Le président italien Sergio Mattarella devait entamer samedi d'ultimes tractations avec les partis politiques dans l'espoir de dénouer la crise ouverte par la démission de Matteo Renzi. Elections anticipées, gouvernement d'union nationale: chacun défend sa solution. Les représentants de toutes les formations politiques représentées au Parlement italien défilent depuis vendredi matin au Quirinale, le siège de la présidence italienne. Vendredi soir, la Ligue du Nord, parti anti-euro et anti-immigration, a confirmé devant le président son exigence d'élections anticipées. D'autres partis, dont le Mouvement Cinq Etoiles, populiste et anti-système, sont sur la même ligne, mais cette solution n'est pas nécessairement celle que retiendra M. Mattarella. Ce dernier devra désigner le futur chef du gouvernement qui pourrait bien être le président du Conseil démissionnaire, Matteo Renzi. Mais M. Renzi n'apparaît guère disposé à remplir ce rôle, après le non massif des Italiens au référendum constitutionnel dimanche. Cette solution de continuité aurait néanmoins, selon la presse italienne, les faveurs du chef de l'Etat, qui a surtout à cœur de préparer une transition ordonnée. D'autant que la situation délicate dans laquelle se trouve depuis vendredi la BMPS, troisième banque italienne et plus ancienne de la planète, a accentué la nervosité sur les marchés. La Banque centrale européenne (BCE) lui a refusé le délai qu'elle demandait avant de lancer une augmentation de capital, ce qui la contraint à se tourner vers le gouvernement démissionnaire pour se sortir d'affaires. L'agence Moody's a de son côté annoncé vendredi envisagé d'abaisser la note de sept banques italiennes. Dans ce contexte, la cote du ministre des Finances Pier Carlo Padoan, déjà favori dans les journaux, pourrait remonter. Le ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni est l'autre grand favori du "Totopremier", exercice préféré des médias italiens lors des crises politiques, inspiré du loto sportif (totocalcio). Matteo Renzi, bien que toujours chef de son Parti démocrate (PD), n'été pas à la tête de la délégation qui été reçue par le chef de l'Etat vers 18h00. L'auront précédé les représentants de Forza Italia, le parti de l'ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi, et du Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo, deuxième force politique en Italie avec 27% des voix derrière le Parti démocrate (32,5%), selon un sondage réalisé après le référendum de dimanche. Les autres noms régulièrement cités pour la course à la présidence du Conseil sont celui du président du Sénat, Pietro Grasso, reçu vendredi soir par M. Mattarella, et du ministre des Transports Graziano Delrio. Ce nouveau gouvernement pourrait être chargé de changer la loi électorale avant de préparer des élections anticipées en 2017. La législature actuelle doit prendre fin normalement en février 2018. Mais plusieurs commentateurs lui prédisent déjà une longue vie, avançant des raisons politiques internes ou d'ordre international. L'Italie assure dès le mois de janvier la présidence du G7, le groupe des sept pays les plus riches de la planète, et organise un sommet de ses dirigeants en mai en Sicile. Elle rejoint aussi l'an prochain le Conseil de sécurité des Nations unies. Mais la raison essentielle serait à chercher dans la résistance des 945 parlementaires italiens. La plupart d'entre eux, ironise la presse italienne, a absolument besoin de rester en poste jusqu'en septembre 2017 s'ils veulent prétendre à une retraite complète.