Un rapport de l'Agence Mondiale Anti-dopage présentant un système de dopage organisé par Moscou. Les athlètes russes privés de Jeux Olympiques, puis en partie réintégrés. A dix jours de l'ouverture des Jeux de Rio, la situation est pour le moins confuse. Voilà de quoi y voir plus clair. Ce qui a tout déclenché : le rapport McLaren Richard McLaren est un juriste canadien. C'est lui qui a présenté le rapport éponyme, lundi 18 juillet, accablant pour le sport russe. Il y est prouvé un dopage organisé par l'Etat entre 2010 et 2015, sous la supervision du ministre des sports Vitali Moutko. Concrètement, le laboratoire de Moscou, accrédité par l'Agence Mondiale Anti-dopage (AMA), a blanchi 88% des cas d'athlètes russes contrôlés positifs, soit au minimum 643 contrôlés positifs, mais déclarés négatifs à l'AMA. Cela concerne principalement des athlètes et des haltérophiles, mais aussi des joueurs de hockey, des cyclistes ou encore des footballeurs. Plus fort encore, aux J.O. de Sotchi, un officier du FSB (ex-KGB) s'est fait accréditer pour pouvoir exfiltrer les échantillons sales et les remplacer par d'autres prélevés avant la compétition, au moyen d'une trappe spécialement conçue. Un scénario digne de James Bond dans le monde du sport. Les Russes iront à Rio... sous certaines conditions C'est une volte-face qui fait grand bruit. Suite à la publication du rapport McLaren, le Comité International Olympique (CIO) a d'abord décidé d'exclure les sportifs russes des J.O. de Rio, devant l'ampleur du scandale. Puis, dimanche dernier, le CIO est revenu sur ses positions, autorisant chaque fédération internationale à faire le tri au cas par cas et selon des critères bien particuliers. Ainsi, les sportifs russes devront avoir été testés par des organismes accrédités par l'AMA opérant hors de Russie, et ne devront jamais avoir été condamné pour dopage par le passé. Une décision qui implique une multiplication de cas complexes, et surtout très favorable à la Russie. Le sulfureux ministre des Sports Vitali Moutko s'est ainsi félicité d'une décision «adoptée dans l'intérêt du monde sportif et pour l'unité de la famille olympique». De son côté, l'AMA déplore cette situation, rappelant que si le CIO avait suivi sa recommandation d'exclure la Russie, «cela aurait assuré une approche claire, forte et harmonisée». Il y a fort à parier que ce n'est là que le début du feuilleton. Quelles conséquences pour les JO ? Voilà une affaire dont les J.O. de Rio se seraient bien passés. Dès 2014, John Coates déclarait que la préparation des Jeux était «la pire» qu'il ait jamais vue. Si les Brésiliens ont su en partie se rattraper depuis, le pays reste touché par un scandale politique énorme, avec une contestation sociale forte, des affaires de corruption à grande échelle, la démission de la présidente Dilma Roussef, et une menace pour la démocratie dénoncée par de nombreux observateurs. Enfin, 12 personnes ont été arrêtées ces derniers jours, soupçonnées de vouloir commettre un attentat pendant les Jeux. Elles sont affiliées à l'Etat Islamique, qui est visiblement décidé à étendre le champ de ses atrocités. Plusieurs centaines de personnes sont en outre sous la surveillance de la police brésilienne. Au-delà du plan sportif, le Brésil va avoir de grands défis à relever cet été.