L'accord de trêve russo-américain en Syrie est particulièrement fragile mais il reste la seule base pour parvenir à amorcer un règlement du conflit, a déclaré lundi à New York le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault. L'accord est particulièrement fragile, les dernières heures le montrent, mais il doit conserver une lueur d'espoir, il est la seule base sur laquelle la communauté internationale peut s'appuyer pour résoudre la tragédie syrienne, a déclaré M. Ayrault lors d'une conférence de presse en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. La voie est très étroite, mais il y a un fil, il faut absolument le tirer pour obtenir un cessez-le-feu, permettre l'accès de l'aide humanitaire et la reprise des négociations politiques, a poursuivi le ministre, reconnaissant cependant que tout est bloqué aujourd'hui. La trêve arrachée aux forceps le 9 septembre par Moscou et Washington ne tient plus qu'à un fil, en raison des violations répétées sur le terrain et de la tension accrue entre les deux parrains de l'accord, qui s'accusent mutuellement de ne pas respecter leurs engagements. La seule voie possible, c'est que tout le monde joigne ses efforts et prenne ses responsabilités, a insisté M. Ayrault, appelant à la mobilisation collective. Au nom de la France, je proposerai que soit mis en place un mécanisme efficace de surveillance (de la trêve), a ajouté le ministre français, qui a récemment appelé son allié américain à donner plus d'information sur l'accord du 9 septembre, dont les détails sont secrets. Ce qui manque dans cette affaire, c'est la bonne foi et la sincérité, a déploré M. Ayrault, réitérant que les violations du cessez-le-feu sont le fait du régime de Damas et de ses soutiens, dont les Russes. Il s'est également dit consterné des déclarations des représentants du régime syrien qui se drapent dans la vertu. N'ayons pas la mémoire courte: la réalité ne fait aucun doute, c'est le régime qui est à l'essentiel la cause du drame syrien, qui a fait plus de 300.000 morts et des millions de réfugiés depuis mars 2011, a-t-il répété.
John Kerry croit encore au maintien de la trêve Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, coparrain du très fragile cessez-le-feu en Syrie, s'est refusé lundi à enterrer cette trêve et a laissé entendre que de l'aide humanitaire allait parvenir à des populations civiles assiégées dans la région d'Alep. La cessation des hostilités, instaurée pour sept jours depuis le 12 septembre, tient mais reste fragile, a répondu à quelques journalistes M. Kerry en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York qui s'ouvre cette semaine. L'assistance humanitaire est en train d'être acheminée aujourd'hui vers huit différents sites dans le nord de la Syrie, a ajouté le ministre américain. Il a précisé que le groupe de travail américano-russe réuni depuis des semaines à Genève pour la mise en place de cette trêve et l'acheminement de l'aide humanitaire était encore à pied d'oeuvre ce lundi et que nous verrons où nous en sommes au cours de la journée. Mais pour le général de l'armée russe Sergueï Roudskoï, cette trêve en Syrie n'a pas de sens après les violations répétées du cessez-le-feu par les rebelles et l'incapacité des Etats-Unis à coopérer. Ce haut responsable de l'état-major russe a accusé les Etats-Unis et les rebelles qu'ils contrôlent, la soi-disant opposition modérée, de n'avoir respecté aucun des engagements prévus par l'accord de Genève du 9 septembre trouvé entre M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov. Un des volets de cet accord américano-russe, la cessation des hostilités, ne tient désormais plus qu'à un fil après les frappes samedi de la coalition contre l'armée syrienne dans l'est et les premiers raids depuis une semaine à Alep. Et le ton est brutalement monté entre les coparrains russe et américain qui s'accusent mutuellement de faire capoter le cessez-le-feu. Cette trêve se termine en principe lundi soir. Le conflit syrien va dominer une fois encore l'Assemblée générale de l'ONU, grand rendez-vous diplomatique mondial qui s'ouvre officiellement mardi à New York, où des réunions internationales ont déjà commencé. En cinq ans, la guerre en Syrie a fait plus de 300.000 morts et la moitié de la population a été chassée de chez elle. Si une partie a été déplacée à l'intérieur du pays, plus de quatre millions de personnes ont été contraintes à l'exil.