Les cours du pétrole étaient en hausse mercredi en Asie, portés par un affaiblissement du billet vert victime de déclarations de Donald Trump. Vers 03H20 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, prenait 13 cents, à 52,61 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le prix du baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, gagnait 15 cents, à 55,62 dollars. Le billet vert s'affaiblissait face à la plupart des monnaies, souffrant de propos du futur président américain Donald Trump qui l'a jugé "trop fort". Le repli du dollar rend mécaniquement moins onéreux le pétrole, libellé dans cette monnaie, pour les investisseurs munis d'autres devises, incités à des achats d'opportunité. La baisse du dollar "a pour conséquence que le pétrole paraît plus fort qu'il ne l'est réellement", a commenté Alex Furber, analyste chez CMC Markets. "Potentiellement, le marché est plutôt baissier", a-t-il jugé, citant des inquiétudes sur une augmentation de la production de pétrole de schiste américain qui pourrait contrebalancer l'impact des accords de réduction conclu par l'Opep en son sein et avec des pays extérieurs. La surabondance de l'offre mondiale avait fait dégringoler les cours de leurs sommets à plus de 100 dollars le baril atteints en juin 2014. Jeffrey Halley, analyste chez OANDA, relève aussi que les investisseurs attendent la publication jeudi des chiffres du ministère américain de l'Energie sur les stocks américains de brut, qui permettent d'évaluer l'état de la demande chez le plus gros consommateur de brut mondial. "Sauf nouveaux commentaires de Trump facteurs de baisse, l'attention va se focaliser" sur les stocks, a-t-il dit. Du sur-place Les cours pétroliers ont terminé en très légère hausse mardi à New York, mais en baisse à Londres, aidés par un accès de faiblesse du dollar mais les investisseurs sont restés prudents après la hausse consécutive aux accords de limitation de la production. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a avancé de 11 cents à 52,48 dollars sur le contrat pour livraison en février au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a en revanche concédé 39 cents à 55,47 dollars sur le contrat pour livraison en mars à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Je pense que la faiblesse du dollar joue un rôle", a avancé Carl Larry de Frost & Sullivan. Le billet vert s'affaiblissait nettement mardi face à la plupart des monnaies, souffrant notamment des propos du futur président américain Donald Trump, au Wall Street Journal pendant le week-end, le jugeant "trop fort". Ce repli du billet vert rend mécaniquement le pétrole, libellé dans cette monnaie, moins onéreux pour les opérateurs utilisant d'autres devises, les poussant à des achats d'opportunité. Concernant l'offre, des nouvelles contradictoires ont renforcé la volatilité des cours mardi. "Il y a eu des informations indiquant que l'Irak avait réduit quelque peu sa production mais ensuite j'ai vu un article faisant état d'une hausse de la production libyenne", a rapporté Kyle Cooper de IAF Advisors. La Libye, même si elle est membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a été exonérée des accords de réduction de la production conclus par le cartel à la fois en son sein et avec des pays extérieurs, notamment la Russie. Ces accords avaient fait bondir le prix du baril au cours des derniers mois de 2016 mais depuis le début de l'année le brut se montre très hésitant dans l'attente de savoir si les pays producteurs appliquent réellement ces pactes entrés en vigueur le 1er janvier. Ajoutant encore à la prudence des investisseurs, le ministre de l'Energie de l'Arabie saoudite, membre dominant de l'Opep, a tenu des propos à double tranchant lundi. D'une part, il a "exprimé sa satisfaction (...) sur l'application jusque-là des réductions décidées, indiquant que son pays continuerait à adhérer scrupuleusement à la réduction de l'offre", ont rapporté les analystes de Commerzbank dans une note. Mais il a d'autre part estimé qu'il ne serait "probablement pas" nécessaire de prolonger ces accords de réduction de l'offre au-delà de leur période initiale de six mois. "Nous pensons que les saoudiens essaient à la fois d'encourager les cours en racontant comment les producteurs ont réduit l'offre, au-delà même de leurs engagements, mais sans déclencher une réponse forte des pays extérieurs au cartel dans la perspective d'un marché plus solide", a analysé Tim Evans dans une note. Le cartel pétrolier craint en effet que les acteurs n'ayant pas pris part aux accords, notamment les Etats-Unis, n'anticipent un prix du baril durablement élevé et ne se décident à relancer leur production, anéantissant ses efforts de limitation de l'offre pour faire remonter les cours et menaçant ses parts de marché. Les investisseurs prendront notamment connaissance cette semaine des rapports mensuels de l'Opep et l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). Quant aux chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE), ils seront publiés jeudi, et non mercredi comme d'habitude, en raison d'un jour férié en début de semaine aux Etats-unis. Le prix pourrait se stabiliser Le pétrole devrait se stabiliser entre 50 et 60 dollars le baril cette année si la limitation de la production est respectée, mais une reprise rapide de la production américaine d'hydrocarbures de schiste pourrait à nouveau peser sur le marché, a estimé l'IFP EN mardi. L'organisme français de recherche IFP Energies nouvelles (IFP EN) a établi deux scénarios de prix pour le baril d'or noir en 2017, a expliqué son président, Didier Houssin, lors d'une conférence de presse. Le premier consiste en un scénario "haut" entre 50 et 60 dollars le baril, une situation qui prévaut actuellement et suppose "un bon respect" de l'accord conclu fin novembre par l'Opep et d'autres pays producteurs pour limiter leur production et permettre aux cours de se redresser, après une chute liée à un excédent d'offre depuis mi-2014. L'Opep s'est fixé un objectif de production de 32,5 mbj pour six mois à compter de janvier, tandis que ses pays partenaires devraient réduire leur production de 558.000 barils par jour. Ces efforts sur la production font suite à une précédente stratégie d'inondation du marché pour concurrencer le pétrole de schiste américain. "Le scénario bas est lié à une reprise plus rapide de la production américaine (de pétrole de schiste) et on pourrait revenir à des niveaux de 40 à 50 dollars", a détaillé M. Houssin, tout en soulignant que l'impact de la remontée des prix sur cette production demeurait "la principale incertitude aujourd'hui". Malgré les gains de compétitivité réalisés en période de vache maigre et la reprise des forages fin 2016, "le rythme de croissance de la production risque de se heurter à un certain nombre de goulots d'étranglement" comme la capacité à remobiliser du personnel après des licenciements massifs et une situation de quasi plein emploi ou l'indisponibilité d'appareils de forage, a-t-il précisé. Si le baril se situe dans la fourchette haute, les investissements en exploration-production devrait croître de 5% à 415 milliards de dollars en 2017, après deux années de forte baisse liée à la faiblesse de l'or noir, selon l'IFP EN.