Wall Street attend surtout les chiffres de l'emploi cette semaine après avoir été ballottée par la politique, le pétrole et enfin les inquiétudes sur Deutsche Bank. Par rapport à la semaine précédente, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 0,26% à 18 308,15 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 0,12% à 5 312,00 points. Sur la semaine le Dow Jones a progressé de 0,26% et le Nasdaq de 0,12%. "Le marché est influencé par uniquement les nouvelles du jour, détachées de toute analyse d'investissement", a résumé Gregori Volokhine de Meeschaert, ce qui a provoqué des mouvements en dents de scie. Wall Street a été saisie jeudi par un regain d'inquiétudes sur la santé de Deutsche Bank après la décision de plusieurs fonds d'investissements de réduire leur exposition à la banque allemande, selon deux sources anonymes, avant d'être rassurée vendredi et de repartir à la hausse. L'optimisme est revenu lorsqu'une source proche du dossier a indiqué vendredi que Deutsche Bank se serait entendue avec les autorités américaines sur le paiement d'une amende de 5,4 milliards de dollars pour solder un litige remontant à la crise financière, soit bien moins que les 14 milliards de dollars que lui réclamait initialement le ministère américain de la Justice (DoJ). La banque est, selon le FMI, la plus susceptible de causer des dommages en cas de faillite. Ces nouvelles alternativement négatives puis positives ont entraîné les valeurs bancaires américaines et l'ensemble de la Bourse de New York à la baisse puis à la hausse. Avant cela, Wall Street avait trouvé un peu de dynamisme dans un premier débat de la présidentielle américaine dominé, selon la plupart des analystes, par la démocrate Hillary Clinton. "Il ne faut pas tirer de conclusion hâtive mais cela implique qu'elle pourrait gagner l'élection, ce qui signifie qu'il y aurait plus de continuité et de stabilité à la fois pour l'économie et sur les marchés financiers américains", a indiqué Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors, rappelant que les investisseurs n'aimaient pas l'incertitude et l'instabilité. Le pétrole, dopé par l'annonce mercredi d'une réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a ensuite pris le relais et permis à la Bourse de New York de progresser. "Si les prix du pétrole se stabilisent cela est positif à la fois pour les résultats globaux des entreprises de l'indice S&P 500 et c'est bon pour les marchés d'actions. De plus, cela serait positif pour les marchés émergents qui souffrent globalement de la faiblesse des matières premières", a détaillé Tom Cahill de Ventura Wealth Management. Vers l'emploi "La semaine prochaine sera importante surtout avec la publication des chiffres de l'emploi pour le mois de septembre. De nombreux économistes et stratégistes s'attendent à de bonnes statistiques", a indiqué Hugh Johnson. Au-delà de leur importance pour jauger la santé de l'économie américaine, ces chiffres, publiés jeudi, seront scrutés de près par les investisseurs à l'aune de la politique monétaire américaine. En effet, les marchés s'interrogent toujours sur une hausse des taux d'ici la fin de l'année et estiment que de bons chiffres pourraient pousser la Réserve fédérale à l'action. Les acteurs de marchés seront également attentifs aux ventes d'automobiles aux Etats-Unis pour septembre et à l'indicateur ISM sur la santé du secteur industriel. Au-delà, le début de la saison des résultats trimestriels d'entreprises pourrait donner le ton à la Bourse de New York. "Même si les résultats du troisième trimestre devraient rester dans le rouge comparés à la même période un an plus tôt, ils pourraient être assez positifs pour la première fois depuis début 2015", a expliqué Hugh Johnson. Fin de semaine en hausse Wall Street a terminé la semaine en hausse vendredi, rassurée sur l'avenir de Deutsche Bank grâce à la perspective d'un accord avec la justice américaine. Au centre de toutes les inquiétudes, Deutsche Bank se serait entendue avec les autorités américaines sur le paiement d'une amende de 5,4 milliards de dollars pour solder un litige lié aux emprunts toxiques remontant à la crise financière, a indiqué une source proche du dossier. Ce montant serait bien en dessous des 14 milliards initialement réclamés par le ministère américain de la Justice (DoJ). "Cela a été l'incertitude de la semaine. Deutsche Bank est en fait correctement capitalisée, mais s'ils avaient été forcés de payer 14 