Le 17 décembre 2007, la cinquième conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l'énergie, réunie à Limassol (Chypre), a adopté l'objectif de création à terme d'un "marché commun de l'énergie" entre l'Europe et la Méditerranée. En effet, les 37 ministres de l'Energie (UE-Afrique du Nord et Moyen-Orient) et le commissaire européen en charge de l'Energie, Andris Pielbags, ont fixé plusieurs objectifs en vue d'établir un marché commun euro-méditerranéen de l'énergie. Ils se sont ainsi engagés à harmoniser progressivement leur politique et leur législation en matière énergétique, et à développer les interconnexions entre les réseaux de gaz et de l'électricité. Cette démarche, en plus d'être pertinente, est nécessaire d'autant que l'énergie est un secteur clé qui réunit les deux rives de la Méditerranée. L'Europe n'a pas de ressources énergétiques, ou du moins très peu, donc elle les importe de la rive sud de la Méditerranée notamment de l'Algérie et de la Libye pour le pétrole et le gaz, et l'Egypte pour le gaz. Par ailleurs, les ressources en devises de ces pays fournisseurs proviennent principalement du pétrole et du gaz. De ce fait, il existe une certaine complémentarité entre ces pays qui dépendent de ces échanges. Encore plus, les pays d'Afrique du Nord investissent, également, dans les énergies renouvelables (solaire, éolienne) qui peuvent être développées par l'Europe qui cherche la diversification au niveau du plan énergétique. Pour rappel, le dialogue entre l'Union européenne et les pays méditerranéens sur les questions énergétiques a commencé dès 1995 avec le processus de Barcelone, qui visait à mettre en place une zone de libre-échange d'ici 2010. Cependant, les progrès ont été longs à venir du fait des faibles ambitions de l'UE. Néanmoins, dans un contexte d'inquiétudes grandissantes concernant la sécurité de l'approvisionnement en énergie, l'UE semble avoir changé le fusil d'épaule. L'UE a en effet déclaré qu'elle investirait plus de 3,2 milliards d'euros dans des projets d'infrastructures d'intérêt commun pendant les quatre prochaines années, notamment dans l'installation d'un gazoduc Maghreb-Europe et d'un gazoduc transsaharien qui permettrait à l'Europe d'importer du pétrole nigérian via l'Algérie. L'établissement d'interconnexions électriques entre l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Turquie et leurs voisins européens que sont l'Espagne, l'Italie et la Grèce, sera également une question prioritaire. Dans ce contexte, l'Algérie se dit résolue à contribuer à l'émergence d'un marché énergétique euro-méditerranéen "dynamique", fondé sur la sécurité de l'approvisionnement et de la demande."Aujourd'hui, plus que jamais, l'Algérie est résolue à apporter sa propre contribution à l'émergence d'un marché énergétique euro-méditerranéen dynamique qui soit fondé sur la sécurité de l'approvisionnement et de la demande", avait déclaré M. Medelci lors de son intervention à la 9e conférence ministérielle euro-méditerranéenne qui s'est tenue dans la capitale portugaise en novembre dernier. L'ambition de l'Algérie est que le partenariat euro-méditerraéen dans ce domaine, portant également sur la sécurité de la demande, "permette d'aller au-delà des simples opérations commerciales pour participer, dans le cadre d'investissements croisés, à la réalisation d'infrastructures énergétiques, de part et d'autre de la Méditerranée". Avant même le lancement du processus euro-méditerranéen, l'Algérie avait parié sur l'Europe en procédant notamment à des investissements massifs dans le domaine énergétique destinés à sécuriser l'approvisionnement régulier du marché européen en gaz. Ces investissements se développent de façon remarquable.