L'Autorité bancaire européenne (EBA) a prévenu vendredi que le niveau élevé des créances douteuses restait l'un des principaux risques pour le secteur européen, affectant particulièrement les banques italiennes. Le régulateur européen, qui publie un état des lieux annuel de 131 banques de l'Union européenne, explique que la part de ces créances au sein de l'ensemble des prêts a légèrement reculé au deuxième trimestre 2016 (5,4%) par rapport à fin 2014 (6,5%). L'EBA avertit toutefois que leur ampleur reste élevée et surtout que les différences sont très marquées selon les pays. Les "prêts non performants", ou créances douteuses, sont des crédits qui pourraient ne jamais être remboursés à la banque par des entreprises ou particuliers dans des situations financières délicates. Ce problème touche particulièrement les banques issues des pays les plus fragiles économiquement. Cette étude est dévoilée alors même que les banques italiennes sont en pleine tourmente financière précisément en raison de l'énorme masse de leurs créances douteuses, évaluées à 360 milliards d'euros pour l'ensemble du secteur. Les chiffres détaillés fournis par l'EBA montrent que la part des créances douteuses des banques italiennes passées en revue atteint 16,4% soit bien plus que la moyenne européenne. C'est certes en dessous du Portugal (20%) et de la Grèce (47%) mais bien plus que l'Espagne (6%) par exemple. La France est quant à elle à 4% et l'Allemagne à 2,7% confirmant la bonne santé globale de leur système bancaire. Sans grande surprise, la banque italienne BMPS (Monte dei Paschi di Siena) est très mal lotie avec un taux de créances douteuses qui s'établit à 33,3%. L'établissement, la plus vieille banque du monde, concentre les inquiétudes et a dû récemment mettre en place un plan de sauvetage pour éviter la faillite, via une vaste cession de créances douteuses et une augmentation de capital pouvant atteindre 5 milliards d'euros. Elle avait d'ailleurs affiché les pires résultats aux tests de résistance publiés fin juillet par l'EBA. La pression des marchés est d'autant plus forte sur le secteur italien que le pays procède dimanche à un référendum constitutionnel à risque au cours duquel le gouvernement de Matteo Renzi joue son avenir. L'EBA recommande de prendre à bras-le-corps ce problème des créances douteuses en Europe qui doit mobiliser les régulateurs, passé par des réformes structurelles et le développement d'un marché secondaire, qui puisse faciliter la cession de certains portefeuilles de prêts. Par ailleurs, sur un plan plus positif, l'Autorité observe que les banques européennes ont en moyenne les reins de plus en plus solides. Leurs bilans ne cessent de se renforcer, comme le montre la progression continue du ratio de solvabilité (fonds propres dits "durs" rapportés aux actifs pondérés des risques) qui a grimpé à 13,6% en juin 2016. Les banques lèvent non seulement régulièrement de l'argent frais mais ont une politique de dividende raisonnable ce qui leur permet de mettre de côté une part plus grande de leurs bénéfices malgré une rentabilité rognée par la faiblesse actuelle des taux d'intérêt. Ce contexte de taux bas, issu de politiques monétaires très accommodantes des grandes banques centrales, est l'autre risque pointé par l'EBA, en plus des créances douteuses. Les banques ont ainsi plus de mal à réaliser des marges tant sur les prêts accordés que sur leurs placements financiers.