Le déficit commercial s'est creusé au premier semestre, sous l'effet notamment du ralentissement de l'économie mondiale, compromettant l'objectif du gouvernement français qui espérait le réduire cette année. "En 2016, malheureusement, le déficit risque de se creuser à nouveau", a reconnu le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, dans une interview accordée au Figaro à l'occasion de la publication par les Douanes des chiffres du premier semestre. Le déficit commercial de la France s'est détérioré au premier semestre de 1,1 milliard d'euros pour atteindre un total de 24 milliards, avec un recul simultané des exportations (-1,4%) et des importations (-1%). Dans le budget 2016, l'exécutif espérait ramener le déficit à 40,3 milliards d'euros cette année, soit son niveau d'avant-crise, après 45,7 milliards enregistrés en 2015. "L'objectif ne sera sans doute pas atteint, mais il n'y aura pas d'écart considérable", a expliqué Jean-Marc Siroën, professeur à l'université Paris Dauphine. "Ce n'est pas une détérioration énorme. Cela ne remet pas en cause la tendance à l'amélioration du solde depuis 2011", a-t-il soutenu. M. Fekl partage cet avis: "Partons d'abord du constat que les choses vont mieux depuis 2011: cette année-là, le déficit commercial atteignait près de 75 milliards d'euros et il était de 45 milliards en 2015", a-t-il rappelé, attribuant la performance attendue cette année au ralentissement de l'économie mondiale.
Mauvais alignement des planètes Ludovic Subran, chef économiste chez l'assureur Euler Hermes, s'attend à un déficit qui pourrait atteindre 55 milliards d'euros cette année, reflétant "un mauvais alignement des planètes". Mais il anticipe que le déficit revienne à 45 milliards dès l'an prochain. "Avec l'appréciation du dollar et la chute de la livre, la France est un peu moins compétitive", constate l'économiste, rappelant que les exportations ont reculé de 1,4% au premier semestre. Les importations se sont repliées de 1%. "Et nous bénéficions moins que l'année dernière du diptyque 'euro faible-pétrole bas'. Ce cocktail rend difficile une amélioration de la situation dans l'immédiat", a reconnu M. Fekl. Pour les Douanes, "la détérioration du solde commercial de 1,1 milliard (au premier semestre) s'explique "par l'élargissement du déficit manufacturier qui l'emporte sur l'allègement de la facture énergétique". Les exportations ont été pénalisées par la baisse des livraisons aéronautiques et spatiales, "notamment vers l'Asie et le Proche et Moyen-Orient". Les ventes de produits chimiques et métallurgiques ont également fléchi, ainsi que celles des équipements informatiques, électroniques et électriques, ont précisé les Douanes. En revanche, les exportations ont bénéficié de la livraison "du plus grand paquebot du monde au mois de mai", le navire "Harmony of the Seas". Selon les Douanes, les ventes de produits pharmaceutiques, de produits agricoles et de certains produits de luxe "sont bien orientées". Par zone géographique, les exportations ont souffert du "ralentissement économique des grands pays émergents" comme la Chine et le Brésil. Elles fléchissent même de 0,5% en Europe, notamment vers les Pays-Bas et l'Espagne. En revanche, elles retrouvent le chemin de la croissance vers l'Allemagne, le déficit bilatéral avec la première économie européenne se réduisant d'un milliard, à 6,2 milliards d'euros sur le semestre, précisent les Douanes. Dans le secteur automobile, la reprise des exportations engagée depuis 2013 s'est "renforcée" sur les six premiers mois de l'année (+1,6%), "dans un contexte de redressement de la production automobile en France, lié aux accords de compétitivité passés par les constructeurs français", assurent les Douanes. Les importations de véhicules automobiles ont toutefois aussi "fortement" augmenté, surtout depuis l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie et "les nouveaux Etats membres" de l'UE. En outre, "les exportations de produits agricoles se redressent, tirées par les livraisons de céréales vers les trois premiers clients" que sont l'Italie, l'Espagne et le Maroc.