En Libye, le Parlement de Tobrouk, réuni ce lundi 22 août, a refusé de donner sa confiance au gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et soutenu par la communauté internationale. Parallèlement à ce vote, le Parlement a appelé le Conseil présidentiel à nommer un nouveau gouvernement rapidement. Depuis le 29 mars, date de la formation du gouvernement d'union nationale en Libye (GNA) suite à l'accord politique inter-libyen signé au Maroc et parrainé par l'ONU en décembre 2015, c'est la première fois que le Parlement, installé à Tobrouk, dans l'est de la Libye, arrive à réunir le quorum. C'est ce qui a permis le vote. Selon un communiqué diffusé lundi par le Parlement, 101 députés étaient présents sur un total de 198 parlementaires. Aguila Saleh, président de cette instance ainsi que 61 députés ont voté contre Tripoli, un seul en faveur et 39 membres se sont abstenus. La majorité des parlementaires trouve que le GNA a échoué dans sa mission. Il a montré son " incapacité à gérer le pays ", indique le député Rida Omran avant d'ajouter que ce gouvernement, " né faible ", a déjà perdu quatre de ses membres. Le Parlement a demandé au Conseil présidentiel - institution composée de quatre membres - de former, dans les quinze jours, un nouveau gouvernement de crise qui sera composé de 8 à 12 ministres. En attendant, le Parlement a affirmé que toutes les décisions adoptées par le Conseil présidentiel étaient considérées comme " nulles et non avenues". Selon l'annonce constitutionnelle issue de l'accord politique de décembre 2015, il revient au Parlement de donner la confiance au gouvernement. Avocat en droit international, spécialiste de la Libye, Majid Bouden explique que le problème fondamental aujourd'hui en Libye et depuis la chute du régime de Kadhafi sont les profondes dissenssions entre les différentes factions dans le pays. " Avec le départ de Kadhafi, les factions ont voulu mettre la main sur les intérêts économiques qui sont colossaux en Libye. Et donc la rivalité est devenue tribale, mais sur un fond de redistribution des richesses. C'est ça le véritable problème. Il y a l'aspect politique, idéologique, qui s'est greffé là-dessus. Et on a eu les islamistes d'un côté et les libéraux de l'autre. Et puis il y a des questions de rivalités personnelles, de leadership. Et c'est un problème fondamental."
Une dernière chance à Fayez al-Sarraj Les députés libyens ont refusé lundi d'accorder leur confiance au gouvernement d'union nationale (GNA). Le Parlement, basé à Tobrouk, est reconnu par la communauté internationale, mais soutient un exécutif rival, basé à Baïda, à l'est du pays. Le Parlement libyen n'a pas accordé sa confiance au gouvernement d'union nationale (GNA) lundi 22 août, selon un porte-parole de cette Assemblée basée dans l'est du pays et proche d'une autorité rivale au GNA, tout en donnant au Premier ministre Fayez al-Sarraj une "dernière chance" pour qu'il propose un nouveau cabinet. Il s'agit d'un coup dur pour le GNA, en quête depuis des mois d'une légitimité susceptible de l'aider à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays et mener à bien l'énorme chantier pour sortir la Libye du chaos dans lequel elle se trouve depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011. "La majorité des députés présents à la séance du Parlement aujourd'hui ont refusé d'accorder leur confiance au gouvernement", a déclaré Adam Boussakhra, porte-parole du Parlement. Sur le plan de la sécurité, le GNA, basé à Tripoli, a toutefois réussi à rassembler des forces en vue de chasser de Syrte (450 km à l'est de Tripoli) l'organisation Etat islamique (EI). Depuis le début de cette offensive le 12 mai, les forces progouvernementales ont réussi à s'emparer d'une grande partie de la ville.