché. La BoJ a laissé le montant de son programme de rachat d'actifs inchangé, à 80 000 milliards de yens par an (690 milliards d'euros), mais elle a décidé de doubler la part allouée aux fonds cotés en Bourse (ETF), ainsi qu'un programme de prêt en dollars américains pour "soutenir les firmes japonaises à l'étranger". "Le marché espérait mieux, ce qui a provoqué une certaine déception et une flambée du yen", a commenté Yosuke Hosokawa, analyste de Sumitomo Mitsui Trust Bank.
SoftBank plébiscité Mitsubishi UFJ Financial Group a vu son titre bondir de 7,71% à 522 yens, Sumitomo Mitsui Financial Group de 7,75% à 3.308 yens et Mizuho de 5,69% à 167,1 yens. Le groupe de services financiers Nomura Holdings a également eu les faveurs des acheteurs (+12,54% à 469,2 yens). La séance a par ailleurs été animée par les résultats d'entreprises, alors que la saison bat son plein. L'opérateur de télécommunications SoftBank Group, poids lourd de la cote, a bondi de 6,28% à 5 703 yens, au lendemain de l'annonce de comptes trimestriels positifs et de propos plus qu'optimistes du P-DG Masayoshi Son. Sony, qui présentait ses résultats après la clôture, a de son côté avancé de 2,81% à 3 282 yens. Le fleuron de l'électronique a annoncé jeudi son intention de vendre son activité de batteries rechargeables lithium-ion à son compatriote Murata, un nouveau désengagement qui, s'il se concrétise, mettra fin à quatre décennies d'implication de Sony dans ce domaine. A l'inverse, le géant de l'aéronautique et de l'énergie Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a décroché de 4,11% à 443,1 yens. Il a fait état à la mi-journée d'une perte nette trimestrielle en raison de dépréciations liées au constructeur automobile Mitsubishi Motors (dont il est actionnaire), aux prises avec un scandale de fraude.