notre pays ne se lance-t-elle pas, à l'aveuglette, dans des horizons sombres où le démantèlement tarifaire risque d'aggraver l'état de son économie malade. Après le 4e round Algérie-OMC, en novembre 2002, le 5e round est prévu pour les jours à venir, à Genève, siège de l'organisation. Il serait question, entre autres lors de ce «contact», de faire le point sur la situation de la progression des négociations bilatérales, la «transformation» juridique de l'Algérie aux normes OMC, l'examen du régime du commerce extérieur de l'Algérie sur la base du mémorandum, déposé en juillet 1996 et réactualisé en juillet 2001, des questions additionnelles et autres documents complémentaires. Selon le Quotidien d'Oran, les membres de l'unité centrale des négociateurs, et d'autres secteurs, encadrés par la Cnuced et l'OMC, se sont rencontrés, hier, à l'hôtel Sheraton, afin de mettre à plat tout ce qui risque de retarder le processus d'adhésion. Une première, l'APN compte, aujourd'hui, ouvrir un «débat» sur «le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC», en attendant que ce même débat, qui engage entièrement le devenir économique du pays, soit élargi à la société dans toute ses composantes. Cependant, les Algériens semblent toujours «confiants», et pour cause: l'adhésion de l'Algérie. Le président du conseil général de l'OMC, l'Uruguayen Carlos Perez del Castillo, a, lors de son dernier séjour en Algérie, au mois de mars dernier, estimé que «grâce au bon travail fait par les négociateurs algériens et aux progrès réalisés», l'Algérie garderait «toutes ses chances»pour une adhésion prévue, au plus tard, durant le premier semestre 2004. Le président du CG de l'OMC est, faut-il le rappeler, président du groupe de travail en charge de l'adhésion de l'Algérie au sein de cette organisation mondiale. Accélérer le rythme des négociations et fixer un timing pour compléter l'arsenal juridique algérien, en fonction des «attentes» des pays membres de l'OMC, du moins les plus influents, seraient les principales exigences attendues de l'Algérie. Sur ce plan, et selon Boukrouh, lors d'un forum d'El Moudjahid, en novembre 2002, l'Algérie aurait accéléré, sensiblement, le cycle des négociations depuis juillet 2001 en plus de l'élargissement de la gamme des secteurs ouverts à la négociation commerciale, notamment les services à l'exception de la culture, de l'éducation et de la santé, dont la «législation n'est pas encore conforme aux standards OMC», a-t-il ajouté. Toutefois, rien que pour le secteur de la santé, la «réforme», momentanément gelée, d'Aberkane, ministre de la Santé, n'a été retirée qu'à la suite des émeutes qui ont éclaté à l'est du pays, en 2002. Or, à voir des représentants du gouvernement s'enorgueillir du fait que l'Algérie a «réussi» à satisfaire les exigences des membres de l'OMC, en faisant passer le «respect des délais», imposés par celle-ci, pour une prouesse nationale, il y a là plus que matière à interrogation. En effet, si rien que pour la «réforme» de la santé et ses conséquences de paupérisation, la paix sociale a été instantanément ébranlée, quel lendemain, sombre, attend les Algériens, à l'ombre du démantèlement tarifaire? «Si le secteur public n'améliore pas sa production, ses produits, il sera très exposé lors du démantèlement tarifaire», a laissé entendre Temmar, en février, lors d'une rencontre avec les opérateurs publics et privés, à Blida. «Inquiet», le ministre libéral ajoute, en donnant l'exemple, assez réducteur, des CD-ROM dupliqués (gravés), que «ce marché fait vivre plus de 6000 personnes. Nous n'avons pas voulu intervenir pour le moment, mais cela viendra lorsque l'accord d'adhésion avec l'OMC sera signé». Un exemple réducteur. Car, par démantèlement tarifaire à 100% il est entendu la disparition, totale du moindre mécanisme douanier de protection...de l'économie nationale. Son début (démantèlement) a commencé avec la Loi de finances complémentaire (LFC) de 2001, qui, dans son chapitre fiscal, a introduit un rabaissement du tarif douanier maximal, ramené à 40 % (au lieu de 45 %). Par compensation et à titre «transitoire», la même LFC a introduite un Droit additionnel provisoire (DAP) de 60 % sur certains produits importés, agricoles, alimentaires et textiles, notamment. Le secteur économique, public et privé, n'est ni compétitif ni performant. A ce constat, non reluisant, le démantèlement tarifaire ne peut que précipiter la disparition de ce qui reste de l'économie nationale, encore une fois, sous le coude des «impératifs économiques» de notre ère. Ce scénario catastrophe est plus que certain dès lors que la qualité de «la négociation» de la partie algérienne, est jugée «frileuse», par absence, semble-t-il, de compétence. Il s'avère que le gouvernement algérien s'est déjà attelé à rattraper ce gap de compétences par des formations de négociateurs, sous l'égide de l'OMC et la Cnuced.