La décision prise par l'Opep, vendredi, de maintenir à l'identique sa production jusqu'au mois de mars, se semble pas être du goût des pays consommateurs. En effet, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui représente les intérêts énergétiques de ces pays, a accusé tacitement l'Opep d'accentuer les "pressions" sur une économie mondiale déjà vulnérable en refusant de produire plus pour faire baisser les prix de l'or noir. Pour rappel, l'organisation a décidé de maintenir la production officielle à 29, 67 millions de barils jusqu'à la prochaine conférence ministérielle en mars, déclarant que "l'actuelle production de l'Opep est suffisante pour répondre à la demande attendue pour le premier trimestre de l'année" étant donné la situation actuelle et le ralentissement prévu de l'économie. L'AIE, pour sa part a estimé, dans un communiqué vendredi, que le niveau actuel de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui se situe à 29,76 millions de barils par jour, ne sera peut-être pas suffisant pour répondre à la demande estivale. A relever qu'au moment où l'Opep fait référence au premier trimestre, l'AIE anticipe dans son estimation sur la demande estivale. Elle reproche donc à l'Opep sa prudence quant à l'impact du ralentissement économique en cours sur la demande pétrolière, estimant que ce dernier n'est pas encore clair et il n'est pas certain que l'offre actuelle de l'Opep "jusqu'à la fin du deuxième trimestre soit suffisante pour permettre aux stocks de se reconstituer" et retrouver leurs niveaux confortables de l'an dernier. En d'autres termes, si l'Opep affirme que le marché est bien approvisionné, l'AIE s'inquiète pour les stocks des pays qu'elle défend. Selon elle, il est "important que les stocks soient suffisamment reconstitués pour assurer un approvisionnement suffisant pour les mois d'été et pour l'hiver". Considérant que la décision de l'Organisation ne fait rien pour aider une économie mondiale en difficulté, l'agence a conclut que "l'économie n'a pas besoin de pressions supplémentaires sur le pouvoir d'achat des consommateurs et donc sur la croissance par l'intermédiaire de prix pétroliers quasi records". Le raccourci est vite trouvé pour pointer le doigt accusateur vers l'Opep quant à la flambée des prix. Pourtant, de l'avis de tous les acteurs du marché pétrolier, le prix affiché ne reflète pas seulement le croisement des courbes de l'offre et de la demande. Il dépend de plusieurs paramètres tels que le contexte géopolitique ou, comme c'est le cas récemment, la baisse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine. Par ailleurs, "une hausse de la production ne changerait rien ni aux turbulences sur les marchés financiers ni aux prix", a estimé le président de l'Opep, M. Chakib Khelil. Contrairement à l'AIE, M. Khelil a indiqué qu'il n'est pas inquiet quant aux perspectives du marché pétrolier mondial. "Tout d'abord, les stocks sont à un bon niveau", a-t-il fait valoir, rappelant que "c'est, d'ailleurs, le niveau élevé des réserves disponibles de pétrole qui a permis de soutenir la forte croissance de l'économie mondiale ces dernières années". Les prix pétroliers ont atteint un record historique à 100,09 dollars le baril début janvier. Ils se sont nettement repliés depuis. Ce repli des prix est essentiellement dû aux investisseurs qui craignent que le ralentissement américain ne freine la demande pétrolière du premier consommateur mondial.