L'Algérie est sous-exploitée et continue de l'être, a indiqué le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, lors d'une rencontre-débat organisée, mercredi, par le club Excellence Management, durant laquelle le ministre a exposé la stratégie de son secteur et ce, à la lumière des bouleversements que connaît le marché énergétique. Face aux patrons membres du club qui ont évoqués l'état des réserves d'hydrocarbures de l'Algérie et leur exploitation, M. Khelil a souligné que "exploiter ou garder dans le sous-sol" est le grand débat. Cependant, il indique que l'évolution de la technologie a "repoussé les limites des ressources accessibles". Pour l'exemple, le ministre a relevé que l'Algérie a plus que renouvelé ses réserves de pétrole par rapport au débuts des années 1970. Il a rappelé, dans ce contexte, que le champ de Hassi Messaoud devait se tarir, selon les prévisions des années 70, depuis déjà longtemps, alors qu'il est toujours opérationnel."Hassi Messaoud sera encore là et pour longtemps", a conclu M. Khelil. Dans son exposé sur la stratégie de l'Algérie en matière d'hydrocarbures, il est revenu sur les réajustements entrepris récemment par Sonatrach dans l'amont pétrolier. Le ministre a indiqué que Sonatrach va privilégier désormais dans ces prochains appels d'offres les partenaires pouvant apporter de la technologie et du savoir-faire en matière de management, des éléments indispensables pour la préservation, le développement et la valorisation de notre domaine minier. A la récurrente question de la facturation du pétrole, la monnaie de référence du pétrole est le dollar, M. Khelil a répondu qu'"il n'est pas nécessaire pour l'Algérie de changer de monnaie de facturation de son pétrole", d'autant que la Banque centrale "gère assez bien la situation". Concernant les perspectives du marché pétrolier, M. Chakib Khelil, également président de l'Opep, a estimé que le baril devrait se traiter entre 80 et 90 dollars au premier trimestre de cette année, ajoutant qu'une prévision était difficile à faire pour le reste de 2008 tant que l'impact de la crise du crédit n'aurait pas été pleinement mesuré. Les risques de récession économique aux Etats-Unis sont les prémices d'une situation difficile durant cette année. Pour le ministre, s'il y a récession la demande va fléchir. En d'autres termes, avec les tensions géopolitiques notamment au Nigeria et la baisse de production en Norvège, il est difficile de dire où en seront les prix cette année. M. Khelil a souligné, par ailleurs, que si la récession est écartée, la demande durant les 3e et 4e trimestre va croître. Cette situation d'incertitude, incite la prudence du président de l'Opep qui a affirmé que l'Opep est prête à augmenter son offre en brut "si la demande des pays consommateurs est réelle". "S'il n'y a pas de demande réelle, il n'y a pas de raison d'augmenter l'offre" à la prochaine réunion extraordinaire de l'Organisation prévue en février à Vienne. "Il y aura un échange de points de vues" sur ce point, a dit le ministre, en ajoutant que seul "un consensus déterminera s'il y aura augmentation ou non". Il précisera, cependant, qu'il ne sera pas nécessaire d'augmenter l'offre si la demandé baisse durant le deuxième trimestre, puisque cela va aider les stocks à se reconstituer à des niveaux raisonnables. Le président de l'Opep a, par ailleurs, réaffirmé que les niveaux de prix considérés comme élevés sont à relativiser. Selon lui, le prix moyen de l'année 2007 pour le panier de brut de l'Opep est de 69,1 dollars le baril. Il est de 10% supérieur à celui de 2006 seulement. En termes réels, a-t-il ajouté, ce prix moyen annuel est nettement inférieur aux prix connus au début des années 1980. A cela s'ajoute, a expliqué M. Khelil, la hausse des matières premières et des services qui ont considérablement augmenté les coûts des projets, induisant par là des allongements de délais de réalisation, des reports, et parfois l'abandon. En conclusion, M. Khelil a indiqué que les défis sont ceux de l'offre, la disponibilité de la ressource à long terme. Ces défis de l'offre sont des défis d'investissements. A ce sujet, il a noté que les pays producteurs-exportateurs notamment du Moyen- Orient et d'Afrique, ont "consenti des efforts louables" pour "assurer un approvisionnement satisfaisant" de l'économie mondiale.