Les cours du pétrole ont légèrement baissé lundi à l'issue d'une séance incertaine, subissant notamment le coup d'une reprise de la production en Libye. Le prix du "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a perdu 36 cents à 50,24 dollars sur le contrat pour livraison en mai au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du Brent de la mer du Nord a cédé 41 cents à 53,12 dollars sur le contrat pour livraison en mai à l'InterContinental Exchange (ICE). "Le rebond des cours cale, après les avoir ramenés à plus de 50 dollars" à New York, a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy. Le mois de mars a été agité pour le marché qui s'est d'abord écroulé, sur fond d'un regain de pessimisme sur une résorption de l'excès d'offre, puis partiellement remis lors des dernières séances. Le principal sujet d'incertitudes reste l'avenir des accords de baisse de l'offre, mis en oeuvre depuis janvier par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), au moment où des membres du cartel semblent prudemment signaler une prolongation de ces pactes au-delà de leur expiration fin juin. "On s'attend à ce que les baisses de production soient prolongées, (...) mais le marché ne semble plus vouloir prendre de risque sur le sujet", a expliqué M. McGillian. "Tant que l'on n'aura pas pris connaissance de quelque chose de définitif, on risque de continuer à évoluer sans direction." En attendant, les investisseurs ont digéré des éléments plus ponctuels avec, en premier lieu, la perspective a priori défavorable d'un rebond de la production libyenne. "On voit revenir sur le marché du pétrole libyen, dont la production avait été interrompue la semaine dernière", a remarqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les troubles en Libye, membre de l'Opep et victime d'une guerre civile entre de multiples autorités concurrentes, avaient contribué à la reprise du marché fin mars.
Soutien de l'industrie "Le gisement pétrolier d'al-Charara, dont la production atteignait récemment 221 000 barils par jour (bj) et la capacité est de 330.000 bj, a repris son activité pour la première fois depuis une semaine, ce qui contribue à déprimer le sentiment général sur le marché", a écrit Tim Evans de Citi. Si la Libye est loin d'être un producteur majeur au sein de l'Opep, comme l'Arabie saoudite ou l'Irak, le marché se montre actuellement sensible aux fluctuations locales de la production, les observateurs soulignant que cela s'inscrit dans un contexte de réserves élevées. "On continue à observer des stocks élevés à travers le monde, tandis que la production augmente toujours aux Etats-Unis", a rappelé M. McGillian. Juste avant le week-end, les investisseurs avaient une nouvelle fois pris connaissance d'une hausse hebdomadaire du nombre de puits actifs aux Etats-Unis, d'après le groupe Baker Hughes. Cet indicateur avancé de la production n'est guère engageant puisque les compagnies américaines ont déjà considérablement fait repartir leur activité cette année, les Etats-Unis n'étant pas impliqués par les accords de baisse de l'offre. En revanche, du côté de la demande, "des chiffres sur l'industrie se sont révélés encourageants à travers le monde", a remarqué M. Evans. L'activité manufacturière s'est ralentie en mars aux Etats-Unis, mais moins que prévu, et elle a accéléré dans la zone euro et en Chine. "En général, l'économie mondiale reste sur la voie d'une croissance persistante en 2017, ce qui devrait soutenir la demande sur le marché du pétrole", a conclu M. Evans.