Les Etats-Unis ont fait reculer le processus de paix syrien cinq ans en arrière en attaquant l'aérodrome de Shayrat. C'est ce qu'a déclaré la Délégation de Damas aux négociations de Genève, dont les représentants ont aussi exprimé leur réticence à participer au prochain cycle de négociations si Washington continuait de proférer des menaces contre les autorités syriennes. D'après les experts, par leurs agissements les USA ont donné à certains l'espoir que le conflit pouvait être réglé par la voie militaire, ce dont les opposants syriens n'ont pas hésité à profiter. "La Syrie doute que le nouveau cycle de dialogue prévu à Genève en mai se tienne comme prévu", a déclaré Mohammed Khaïr al-Akkam, membre de la délégation gouvernementale syrienne aux négociations. Cette information a été confirmée par ses collègues de la délégation. "La récente agression américaine a créé des conditions qui ne contribuent pas au développement du dialogue inter-syrien. Nous ne pouvons pas accepter de poursuivre les négociations quand Washington menace de poursuivre les frappes. Les Américains n'avaient qu'un seul but: faire reculer le processus cinq ans en arrière, quand la guerre contre la Syrie ne faisait que commencer et qu'il n'y avait aucune prémisse au dialogue. Les agissements des USA correspondent entièrement aux intérêts des rebelles qui souhaitent prendre le pouvoir uniquement par la force", a déclaré Mohammed Khaïr al-Akkam. Moscou a également noté que les actions des Etats-Unis portaient atteinte au processus de paix en Syrie. Cette position a été exprimée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le 14 avril après son entretien avec ses homologues iranien Mohammad Javad Zarif et syrien Walid Mouallem. "Ces actes agressifs visent manifestement à saper le processus de paix prévu par la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée à l'unanimité et qui suppose que seul le peuple syrien doit décider du sort de la Syrie", a déclaré Sergueï Lavrov. Et d'ajouter: "Cette action vise visiblement à s'écarter de ce concept de base et à trouver de nouveaux prétextes pour opérer un changement de régime". Rappelons que les USA ont tiré des missiles de croisière contre l'aérodrome de Shayrat d'où, selon des déclarations infondées du Pentagone, l'aviation syrienne aurait décollé le 4 avril pour attaquer la ville de Shayrat, dans la province d'Idleb, en faisant usage de l'arme chimique. La Russie a qualifié les agissements des Américains de violation de la Charte de l'Onu et de la souveraineté de Damas. Comme l'a déclaré le président russe Vladimir Poutine, la mort de personnes à cause de produits militaires toxiques pourrait s'expliquer soit par l'explosion d'un missile dans un entrepôt d'armes chimiques, soit par une provocation. Les frappes des USA ont servi de prétexte pour intensifier les activités militaires en Syrie. Des affrontements entre les forces gouvernementales et l'opposition armée ont lieu dans différentes provinces, notamment de Damas, d'Alep et d'Idleb. On pourrait parler de succès si le prochain cycle de négociations à Genève se tenait en mai. Cependant, il semble plus probable que, désormais, l'opposition mènera des activités militaires bien plus intenses en attendant avec impatience - voire en organisant elle-même - de nouvelles provocations.