Le parti islamiste Ennahda, première force politique au Parlement tunisien, a indiqué dimanche avoir quelques réserves sur la composition du gouvernement d'union, auquel il devrait toutefois accorder sa confiance, selon un de ses responsables. Le conseil de la Choura, la plus haute instance du mouvement, s'est réuni dimanche près de Tunis, au lendemain de l'annonce de cette liste par le Premier ministre désigné, Youssef Chahed. Nous avons quelques réserves et observations à transmettre au chef du gouvernement désigné, a déclaré à la presse son président, Abdelkarim Harouni, au terme de plusieurs heures de discussions. Nous n'accepterons aucun soupçon de corruption (parmi les membres du gouvernement), ni aucune personnalité qui pratiquerait l'exclusion envers Ennahda ou une autre partie, a-t-il ajouté, sans mentionner de noms. Ces réserves ne devraient toutefois pas empêcher le parti de voter la confiance, a avancé M. Harouni, soulignant que le conseil de la Choura avait ratifié le niveau de représentation du parti au gouvernement. Nous n'irons pas jusqu'à refuser en bloc le gouvernement, a affirmé le responsable, selon qui le groupe parlementaire fera connaître sa position précise (sur le vote) ultérieurement. Deux ministres d'Ennahda (Zied Ladhari et Imed Hammami) figurent dans la nouvelle équipe, contre un seul auparavant. Abdelkarim Harouni a même cité un troisième représentant en la personne d'Anouar Mâarouf, le nouveau ministre des Technologies de la communication et de l'Economie numérique. Ennahdha compte par ailleurs trois secrétaires d'Etat à son actif, a-t-il ajouté. Youssef Chahed, 40 ans, a été désigné le 3 août par le président Béji Caïd Essebsi pour former le gouvernement d'union nationale que le chef de l'Etat avait appelé de ses vœux deux mois plus tôt. Ce nouveau cabinet doit encore obtenir la confiance de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). La date du vote doit être fixée lundi par l'ARP. Avec 69 députés (sur 217), Ennahda constitue la première force du Parlement, depuis une scission en début d'année au sein du parti Nidaa Tounes, fondé par M. Essebsi et auquel appartient lui-même M. Chahed. La précédente coalition, dont les résultats étaient jugés insuffisants après 18 mois, était constituée de Nidaa Tounes, Ennahda, ainsi que du parti Afek Tounes (libéral) et de l'Union patriotique libre (UPL). L'UPL est absente de la nouvelle équipe gouvernementale. Quant à Afek, qui y compte deux ministres, il a affiché dimanche soir son mécontentement et demandé au Premier ministre désigné de revoir sa copie. Le gouvernement dans sa forme actuelle n'est pas acceptable, a écrit sur son compte Twitter Zeineb Turki, une responsable d'Afek, parti qui compte dix députés. Après être parvenu à obtenir la confiance du Parlement, le nouveau gouvernement devra s'atteler à une tâche encore plus ardue: redresser une économie tunisienne en crise, cinq ans après la révolution, point de départ des Printemps arabes. Il devra par ailleurs confirmer l'embellie sécuritaire des derniers mois, après la série d'attaques jihadistes sanglantes ayant frappé le pays entre mars 2015 et mars 2016.