Wall Street, qui a continué à battre des records cette semaine, toujours dopée par l'élection de Donald Trump, va décortiquer tous les indices sur l'état de santé de l'économie américaine. L'indice vedette Dow Jones a pour la première fois de son histoire franchi la barre symbolique des 19.000 points mardi, et fini la semaine avec un nouveau record à 19.152,14 points soit une progression de 1,51% par rapport au week-end précédent. Le Nasdaq, à dominante technologique, a pris 1,46% à 5.398,92 points et l'indice élargi S&P500 1,44% à 2.213,35 points, tous deux également à des niveaux jamais vus. "Les prévisions s'améliorent principalement parce que tout le monde essaie de mesurer l'impact sur l'économie et sur les résultats d'entreprises d'une politique de relance conséquente sous la forme de réduction d'impôts et d'augmentation des dépenses", a résumé Hughes Johnson de Hughes Johnson Advisors. Cet exercice, difficile en l'absence de détails sur les mesures promises par Donald Trump pendant la campagne, a continué à alimenter le mouvement de hausse consécutif à son élection au cours d'une semaine amputée d'une séance, jeudi étant férié pour Thanksgiving aux Etats-Unis. "De nombreux gestionnaires de fonds d'investissements n'étaient pas positionnés sur les entreprises qui ont bondi (après l'élection) et ils essaient de se rattraper depuis plus de deux semaines et je ne pense pas que ce mouvement va ralentir", a indiqué Michael James de Wedbush Securities. Dans les semaines à venir, les nominations, que le futur président américain devrait annoncer aux postes clefs pour le secteur économique, seront perçues comme autant d'indices sur les politiques qu'il entend mener. "Ce sera un test très important (...) pour conforter des investisseurs qui espèrent qu'il y aura un programme de relance mais sans l'aspect protectionniste au niveau du commerce, qui pourrait être ressenti de manière très négative", a jugé Gregori Volokhine de Meeschaert. Au-delà de la politique américaine, "nous avons besoin de quelque chose d'autre pour continuer à monter", a indiqué Tom Cahill, jugeant que cela pourrait venir en partie de "la croissance américaine". Consommation Après la hausse plus forte que prévu du moral des ménages cette semaine, selon l'indicateur de l'Université du Michigan, les investisseurs souhaitent voir confirmer ces signes de bonne santé de la consommation, moteur de l'économie américaine. A ce titre, ils attendent d'y voir plus clair sur les ventes pour la période du "vendredi noir" (Black Friday), pendant laquelle les promotions et surtout les ventes sont très importantes aux Etats-Unis. "Le +vendredi noir+ est l'un des jours les plus importants de tout le calendrier dans le commerce de détail et ce week-end sera crucial pour se faire une idée sur la fin de l'année pour les titres du secteur du commerce de détail ou liés à la consommation", a expliqué Michael James. Plus largement, la semaine sera riche en indicateurs économiques et les analystes espèrent notamment que la croissance américaine au troisième trimestre sera légèrement révisée à la hausse lors de la publication de la deuxième estimation du PIB mardi. Vendredi, les chiffres de l'emploi au mois de novembre retiendront l'attention, d'autant plus qu'il s'agira de leur dernière publication mensuelle avant la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) les 13 et 14 décembre. A ce sujet, le marché anticipe un relèvement des taux en décembre et s'interroge désormais sur le rythme des hausses des taux au cours de l'année 2017. Face à l'obstacle des taux Dopé par l'élection de Donald Trump, le Dow Jones, indice vedette de Wall Street, a dépassé 19 000 points pour la première fois cette semaine, mais des doutes surgissent sur sa résistance à de futures hausses de taux par la Réserve fédérale (Fed). L'espoir de voir le futur président mettre en place une politique de relance budgétaire, ainsi que des réglementations moins contraignantes pour les banques et le secteur de la santé, a sorti la Bourse de New York de la léthargie où elle se trouvait depuis mi-juillet, lui permettant de franchir ce seuil symbolique. Composé des 30 valeurs phares de Wall Street, première place boursière au monde, le Dow Jones Industrial Average aura attendu près de deux ans pour réaliser les 5,55% de hausse qui le séparaient de sa précédente marque à 18'000 points, franchie le 23 décembre 2014 sous un ciel paraissant alors plus dégagé. De nombreux analystes doutent en effet maintenant de sa capacité à monter beaucoup plus haut dans les mois à venir. "C'est une belle histoire: nous arriverions enfin à moment où une bonne politique va sortir l'économie américaine de son malaise et où la Réserve fédérale (Fed) n'aurait plus à agir de manière accommodante... Mais c'est plus de l'espoir que la réalité", a expliqué Peter Cecchini