Le nouveau président américain Donald Trump a affirmé vendredi qu'il tenait à mettre à présent "l'Amérique d'abord, et seulement l'Amérique", lors d'un discours d'investiture à la tonalité très offensive juste après sa prestation de serment au Capitole à Washington. "Nous nous sommes réunis aujourd'hui et nous décrétons pour être entendus dans chaque ville, chaque capitale étrangère et dans chaque lieu de pouvoir qu'à compter d'aujourd'hui une nouvelle vision prévaudra dans notre pays: ce sera l'Amérique d'abord et seulement l'Amérique", a lancé le 45e président des Etats-Unis. "Ensemble nous allons rendre à l'Amérique sa force. Nous allons rendre à l'Amérique sa prospérité. Nous allons rendre à l'Amérique sa fierté. Nous allons rendre à l'Amérique sa sécurité. Et oui, ensemble, nous allons rendre à l'Amérique sa grandeur", a martelé Donald Trump, reprenant son slogan de campagne. "Une nouvelle fierté nationale va élever nos regards et guérir nos divisions", a-t-il encore déclaré. Au plan économique, "nous allons suivre deux règles simples: acheter américain, embaucher américain", a souligné M. Trump. Le nouveau président des Etats-Unis s'est aussi engagé à ce que sa présidence montre la voie "pour l'Amérique et pour le monde" pour des années". Dans un discours politique combatif d'une quinzaine de minutes, juste après avoir prêté serment sur la bible, le 45e président des Etats-Unis a également promis de "renforcer les vieilles alliances et d'en forger de nouvelles", tout en déplorant que depuis des années l'Amérique ait "subventionné les armées d'autres pays", sans dire toutefois à quels Etats étrangers il faisait référence. Le milliardaire républicain a par ailleurs promis d'"éradiquer" le "terrorisme islamique radical". Nous allons "unifier le monde civilisé contre le terrorisme islamique radical, que nous allons éradiquer complètement de la surface de la Terre", a-t-il déclaré sous les applaudissements de plusieurs centaines de milliers de personnes.
Renforcer les alliances Les deux premiers membres de l'administration Trump à pouvoir prendre leurs fonctions sont les anciens généraux James Mattis et John Kelly, respectivement secrétaire à la Défense et secrétaire à la sécurité intérieure. Le Sénat américain a confirmé les deux hommes vendredi par respectivement 98 voix pour et une voix contre pour le général Mattis, et 88 voix contre 11 pour le général Kelly, qui aura notamment à s'occuper de la question sensible du contrôle des frontières. "Ensemble, avec la communauté du Renseignement, nous sommes les sentinelles et les gardiens de notre nation" a déclaré M. Mattis dans un communiqué. "Parce qu'aucune nation n'est en sécurité sans amis, nous travaillerons avec le Département d'Etat pour renforcer nos alliances", a t-il ajouté, se voulant rassurant après les récents propos de Donald Trump qui avait qualifié l'OTAN d'alliance militaire "obsolète". Le président Trump a salué dans un communiqué la nomination des deux premiers membres de son administration, et appelé le Sénat à ne pas retarder le processus de confirmation et à voter rapidement sur les autres nominés. "J'appelle les membres du Sénat à remplir leurs obligations constitutionnelles et à rapidement confirmer le reste des membres hautement qualifiés de mon équipe, pour que nous nous mettions sans délai au travail au service du peuple américain ", a-t-il déclaré dans un communiqué. Tant le général Mattis que le général Kelly, des chefs militaires très respectés issus du corps des Marines, n'ont eu aucune difficulté à obtenir la confirmation des sénateurs. Alors que le président Trump inquiète beaucoup de responsables américains, démocrates ou républicains, par ses appels du pied à Moscou, le général Mattis les a rassurés en affichant sa méfiance à l'égard de la Russie. Il a aussi rendu un hommage appuyé aux agences de renseignement, publiquement critiquées par le nouveau président. "Nous comptons sur vous" pour "exprimer votre opinion, même si d'autres sont en désaccord avec vous, même si on veut que vous restiez silencieux", lui avait dit la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. A la tête du Département of Homeland Security (DHS), John Kelly aura pour missions d'assurer le contrôle des frontières extérieures des Etats-Unis, de l'immigration et des naturalisations et sera en charge de la sécurité intérieure. Un troisième ancien général fait partie de l'administration Trump: le général Michael Flynn, ancien chef du renseignement militaire américain, a été nommé conseiller à la sécurité nationale. Ce poste ne nécessite pas de confirmation par le Sénat. Avec le département de la Défense, le général Mattis prend la barre d'une immense administration employant 2 millions de personnes, dont 1,3 million de militaires en activité, et dont le budget annuel approche les 600 milliards de dollars.
La Maison-Blanche a déjà publié sur son site un document exposant le cadre général de la politique de défense de M. Trump Il veut ainsi "reconstruire l'armée américaine" en faisant sauter les coupes budgétaires automatiques qui limitent la croissance des dépenses. "Nous ne pouvons laisser d'autres nations surpasser nos capacités militaires", indique l'exécutif américain. Le président Trump veut également augmenter les capacités de la défense anti-missile américaine face aux menaces balistiques nord-coréenne et iranienne.
May confiante en l'avenir des relations avec Washington Dans un entretien au Financial Times, la Première ministre britannique Theresa May s'est dite certaine vendredi que Donald Trump "reconnaît l'importance de l'Otan", après que le nouveau président des Etats-Unis a qualifié d'"obsolète" l'Alliance atlantique. "Je suis également confiante que les Etats-Unis reconnaîtront l'importance de la coopération que nous avons en Europe pour assurer notre défense et notre sécurité collective", a ajouté Mme May. Dans un entretien paru dimanche, M. Trump avait qualifié l'Alliance atlantique d'"obsolète", notamment "parce qu'elle ne s'est pas occupée du terrorisme". Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg avait rejeté les critiques de Donald Trump: "L'Otan est déjà engagée de façon forte dans le combat contre le terrorisme international", avait-il déclaré. "Je suis absolument sûr que les Etats-Unis vont continuer à garantir sans réserve" leur engagement au sein de l'Otan, avait poursuivi M. Stoltenberg. M. Trump "m'a dit (...) de façon très claire que les Etats-Unis allaient continuer à se sentir engagés avec l'Otan". Dans son discours d'investiture vendredi, le 45e président des Etats-Unis a promis de "renforcer les vieilles alliances" et d'"en forger de nouvelles". Dans son interview au Financial Times, Mme May s'est également déclarée confiante en l'avenir des relations entre Londres et Washington pendant la présidence de Donald Trump. "Des conversations que nous avons déjà eues, je retire la conviction que nous sommes tous deux déterminés à faire progresser la relation spéciale entre nos deux pays et à travailler pour la prospérité et la sécurité de nos peuples des deux côtés de l'Atlantique", a-t-elle dit. "Je me réjouis de discuter de ces questions et d'autres sujets lorsque nous nous rencontrerons à Washington", a-t-elle ajouté. Theresa May devrait rencontrer Donald Trump au printemps lors d'une visite officielle à Washington, selon Downing Street. Le Financial Times affirme que la rencontre pourrait avoir lieu dès le mois février.