Selon un rapport de la Banque centrale (BCT) publié en plein bras de fer entre le gouvernement et le syndicat UGTT sur la prochaine loi de finances, le déficit du budget 2016 de l'Etat tunisien a culminé à 1,5 milliard d'euros fin octobre. L'exécution du budget de l'Etat à fin octobre fait apparaître une détérioration du déficit budgétaire à 3,7 milliards de dinars (1,5 milliard d'euros), contre 1,5 md de dinars (610 millions d'euros) l'an dernier à la même date, relève la note de conjoncture de la BCT. Dans ces conditions, le déficit courant s'est nettement élargi en octobre pour atteindre 7,5% du PIB, ajoute l'institution, d'après laquelle ce taux devrait même avoisiner 8,5% à la fin de l'année. La BCT confirme par ailleurs que la croissance n'a été que de 0,2% au 3e trimestre et qu'elle ne devrait être au mieux que de 1,4% sur l'ensemble de 2016. Entré en fonctions fin août, le gouvernement d'union tunisien affirme que le pays se trouve en état d'urgence économique et tente de faire adopter un budget 2017 qui comporte plusieurs mesures de rigueur, dont un gel d'un an des salaires dans la fonction publique. Cette dernière disposition est vivement contestée par le puissant syndicat UGTT, qui a appelé à une grève générale dans le public pour jeudi, deux jours avant la date limite pour l'adoption du budget au Parlement. Samedi, la ministre des Finances, Lamia Zribi, a assuré sur la radio Mosaïque FM que le dialogue se poursuivait avec l'UGTT. Elle a toutefois prévenu que la mesure salariale constituait une ligne rouge pour le Fonds monétaire international (FMI). La Tunisie a obtenu en mai un nouveau plan d'aide du FMI, d'un montant de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans, en échange de réformes socio-économiques. Le projet de budget 2017 prévoit notamment une réforme de la fiscalité, à l'origine de récentes manifestations, notamment des avocats. Le conseil de l'ordre des avocats a même récemment réclamé la démission de Mme Zribi. Sur 8.000 avocats, seuls 4.000 déclarent leurs revenus à ce jour, a rétorqué jeudi la ministre devant le Parlement. Malgré le succès de sa transition démocratique, la Tunisie ne parvient toujours pas à faire redémarrer son économie, six ans après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali. En raison de la détérioration des finances publiques, l'agence de notation Moody's a prévenu le mois dernier que la note accordée à la dette souveraine du pays (Ba3) pourrait être abaissée à moyen terme. Une conférence internationale des investisseurs s'est tenue dans ce contexte cette semaine à Tunis. Les engagements fermes et promesses d'aides des participants -le plus souvent sous forme de prêts- ont atteint 14 mds d'euros, selon le gouvernement. La Tunisie fait face à des circonstances exceptionnelles et a besoin d'un soutien exceptionnel, a clamé le président tunisien Béji Caïd Essebsi à la conférence.