Les stocks de pétrole brut ont, de manière inattendue, légèrement progressé aux Etats-Unis, selon les chiffres hebdomadaires publiés jeudi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 13 janvier, les réserves commerciales de brut ont augmenté de 2,3 millions de barils, pour atteindre 485,5 millions, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient de façon médiane sur un léger recul, de 1 million de barils. La hausse annoncée par le DoE vient également contredire les estimations de la fédération privée American Petroleum Institute (API), publiées comme chaque semaine à la veille des chiffres officiels. Le DoE a aussi fait part d'une progression de 6 millions de barils des réserves d'essence, alors que les experts compilés par Bloomberg ne s'attendaient qu'à une hausse de 2 millions. De leur côté, toujours selon les données du DoE, les stocks de produits distillés (fioul de chauffage, gazole etc.) ont en revanche reculé d'un million tandis que les analystes de Bloomberg comptaient sur une hausse de 1,5 million de barils.
Le pétrole termine en nette hausse avant le comité de surveillance de l'Opep Les cours du pétrole ont nettement monté vendredi à New York, repassant même de justesse dans le vert sur la semaine, avant une réunion du comité de surveillance des accords de réduction de l'offre conclus par l'Opep et ses partenaires. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a progressé de 1,05 dollar à 52,42 dollars sur le contrat pour livraison en février au New York Mercantile Exchange (Nymex), dont c'était le dernier jour de cotation. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a pris 1,33 dollar à 55,49 dollars sur le contrat pour livraison en mars à l'Intercontinental Exchange (ICE). "On s'attend à avoir des propos encourageants de la part de l'Opep pendant le week-end", a estimé John Kilduff de Again Capital. Cela a suffi à orienter à la hausse un marché qui s'est montré hésitant toute la semaine, le baril s'adjugeant finalement 5 cents par rapport au vendredi précédent. "Même si les cours sont de retour dans le milieu de leur fourchette de prix, nous remarquons que le marché évolue en dents de scie depuis qu'il est arrivé à ce niveau" dans la foulée de l'annonce fin 2016 des accords de réduction de l'offre, a indiqué Tim Evans de Citi dans une note. Entrés en vigueur le 1er janvier pour une période initiale de six mois, les deux accords de limitation de la production conclus par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'un en son sein et l'autre avec ses alliés dont la Russie, ont pour objectif de rééquilibrer le marché et de faire remonter le prix du baril. Un comité de surveillance se réunira ce week-end à Vienne pour vérifier que les pays engagés respectent leurs quotas de production. "Le respect des accords est bon", a estimé James Williams de WTRG avant de prévenir: "c'est la norme pour le premier mois de ce type d'accord, au bout de trois mois la triche deviendra alors visible".
Pétrole de schiste américain Au delà du cartel et de ses alliés, les investisseurs s'inquiètent d'une reprise de la production aux Etats-Unis. Ils craignent qu'à la faveur de prix plus élevés, les extractions de pétrole de schiste aux Etats-Unis ne soient relancées, ce pays n'ayant pris aucun engagement de réduction de l'offre. "La réaction des producteurs américains pourrait à nouveau déséquilibrer le marché au quatrième trimestre 2017", ont prévenu les analystes de Natixis. A ce sujet, le groupe privé Baker Hughes a constaté vendredi une forte augmentation des puits pétroliers sur la semaine aux Etats-Unis, ce qui est généralement considéré comme un indicateur anticipé d'une augmentation de la production. Depuis maintenant six mois, le nombre de forages américains est orienté à la hausse. "Je ne pense pas que la hausse des cours vendredi va tenir", a estimé Michael James à la lueur de ces données. Sans éclipser la problématique de l'offre, les perspectives concernant la demande semblent légèrement plus favorables aux analystes à New York, notamment avec des espoirs d'une accélération de la croissance américaine grâce aux mesures du nouveau président Donald Trump. Par ailleurs, "on continue à bénéficier de bons indicateurs économiques chinois", a relevé John Kilduff. Même si la croissance de la Chine s'essouffle, elle s'est affichée à 6,7% l'an dernier avec un sursaut au dernier trimestre, ce qui a semblé rassurer les investisseurs du marché de l'or noir sur l'état de santé du deuxième consommateur de pétrole, derrière les Etats-Unis. Ils étaient encouragés en cela par des données sur l'activité des raffineries chinoises en décembre. "Il s'agit d'un record et cela montre la vigueur de la deuxième économie mondiale, ce qui soutient les cours", ont commenté les analystes de PVM. Farida B.