de Cantor Fitzgerald. Si les investisseurs semblent s'être largement résignés à un relèvement des taux en décembre, qui serait le premier de l'année, ils s'interrogent sur le rythme des hausses au-delà et sur leur impact sur la croissance et sur les marchés d'actions. "Le marché bénéficie de taux bas comme on l'a vu depuis maintenant plusieurs années, donc si la Fed indique qu'elle prévoit plusieurs hausses des taux en 2017, cela pourrait être perçu comme négatif", a indiqué David Levy de Ventura Wealth Management. Une remontée des taux enlèverait à Wall Street son principal carburant, les rendements obligataires redevenant attractifs pour les investisseurs qui pourraient décider de réorienter une partie de leurs actifs placés sur les marchés d'actions vers le marché de la dette. Résultats d'entreprises convalescents Pour le moment, le marché obligataire a certes réagi par la négative à l'élection de M. Trump en chutant face au risque d'accélération de l'inflation, mais, à plus long terme, les paris semblent délicats vu le flou maintenu par le futur chef d'Etat sur nombre de propositions. "Il est très difficile de faire des prévisions", a continué Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors. "On ne sait pas quelle part du plan de relance va être approuvé et quand cela va commencer à avoir un impact sur l'économie et sur les résultats d'entreprises", a-t-il détaillé. Donald Trump devra en effet faire avaliser ses mesures par un Congrès, certes républicain mais généralement peu enclin à laisser filer les déficits. De plus, le spectre d'une guerre commerciale, éclipsé jusque-là par le plan de relance promis pendant la campagne, pourrait revenir faire frémir une Bourse de New York favorable au libre-échange. Au cours de la campagne, Donald Trump s'était montré très virulent envers deux partenaires commerciaux des Etats-Unis, la Chine et le Mexique, et a annoncé lundi vouloir engager dès sa prise de fonctions le retrait des Etats-Unis du traité commercial trans-pacifique (TPP), signé par 12 pays de la région à l'exclusion de la Chine. Quant à la santé des entreprises, le déclin des résultats a été enrayé au troisième trimestre mais leur croissance semble fragile à nombre d'analystes en particulier dans la perspective d'un resserrement monétaire. La hausse du dollar depuis l'élection de Donald Trump risque également de ne pas les favoriser sur leurs marchés à l'exportation. "Rien ne s'est vraiment amélioré", a jugé Peter Cecchini, évoquant plus largement la croissance de l'économie mondiale et prévenant qu'une "bonne part de l'optimisme que l'on éprouve en ce moment va s'évaporer". Une séance calme et raccourcie Wall Street a réussi à battre des records vendredi à l'issue d'une séance très calme et raccourcie de moitié après Thanksgiving, attentive au secteur de la distribution pour le "Black Friday": le Dow Jones a pris 0,36%, et le Nasdaq 0,34%. "La Bourse américaine a signé de nouveaux records lors d'une séance raccourcie au lendemain d'un jour férié pour Thanksgiving, ont résumé dans une note les experts de la maison de courtage Charles Schwab. Beaucoup d'investisseurs faisant le pont, la séance n'a logiquement marqué aucun bouleversement sur des marchés américains qui marquent des records depuis deux semaines et demie à la suite de l'élection inattendue du républicain Donald Trump à la présidence américaine. "Aucun élément négatif n'est de nature à altérer cette ambiance positive", ont écrit les experts de Briefing. "Aujourd'hui (vendredi), il vaut mieux aller faire du shopping." De fait, le lendemain de Thanksgiving ("Black Friday") est l'occasion de soldes importantes et c'était probablement sur ce terrain-là que les quelques investisseurs présents à Wall Street sont allés chercher des élements. "La Bourse s'est concentrée sur le secteur de la distribution", ont souligné les experts de Charles Schwab. Amazon stagne Parmi les grands acteurs classiques de la distribution américaine, les supermarchés Wal-Mart et Target ont respectivement pris 0,56% à 71,23 dollars et 0,17% à 78,61 dollars. En revanche, d'autres chaînes de magasins ont nettement marqué le pas, comme J.C. Penney (-1,43% à 9,68 dollars), Macy's (-1,71% à dollars) et Nordstrom (-1,16% à 57,85 dollars). Les sites de commerce en ligne, qui ont pris d'importantes parts de marché aux distributeurs traditionnels ces dernières années, étaient aussi sur le devant de la scène. Amazon a avancé de 0,03% à 780,37 dollars et le chinois Alibaba a reculé de 0,02% à 93,01 dollars sur sa cotation new-yorkaise. Parmi les autres valeurs du jour, le groupe de produits pharmaceutiques et d'hygiène Johnson and Johnson a gagné 0,94% à 114,13 dollars après avoir confirmé qu'il avait approché la société suisse Actelion, plus grosse société biopharmaceutique en Europe en vue d'une éventuelle acquisition.