milliards de dollars, cela aurait été une toute autre histoire. A 5,4 milliards, ils peuvent s'en sortir", a jugé Chris Low de FTN Financial. Les inquiétudes sur la santé de la Deutsche Bank avaient été ravivées jeudi quand des fonds d'investissements avaient réduit leur exposition à la banque allemande, avaient indiqué deux sources anonymes. Les banques se redressent Deutsche Bank a clôturé en hausse de 6,39% à Francfort et a accéléré ses gains par la suite pour sa cotation à New York (+14,02% à 13,09 dollars) Dans son sillage, les principales banques américaines se sont ressaisies: Goldman Sachs a pris 1,46% à 161,27 dollars, Citigroup 3,12% à 47,23 dollars, Bank of America 3,23% à 15,65 dollars, JPMorgan 1,43% à 66,59 dollars et Morgan Stanley 3,29% à 32,06 dollars. Pour son entrée au Nasdaq, le groupe technologique Nutanix s'est envolé de 131,25% à 37,00 dollars. Le géant américain de l'aluminium et des métaux composites Alcoa a annoncé jeudi que sa scission en deux sociétés indépendantes cotées sera effective à compter du 1er novembre et a pris 1,81% à 10,14 dollars. Le fonds new-yorkais Och-Ziff devra payer 413 millions de dollars d'amende pour mettre fin aux poursuites liées à des accusations de pots-de-vin versés à des responsables gouvernementaux pour obtenir des droits sur des mines et des diamants en Afrique. Son titre a reculé de 3,34% à 4,34 dollars. Tokyo entame la semaine sur un net rebond La Bourse de Tokyo a rebondi hier, les investisseurs ignorant l'annonce d'une stagnation du moral des grandes industries japonaises pour retenir des nouvelles jugées rassurantes sur la Deutsche Bank, dont la situation financière avait fait trembler les marchés la semaine dernière. A l'issue des échanges, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a gagné 0,90% (+148,83 points) à 16 598,67 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part progressé de 0,60% (+7,94 points) à 1 330,72 points. La séance a été très peu active, avec moins de 1,5 milliard de titres échangés sur le premier marché. Sur le volet des changes, le dollar est remonté autour de 101,45 yens, contre 101,20 yens vendredi à la fermeture. L'euro s'est redressé à 113,95 yens, contre 113,30 yens. Ces mouvements incitent généralement à acheter des titres de groupes exportateurs. La Bourse de Tokyo avait chuté de 1,5% vendredi, plombée par la Deutsche Bank, mais entretemps les donneurs d'ordres ont appris que le géant bancaire allemand pourrait finalement n'avoir à verser qu'une amende de 5,4 milliards de dollars pour solder un ancien litige aux Etats-Unis lié à la crise des "subprimes". Dans la foulée, l'action s'était redressée à Francfort, entraînant dans son sillage la plupart des places européennes et Wall Street. Tokyo a à son tour réagi positivement hier. Publiée peu avant l'ouverture, l'enquête Tankan de la Banque du Japon (BoJ) a fait état d'une stagnation du moral des grandes industries japonaises, bloqué au plus bas depuis mi-2013. Les économistes espéraient mieux mais cet indice décevant n'a guère pesé sur le marché. MHI dans les radars Sur le front des valeurs, le secteur bancaire a retrouvé quelques couleurs, sans enthousiasme cependant, à l'image de Mitsubishi UFJ Financial Group (+0,41% à 507,2 yens) et de Mizuho (+0,05% à 168,7 yens). Le secteur de l'automobile, délaissé vendredi, s'est lui aussi modestement ressaisi, à la faveur du repli du yen: Toyota a avancé de 0,20% à 5 791 yens, Nissan de 0,03% à 983 yens. Dans l'autre secteur phare qu'est l'électronique, Sony a pris 1,27% à 3 335 yens, Panasonic 0,04% à 1 002,5 yens. Autre action surveillée, celle du conglomérat industriel Mitsubishi Heavy Industries (-1,67% à 412,1 yens). Le groupe a reconnu qu'existait un risque de cinquième report pour des raisons techniques des premières livraisons à ANA Holdings de son avion régional MRJ. Le premier exemplaire de cet appareil, qui devait initialement être remis à la compagnie japonaise en 2013, ne le sera qu'à compter de 2019, avait assuré dans ses éditions du week-end le quotidien économique Nikkei. Le géant de la distribution japonais Seven & I Holdings a lui aussi divisé par plus de deux son estimation de bénéfice net annuel, mais les investisseurs n'ont pas sanctionné le titre qui a fait du surplace (-0,02% à 4 752 yens). Les analystes tablent en effet sur un rebond rapide du groupe grâce aux réformes entreprises et à la stratégie de moyen terme que doit annoncer le nouveau patron jeudi.